RRI Live!

Écoutez Radio Roumanie Internationale en direct

La lutte pour la paix

La paix a été un thème privilégié de la propagande communiste, sans doute pour mettre en défaut son adversaire, le capitalisme, sorte de va-t-en-guerre. Déjà dans leurs écrits, les théoriciens du marxisme-léninisme postulaient le pacifisme axiologique du prolétariat opprimé, au contraire des propriétaires, entichés du conflit sous quelque forme que ce soit. Le schéma, à la fois confus et réducteur, appelait à la révolution mondiale pour changer le monde, tout en appelant à la violence pour liquider, au sens propre du terme, la bourgeoisie et conquérir le pouvoir afin d’instaurer la paix éternelle sur la terre. Mais la victoire du bolchévisme en 1917 n’a apporté la paix, loin s’en faut.

La lutte pour la paix
La lutte pour la paix

, 25.03.2019, 12:13

La paix a été un thème privilégié de la propagande communiste, sans doute pour mettre en défaut son adversaire, le capitalisme, sorte de va-t-en-guerre. Déjà dans leurs écrits, les théoriciens du marxisme-léninisme postulaient le pacifisme axiologique du prolétariat opprimé, au contraire des propriétaires, entichés du conflit sous quelque forme que ce soit. Le schéma, à la fois confus et réducteur, appelait à la révolution mondiale pour changer le monde, tout en appelant à la violence pour liquider, au sens propre du terme, la bourgeoisie et conquérir le pouvoir afin d’instaurer la paix éternelle sur la terre. Mais la victoire du bolchévisme en 1917 n’a apporté la paix, loin s’en faut.

L’Union soviétique cherchera, au contraire, à mettre le feu aux poudres à la moindre occasion qui se présentait. En réalité, le régime communiste aimait le conflit, à l’instar de tout autre régime d’ailleurs, mais la paix est restée un slogan largement étayé par la propagande. Et c’est ainsi que la propagande soviétique a inventé le slogan de la lutte pour la paix qui, au-delà du paradoxe de la formule, heurtait violemment la réalité. Le slogan de la lutte pour la paix commence à faire son chemin dans la propagande communiste, et cela dès le début de l’occupation soviétique de la Roumanie, à compter du milieu de l’année 1944, et jusqu’à la chute du communisme, fin décembre ’89. Dans les années ’50 une blague faisait fureur, qui disait : « Nous allons si bien lutter pour la paix, qu’il n’y restera que de la terre brûlée ».

Clamer la recherche de la paix fut un véritable dada de la propagande communiste qui ne désarma à aucun moment. Le dernier dictateur de la Roumanie communiste, Nicolae Ceausescu, adorait se faire appeler le « héros de la paix ». L’ingénieur Ştefan Bârlea a été un important militant des Jeunesses communistes des années 1950-1960. Interviewé en 2002 par le Centre d’histoire de la Radiodiffusion roumaine, il remémore l’année 1955 et on cite :« En 1955, plusieurs événements ont eu lieu. D’abord, le patriarche Iustinian, de l’Eglise orthodoxe roumaine, avait lancé une lettre pastorale, dont nous avons eu vent, et que nous avons perçue de manière très positive. Dans sa lettre, le patriarche faisait appel à la dénucléarisation. C’était une première, du moins pour l’église orthodoxe. C’était un acte presque politique, je dirais. Il n’est pas exclu qu’il ait produit cette lettre pastorale suite à une demande formulée par le régime, je n’en sais rien. Difficile à le savoir avec précision, les routes du Seigneur s’avèrent tortueuses. Mais cela a eu lieu au moment où le mouvement pacifiste, lancé par l’Union soviétique, dès 1949, battait son plein. En 1955, une grande Assemblée mondiale pour la paix a été ainsi organisée. »

Après la Seconde Guerre mondiale, il est certain que le désir de paix de l’humanité répondait à un véritable besoin. Mais l’Union soviétique avait d’autres desseins, cela s’entend. Ştefan Bârlea avait été en charge de l’organisation des manifestations publiques dans ce cadre-là:« Nous organisions des réunions, des manifs des jeunes. Tous les ans, nous avions deux, trois grandes manifs. Le deuxième congrès pour la défense de la paix a été organisé en 1950, et c’est à ce moment-là qu’a été élu un Conseil mondial et que deux organisations de jeunesse ont fait leur entrée, parmi les autres participants officiels, parmi les délégués des différents pays. Il s’agissait de la Fédération mondiale des jeunesses démocrates et de l’Union internationale des étudiants. Les deux organisations avaient des conseils basés l’un à Prague, en Tchécoslovaquie, et l’autre quelque part en Pologne. Ces organisations étaient censées représenter le mouvement pacifiste et, en leur qualité de membres de plein droit du Conseil mondial pour la paix, elles demandaient aux autres organisations nationales de jeunesse ou d’étudiants d’organiser à leur tour des manifs, entraînant les jeunes dans ce mouvement en faveur de la paix. Et c’est aussi ainsi que nous avons été les chevilles ouvrières de quelques rassemblements d’envergure, ici même, à Bucarest, dans le pavillon H, situé dans le parc Herăstrău, ou dans la salle de compétitions sportives Floreasca. Parfois les meetings prenaient place aussi à l’extérieur. »

Suivant la coutume communiste, ces meetings constituaient autant d’occasions d’entendre des discours mobilisateurs. Ştefan Bârlea remémore le déroulement d’une de ces grandes messes pour la paix : « L’ordre du jour nous parvenait par l’entremise du Comité central des Jeunesses communistes, par la suite par l’intermédiaire du Conseil des associations estudiantines. Les discours étaient lus soit par un représentant des organisations internationales de jeunesse, et là il fallait s’attendre à un discours qui dure, soit par un responsable local. Les responsables y étaient conviés. Quant à nous, nous organisions ce genre de manif dans tous les centres universitaires, dans toutes les villes du pays. Les discours, c’était les responsables locaux qui s’en chargeaient. Ion Gheorghe Maurer, l’ancien premier ministre de plus tard, par exemple, a parlé lors d’un tel rassemblement, alors qu’il était directeur juridique de l’Académie roumaine. La propagande était chargée d’éditer les brochures qui devaient constituer le fondement des discours des responsables. Il s’agissait somme toute d’un spectacle politique, avec sa mise en scène et tout le tralala. Si un ponte du parti était attendu, là il y avait un metteur en scène attitré. Y en avait des connus même, tel Hero Lupescu, et bien d’autres encore, des gens qui travaillaient en tant que metteurs en scène à l’Opéra de Bucarest. »

La lutte pour la paix s’est brusquement arrêtée à la fin du régime communiste. Outre les slogans et les mots creux, rien n’y est resté derrière. (Trad. Ionut Jugureanu)

La Gazette des mathématiques
Pro Memoria lundi, 16 décembre 2024

La Gazette des mathématiques

Gazette des mathématiques, une place à part dans la presse roumaine   Dans l’histoire de près de 250 années d’existence de la presse...

La Gazette des mathématiques
Из истории женской прессы Румынии
Pro Memoria lundi, 09 décembre 2024

Le parti communiste roumain dans la clandestinité

Neutraliser les courants extrémistes à la fin de la Grande Guerre   A la fin de la Grande Guerre, l’espoir de paix et de concorde...

Le parti communiste roumain dans la clandestinité
Centenario Lovinescu (fonte: Muzeul Național al Literaturii Române)
Pro Memoria lundi, 02 décembre 2024

Le centenaire d’Eugen Lovinescu

Cette année les lettres roumaines rendent hommage à l’un de ses représentants de marque, le critique littéraire Eugen Lovinescu. Né en 1881 à...

Le centenaire d’Eugen Lovinescu
Из истории женской прессы Румынии
Pro Memoria lundi, 25 novembre 2024

Le sort des prisonniers soviétiques en Roumanie pendant la Seconde Guerre mondiale

La Bessarabie, un territoire roumain perdu   Pour tenter de récupérer la Bessarabie occupée par l’Union soviétique à la suite d’un...

Le sort des prisonniers soviétiques en Roumanie pendant la Seconde Guerre mondiale
Pro Memoria lundi, 18 novembre 2024

L’exil du prince Nicolas de Roumanie

 Nicolas, frère cade du futur roi Carol II   Né le 18 août 1903 à Sinaia, dans la résidence d’été des souverains roumains, le frère...

L’exil du prince Nicolas de Roumanie
Pro Memoria lundi, 11 novembre 2024

La présence des statères dans la province de Dobroudja

Des monnaies de l’Antiquité   Le statère est un terme générique qui désigne en numismatique diverses monnaies en or ou en argent...

La présence des statères dans la province de Dobroudja
Pro Memoria lundi, 04 novembre 2024

L’officiel du parti communiste roumain, le journal Scânteia /L’étincelle

La presse à l’époque communiste   Si la liberté de la presse était garantie depuis 1789 par l’article 11 de la Déclaration des...

L’officiel du parti communiste roumain, le journal Scânteia /L’étincelle
Pro Memoria lundi, 28 octobre 2024

La Sécuritate et le KGB en divorce

  Le général Neagu Cosma, ancien chef de la direction de contrespionnage de la Securitate, racontait dans une interview de 2002, conservé par...

La Sécuritate et le KGB en divorce

Partenaire

Muzeul Național al Țăranului Român Muzeul Național al Țăranului Român
Liga Studentilor Romani din Strainatate - LSRS Liga Studentilor Romani din Strainatate - LSRS
Modernism | The Leading Romanian Art Magazine Online Modernism | The Leading Romanian Art Magazine Online
Institului European din România Institului European din România
Institutul Francez din România – Bucureşti Institutul Francez din România – Bucureşti
Muzeul Național de Artă al României Muzeul Național de Artă al României
Le petit Journal Le petit Journal
Radio Prague International Radio Prague International
Muzeul Național de Istorie a României Muzeul Național de Istorie a României
ARCUB ARCUB
Radio Canada International Radio Canada International
Muzeul Național al Satului „Dimitrie Gusti” Muzeul Național al Satului „Dimitrie Gusti”
SWI swissinfo.ch SWI swissinfo.ch
UBB Radio ONLINE UBB Radio ONLINE
Strona główna - English Section - polskieradio.pl Strona główna - English Section - polskieradio.pl
creart - Centrul de Creație Artă și Tradiție al Municipiului Bucuresti creart - Centrul de Creație Artă și Tradiție al Municipiului Bucuresti
italradio italradio
Institutul Confucius Institutul Confucius
BUCPRESS - știri din Cernăuți BUCPRESS - știri din Cernăuți

Affiliations

Euranet Plus Euranet Plus
AIB | the trade association for international broadcasters AIB | the trade association for international broadcasters
Digital Radio Mondiale Digital Radio Mondiale
News and current affairs from Germany and around the world News and current affairs from Germany and around the world
Comunità radiotelevisiva italofona Comunità radiotelevisiva italofona

Diffuseurs

RADIOCOM RADIOCOM
Zeno Media - The Everything Audio Company Zeno Media - The Everything Audio Company