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La flotte militaire roumaine durant la Seconde Guerre mondiale

La Roumanie a accédé à la mer Noire en 1878, à l’issue de la guerre russo-turque de 1877 – 1878 et a immédiatement démarré les travaux pour construire sa flotte militaire. Durant la Seconde guerre mondiale, les bâtiments de guerre battant le pavillon roumain ont effectué des missions défense et de sauvetage pour être ensuite confisqués par les soviétiques après 1944. Retour.

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, 07.10.2024, 13:32

L’histoire de la flotte militaire roumaine démarre au milieu du 19e siècle

 

L’histoire de la flotte militaire roumaine démarre au milieu du 19e siècle, après l’union des deux Principautés danubiennes, lorsque la Moldavie et la Valachie décident de réunir non seulement leurs destinées mais aussi leurs flottes commerciales fluviales. Se trouvant sous souveraineté ottomane et sans issue à la mer, les deux principautés n’avaient pas eu jusqu’alors ni le droit, ni l’utilité de constituer des flottes militaires. Ce n’est qu’après 1878, lorsque la Dobroudja, province côtière à la mer Noire, entre dans la composition de l’Etat roumain, que sera constituée la première flotte militaire du royaume de Roumanie.

 

Mais la flotte fluviale participa déjà à la guerre russo-turque de 1877-1878, menant des opérations au long du Danube. Aussi, les bâtiments roumains commandés par Nicolae Dumitrescu-Maican et Ioan Murgescu ont installé des barrages à travers le fleuve, attaquant les bâtiments de guerre ottomans, bombardant les positions ottomanes au long du fleuve et faisant couler deux monitors ottomans.

 

Devenue la Marine militaire du royaume de Roumanie après 1878, elle ne cesse de se développer.

 

Aussi, en 1907 l’on voit entrer au service quatre monitors et huit vedettes fluviales censés surveiller la navigation au long du Danube et défendre la frontière fluviale de la Roumanie. Dans les années de la Grande Guerre, cette flotte fluviale engage le combat lors de la bataille de Turtucaia de 1916, puis intervient pour évacuer les unités roumaines acculées par les forces bulgaro-allemandes sur la rive droite du fleuve. L’année suivante la flotte militaire danubienne qui agit sous la commande de Constantin Bălescu bombarde les positions de l’artillerie allemande basée à Tulcea, avant de mater la rébellion des matelots russes dans le delta du Danube.

 

 

Après la fin de la guerre le programme d’armement de la flotte militaire roumaine se poursuit sans répit. Les destroyers Mărășești, Mărăști, le Roi Ferdinand et la Reine Marie, le premier sous-marin roumain Le Dauphin, enfin le vaisseau-école Mircea entrent tour à tour au service.

 

La Seconde Guerre Mondiale

 

Durant la Seconde Guerre mondiale, la Marine militaire roumaine engage le combat avec deux grandes unités : la division maritime et la division fluviale. La première disposait de 4 destroyers, 3 torpilleurs, 3 dragueurs de mines, 1 sous-marin, 3 vedettes, 8 remorqueurs et d’une flottille d’hydravions. La division du Danube comprenait 7 monitors et 6 vedettes. Le littoral roumain de la mer Noire était par ailleurs défendu par un barrage de mines, distant de 12 miles des côtes, et par un système d’artillerie de côtes. Vu le déséquilibre des forces en présence, la flotte militaire roumaine adopte une tactique défensive pendant les premières phases des opérations. Le 26 juin 1941, peu de jours après l’entrée en guerre de la Roumanie aux côtés de l’Allemagne nazie contre l’Union soviétique, une guerre mue par le désir de libérer la Bessarabie et la Bucovine annexées par ultimatum une année auparavant par les Soviets, les destroyers Marasti et Reine Marie soutenus par l’artillerie des côtes parviennent à faire couler Moskva, le navire amiral de la flotte russe de la mer Noire, et endommager le destroyer Kharkov.

 

Avec le déplacement du front vers l’Est, loin dans le territoire soviétique, la flotte militaire roumaine concentre ses efforts pour soutenir les opérations militaires des troupes au sol qui avaient encerclé et donnaient l’assaut à Odessa et Sébastopol. Depuis lors et jusqu’à l’armistice du 23 août 1944, les navires soviétiques ne mettront plus jamais en danger les côtes roumaines. La guerre sous-marine faisait en revanche rage. La dernière grande opération impliquant la flotte de guerre roumaine a été représentée par l’évacuation en catastrophe des troupes roumaines et allemandes encerclées par les Russes en Crimée. L’ « opération 60.000 » selon son nom de code est parvenue à sauver des mains de l’ennemi 36.000 militaires roumains, 584.000 allemands, 720 slovaques, évacuant en outre 25.000 prisonniers de guerre soviétiques. .

 

La Roumanie passe dans le camp des alliés

 

Après le passage de la Roumanie dans le camp des alliés qui a eu lieu le 23 août 1944, la marine militaire roumaine entre sous la coupe des Soviétiques et les militaires roumains seront fait prisonniers.

 

Lors de son interview donnée en 1999 pour le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, l’officier Nicolae Koslinski, fils de l’amiral Gheorghe Koslinski, mort en détention comme prisonnier politique en 1950 dans le camp d’Aiud, raconte l’expérience qu’il avait vécue dans la nuit du 4 au 5 septembre 1944 au bord de la vedette Le Volcan.

 

Nicolae Koslinski : « Vers 4h30 du matin, l’on entend du bruit dehors. Je sors du lit, prend mon révolver et sors de la cabine. Le télégraphiste de planton m’annonce l’arrivée des Russes. Ils entrent dans la salle commune où l’on s’était réunis, je leur souhaite la bienvenue en russe, ils se montrent un peu étonnés, puis exigent qu’on leur rende nos armes. Je lève les bras en air mais refuse de sortir le révolver, mis dans la poche de mon pantalon. Un sous-officier russe approche, nous contrôle à tour de rôle. Comme par miracle, il ne s’est pas rendu compte que j’avais mon arme sur moi. Enfin, ils nous intiment l’ordre de quitter le navire et de nous réunir à la gare maritime. »  

 

 

Les bâtiments de guerre roumains sont confisqués par les Russes et amenés en l’URSS.

 

Dans des circonstances non élucidées, la canonnière Dumitrescu et le sous-marins le Marsouin coulent en route. Ce n’est que quelques années plus tard que le gouvernement soviétique retournera au gouvernement communiste de Bucarest 23 bâtiments de guerre, dont des destroyers, des torpilleurs et des canonnières provenant de la flotte confisquée, des navires devenus obsolètes et souffrant de l’absence de manutention dans l’intervalle. A remarquer toutefois que la vaillance des marins roumains se manifesta bien au-delà de l’eau et de la guerre, certains s’engageant à corps perdu dans les rangs de la résistance anticommuniste, tel l’amiral Horia Macellariu. (Trad. Ionut Jugureanu)

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