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La France et la Grande Roumanie

Cent ans après la fin de la Grande Guerre, nous revivons la période tumultueuse comprise entre la fin du conflit de 14/18 et la signature du Traité de Trianon, au Banat et en Transylvanie, territoires censés passer sous souveraineté roumaine. Mais aussi le rôle joué par un officier d’exception, le général Henri Mathias Berthelot, et par les troupes françaises dans la pacification de la zone pendant cette période de toutes les incertitudes et de tous les dangers.

La France et la Grande Roumanie
La France et la Grande Roumanie

, 03.09.2018, 11:22

Souvent, les études et les cours d’histoire des relations internationales ont mis sur le compte de la France l’architecture des frontières dessinées en Europe Centrale et de l’Est, après la Grande Guerre. Ce qui est parfaitement vrai, en bonne partie du moins. C’est parce que les Etats qui se forment à l’issue de la première guerre mondiale doivent, en effet, leur existence à la France. La Pologne, la Roumanie, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie sont les Etats qui naissent, renaissent ou se redessinent, après que l’Entente a défini les conditions par lesquelles la Grande Guerre prend fin.

Fin 1918, rien n’est encore joué. Des territoires, situés encore en Autriche-Hongrie, majoritairement roumanophones ou historiquement habités par d’autres ethnies, se trouvent toujours en dispute. Ce n’est que l’habileté de chaque « joueur » politique, les arguments qu’il saura trouver, qui feront la différence. Dans ce contexte d’incertitude, la France aura un rôle décisif, par la personne du général Henri Mathias Berthelot qui plaida sans relâche la cause roumaine.

L’historien Aurel Ardelean de l’Université de l’Ouest « Vasile Goldiș », de la ville d’Arad, nous fait revivre la complexité de ces jours fébriles de 1918: « Cela remuait ferme à la fin de l’année 1918 et au début de 1919, dans la région occidentale de la Roumanie. Car, si au début de la guerre, le royaume de Roumanie avait acquit des garanties fermes quant à la souveraineté de cette zone, une bonne partie de cette dernière se trouvait de facto sous l’occupation militaire serbe à la fin de la guerre. Ion C. Brătianu, qui concentrait à l’époque aussi bien les prérogatives de premier ministre que ceux de ministre des Affaires étrangères, envoya, le 22 décembre 1918, un télégramme à l’ambassadeur français, le comte de Saint-Aulaire, où il faisait état des exactions commises par l’armée serbe à l’encontre des Roumains du Banat. Par ailleurs, la ville d’Arad était assaillie de réfugiés. L’administration serbe de la ville de Timișoara avait ordonné la dissolution du Conseil national roumain du département de Timiș, ainsi que des gardes nationales roumaines. « Le peuple roumain tout entier est terriblement vexé par l’attitude de l’armée serbe, qu’il avait tant admirée aux heures sombres de la Grande Guerre », écrivait Bratianu »

Arrivé en Roumanie au mois d’octobre 1916, à la tête de la mission militaire française, le général Berthelot fut obligé de rentrer en France en mars 1918, au moment où la Roumanie venait de signer l’armistice largement défavorable de Buftea, avec les Puissances centrales. Il revient en Roumanie en octobre 1918, à la tête d’une mission militaire française renouvelée, et se déplace sans tarder dans la région du Banat et dans la Transylvanie de l’Ouest, pour constater sur place la réalité des faits réclamés.

L’historien Aurel Ardelean explique: « L’installation de l’administration roumaine dans ces zones rencontre de la résistance. « Le martyre des Roumains de Transylvanie ne m’est que trop connu. Que l’amour fraternel qui nous unit vous rassure. Nous vous assurons de tout notre appui, et nous ferons de notre mieux pour asseoir, une fois pour toutes, les frontières de la Grande Roumanie », résonnaient les paroles adressées par le général Berthelot, commandant des troupes de l’Entente sur le Danube, et chef de la mission militaire française en Roumanie, à Vasile Goldis, qui se trouvait à Bucarest, à la tête de la délégation roumaine, venue remettre au roi Ferdinand de Roumanie, les patents de l’Union. Ces paroles caractérisent bien l’esprit de la visite du général français à Arad et dans l’Ouest de la Roumanie dans les années 1918 et 1919. La presse du temps, et notamment le journal « Le Roumain », « Românul », relate la visite du général, déroulée dans une période où l’administration roumaine peine à asseoir son autorité à Arad, en Transylvanie et dans le Banat. »

La visite du général Berthelot était censée pacifier une zone profondément marquée par les années de guerre, les animosités accumulées, les frustrations des populations mélangées.

Aurel Ardelean : « A la veille de l’arrivée de général français, des irrédentistes magyars ont attaqué les Roumains venus accueillir le général. Des coups de feu ont éclaté, les drapeaux roumains ont été jetés à terre et des bousculades ont provoqué de nombreuses victimes. « Que ces énergumènes le sachent : Ce ne seront pas les démonstrations de ces cinglés qui décideront du sort politique des Roumains et des Magyars, mais le Congrès de Paix. D’ici là, les uns et les autres devront garder leur sang froid. La Cour internationale fera justice ». C’est la position officielle, pacifiste, des Roumains, qu’exprime en ces termes le journal « Le Roumain ». D’ailleurs, le général français n’en demandait pas mieux et, pour pacifier la zone et afin d’éviter les conflits ethniques, les troupes françaises ont occupé la zone ».

Le rôle de ces troupes n’était autre que de calmer les esprits, et le général Berthelot, leur commandant, l’accomplit brillamment. Selon l’historien Aurel Ardelean : « En feuilletant la presse du temps, on remarque la détermination du général français. Dans l’édition du 23 décembre 1918, dans la revue « L’Eglise et l’Ecole », on apprend que : « Les troupes françaises sont au Banat. Suite à des manifestations sanglantes, les troupes françaises du général Berthelot sont arrivées à Arad hier, pendant la nuit, pour assurer l’ordre public mis en péril par les agissements des éléments irrédentistes. Des sentinelles françaises montent actuellement la garde au siège de la rédaction du journal « Le Roumain ». » Plus loin l’on pouvait lire encore : « L’armée roumaine occupera Oradea Mare, Arad et Sighetul Marmației. Un colonel français a remis au gouvernement hongrois une mise en garde de la part du général Berthelot, signifiant que l’Armée roumaine était en droit de passer outre la ligne de démarcation actuelle et qu’elle pouvait occuper les villes de Cluj, Dej, Satu Mare, Oradea, Radna, Arad, Marghita ainsi que Sighetul Marmației. » Cette opération se déroulera avant l’arrivée des troupes françaises ».

Les traités de paix ultérieurs ont consacré des frontières tracées conformément aux aspirations des nations assoiffées de liberté et aux contours du mosaïque ethnique de l’époque. La Roumanie assit ses frontières à la fin de la Grande Guerre sur leur emplacement actuel grâce à l’aide indéfectible de son grand allié, la France. (Trad. Ionut Jugureanu)

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