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La lutte contre les pandémies au fil du temps

Les épidémies et les pandémies ont depuis toujours jalonné l’histoire de l’humanité. Et les hommes les ont de tous temps combattus de la meilleure manière qu’ils le pouvaient, en fonction des connaissances et des moyens dont ils disposaient à leur époque. Les communautés ont souvent fait preuve de solidarité, et se sont mobilisées pour les combattre ensemble, en faisant fi des barrières culturelles et politiques, des barrières nationales et ethniques. Dans les pays roumains, il n’en fut pas autrement.

La lutte contre les pandémies au fil du temps
La lutte contre les pandémies au fil du temps

, 26.10.2020, 08:51

Au 19e siècle déjà, l’observance de la quarantaine, l’emploi de premiers médicaments, et l’intervention résolue des pouvoirs publics ont montré pour la première fois leur efficacité, aidant grandement à l’extinction des épidémies.Ainsi, en ce début du 19e siècle, l’espace roumain se voyait frapper par la peste, maladie terriblement crainte à l’époque, maladie des agglomérations urbaines en particulier. Et les mesures prises à l’occasion pour tenter de l’endiguer seraient aujourd’hui perçues pour le moins répressives, ce qui n’empêche pas qu’elles se soient, avec le recul du temps, avérées correctes. L’historien Sorin Grigoruţă, de l’Institut d’histoire « A. D. Xenopol » de Iaşi, est auteur d’un livre sur la peste de l’époque et sur ses effets. Ecoutons-le : « Une fois que les autorités avaient compris que les agglomérations humaines constituaient un facteur aggravant, elles ont tout mis en œuvre pour réduire le contact interhumain. L’activité des cours et des tribunaux a été suspendue, tout comme les cours scolaires, alors que les portes des églises et des cafés ont été fermées. L’on observe également une diminution des activités commerciales et l’instauration d’un couvre-feu. En 1785, le voïvode ordonne la fermeture des cafés, mais il reste toujours possible de prendre son café à la fenêtre du café. Par ailleurs, le couvre-feu, en vigueur pendant la nuit a aussi été instauré parce que c’était pendant la nuit que les malades et les corps des décédés étaient évacués hors la ville. La vue de ces transports pouvait avoir un effet démoralisateur sur la population, il valait donc mieux lui éviter le spectacle. »

Le confinement n’a pas manqué à l’appel des moyens mis en place par les pouvoirs publics de l’époque pour endiguer la pandémie. Sorin Grigoruţă :« Le confinement visait tout d’abord les maisons occupées par les malades. Ils étaient, les malades mais aussi leur famille et les cohabitants sains mais toujours supects, carrément emmurés dans leurs propres maisons. C’était une pratique barbare, néanmoins largement répandue dans toute l’Europe de ces temps. Et puis, si au bout d’une certaine période l’on constatait qu’il y avait des survivants, tant mieux, on les délivrait, sinon, tant pis. L’autre procédure, moins barbare, et qui avait cours à l’époque, était de faire évacuer la maison où un cas avait été déclaré, d’évacuer tout le monde donc, malades ou bien portants pêle-mêle, et de désinfecter la demeure. Il pouvait s’agir juste de la nettoyer, la laver et l’aérer, mais cela pouvait aller jusqu’à la destruction de la demeure infestée, et le plus souvent cela se faisait par les flammes. »

Mais la méthode qui s’est avérée la plus efficace pour combattre la peste a été l’instauration de la quarantaine. Le port italien de Ragusa fut la première cité européenne à adopter la méthode. Ainsi se fait-il que tout navire en provenance d’Orient devait rester appareillé au large pendant 40 jours, avant de pouvoir accoster dans le port. L’essai, concluant, mit la puce à l’oreille aux autres ports et cités européens. Aussi, à l’intérieur du continent, le bien connu cordon sanitaire autrichien, organisé sur le modèle d’une frontière militarisée, avait aussi fait ses preuves pendant longtemps. Sorin Grigoruţă : « Même si ces mesures ne ciblaient pas spécifiquement le virus en tant que tel, mais plutôt l’isolement des suspects et des malades déclarés, elles se sont révélées efficaces dans la guerre qu’elles menaient contre la pandémie. Alors ces mesures ont été étendues, ciblant les suspects, soit les voyageurs en provenance des régions suspectes, qu’il s’agisse des régions qui faisaient partie du territoire national, ou des contrées lointaines. En parallèle, il avait été instauré un système d’attestations, certifiant le niveau de sécurité sanitaire de la localité de départ du voyageur. Dans la même veine, à l’entrée des villes ou des villages ont été fondés les lazarets, soit des endroits où les voyageurs devaient demeurer en isolement une certaine période, avant d’avoir le droit de pénétrer dans la ville. »

L’historienne Delia Bălăican de la Bibliothèque de l’Académie roumaine, qui avait étudié l’épidémie de typhus exanthématique déroulée durant la Première guerre mondiale, passe en revue les mesures d’exception introduites pour l’endiguer par les autorités de l’époque. Delia Bălăican : « Une équipe comptant pas moins de 150 ingénieurs s’est mis à ériger un système de baraquements censés servir au confinement des personnes atteintes. Les baraques étaient en bois, formant une sorte d’hôpital de campagne, et qui était censé accueillir, pêle-mêle, les malades des deux sexes et de tous âges, qu’ils soient civils ou militaires. Voyez-vous, les villageois logeaient à l’époque dans des sortes de cabanes mal aérées et dans lesquelles la lumière du soleil avait du mal à pénétrer. L’absence d’aération et l’humidité abondante qui caractérisaient ces abris créaient les conditions propices pour l’apparition du virus. Alors, une fois ces baraques érigées, les malades ont pu être évacués de leurs maisons, et ces dernières stérilisées. Des campagnes de désinfection ont été menées tambour battant. L’on mit l’accent sur l’importance de l’hygiène personnelle, sur celle des vêtements et des objets intimes. Des maisons des malades, l’on brûlait tout ce que l’on ne pouvait pas désinfecter ou passer dans des fours spéciaux. D’autres objets se sont retrouvé plonger dans du mazout, ou frotté à l’aide du vinaigre ».

Le professeur Călin Cotoi observe l’autorité renforcée de l’Etat roumain suite au rôle accru endossé par ce dernier lors de l’épidémie de choléra qui avait ravagé les principautés roumaines en 1830. Călin Cotoi : « L’Etat roumain instaure des lazarets au long de la rivière Prut et surtout au long du Danube. Les commerçants entraient d’emblée en quarantaine, une quarantaine strictement observée et surveillées par les autorités. Seulement, cela a vite fait de provoquer une véritable crise économique, car les rentrées fournies par le commerce des céréales constituaient l’essence qui faisait tourner l’économie roumaine de l’époque, et l’essentiel des rentrées fiscales publiques. L’on observe donc déjà à l’époque cette tension, devenue encore plus manifeste de nos jours, entre, d’une part, la liberté du commerce et puis, d’autre part, le risque représenté par la pandémie. Pour moi, il s’agit là d’une crise fondatrice de l’Etat roumain moderne, de la Roumanie qui était en train de naître ».

Les mesures prises pour endiguer ou stopper l’épidémie, aussi critiquées qu’elles ont pu être, ont néanmoins eu le don de sauver l’humanité du pire, en période de crise sanitaire. Et puis, force est de constater que le sens des responsabilités impose souvent, qu’on le veuille ou non, des décisions impopulaires. (Trad. Ionut Jugureanu)

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