La culture néolithique de Cucuteni
La culture néolithique de Cucuteni : son nom provient du village homonyme du département de Iaşi où les premières découvertes ont été faites en 1884. La culture de Cucuteni s’étendait sur 350.000 km² environ, sur le territoire actuel de la Roumanie, le nord de la République de Moldova et de l’Ukraine ; sa marque la plus importante est la céramique d’une qualité à part.
Ștefan Baciu, 09.10.2017, 13:27
La culture néolithique de Cucuteni : son nom provient du village homonyme du département de Iaşi où les premières découvertes ont été faites en 1884. La culture de Cucuteni s’étendait sur 350.000 km² environ, sur le territoire actuel de la Roumanie, le nord de la République de Moldova et de l’Ukraine ; sa marque la plus importante est la céramique d’une qualité à part.
Constantin Preoteasa, chercheur au Musée de la culture de Cucuteni de Piatra Neamţ (est), a indiqué que les découvertes faites jusqu’à maintenant concernant les agglomérations des gens de cette culture se fondent sur l’observation de plusieurs couches de civilisation superposées.
Constantin Preoteasa: « Le sel a été un élément parmi beaucoup d’autres ressources qui a attiré les gens de cette culture ici. C’est justement grâce à cette diversité que nous avons cette superposition de sites dans les agglomérations de cette civilisation. A l’est, la situation est différente. Nous avons là les agglomérations dites géantes tripoliennes, selon l’appellation que leur donnent les Ukrainiens. Ce sont des sites avec une seule agglomération, mais elles sont de très grandes dimensions. Celle de Talianki, dans la région d’Uman, s’étend sur environ 500 ha, ce qui est énorme pour cette époque-là. Environ 2000 constructions ont été identifiées par des prospections géomagnétiques, pas par des fouilles archéologiques. Les constructions sont disposées d’après des plans préétablis, en 12 cercles concentriques. La population a été estimée à 20.000 habitants. Dans les agglomérations de la civilisation de Cucuteni, on ne rencontre pas seulement les logements qui abritaient les communautés humaines. On retrouve aussi des annexes, des ateliers spécialisés qui faisaient différents outils. Il y avait des maîtres artisans spécialisés tels que les céramistes qui ont réalisé les objets prestigieux réunis dans le musée. Et puis, il y avait les lieux de culte, les sanctuaires, probablement les plus importantes constructions de la civilisation de Cucuteni. »
L’art de Cucuteni contient deux éléments essentiels : le décoratif, présent sur les récipients peints, et le figuratif, avec des représentations anthropomorphes et zoomorphes, explique Constantin Preoteasa.
Constantin Preoteasa : « On distingue clairement deux période d’évolution dans l’art de Cucuteni. La première est comprise entre les années 5.000 et 4.000 avant notre ère, la seconde va de l’an 4.000 à l’an 3.500. La première période d’évolution artistique se caractérise par des récipients à pied, moins volumineux, élancés, avec des ornements divers, cannelures, incisions, ou autres, et surtout avec une peinture dichrome ou trichrome. Le « tricolore » de Cucuteni, appellation donnée par les spécialistes, met ensemble le blanc, le rouge et le noir, tandis que la bichromie est illustrée par des combinaisons de rouge et de blanc ou de noir et de blanc, jamais de rouge et de noir. Dans un premier temps, la peinture était posée après la cuisson des objets de poterie, c’est la technique appelée de la peinture crue, dont la plupart s’est effacée. Ensuite, la technique s’est raffinée et la peinture a été posée avant la cuisson, ce qui l’a pratiquement fixée sur la terre cuite. Et la qualité des objets est absolument exceptionnelle. »
Constantin Preoteasa décrit aussi la technique de fabrication de la poterie de Cucuteni : « Malgré nos outils modernes, les répliques de la poterie de Cucuteni, réalisées par des maîtres artisans, ont une qualité nettement inférieure à l’original. Les communautés humaines des époques historiques ultérieures n’ont plus jamais réussi à atteindre le niveau de raffinement artistique et technique des artisans de l’époque Cucuteni. Toutes les pièces d’excellence sont faites d’une pâte très fine et très dense, cuite de façon uniforme, ce qui explique le poids important même des récipients les plus petits. La cuisson avait lieu dans des fours à réverbère, où la flamme n’était pas appliquée directement aux récipients, qui étaient cuits à l’aide de courants d’air surchauffé en provenance du compartiment réservé au feu. Les températures pouvaient y atteindre les 900 degrés Celsius. Au début, on a produit aussi des récipients de couleur cendre et noire, moins résistants. Mais, en général, ils sont cuits avec beaucoup d’oxygène, ce qui leur a donné de très belles nuances de couleur, du jaune pâle jusqu’au brun. »
Les représentations spirituelles de gens de l’époque Cucuteni gravitaient autour de la numérologie, précise Constantin Preoteasa : « Le 12, mais aussi le 3, le 7, le 9, le 21, mais aussi le 4 et le 6 ne sont pas des fruits du hasard ; chacun a sa valeur symbolique, qui nous échappe aujourd’hui. La célèbre « ronde de Frumusica » est composée de 6 cariatides stylisées, vues de dos, en train de s’adonner à une ronde, à une danse rituelle. D’autres rondes, comme celle de Beresti, au département de Galati, mettent en scène seulement 4 cariatides. Chez certaines populations traditionnelles, il y a cette idée de l’existence de deux levers et deux couchers du soleil, et les points cardinaux ne sont plus 6, mais 4. Il existe des récipients – à couronne ou à colonnettes, comme celui qui constitue le logo de notre institution, qui ont 4 ornements. Sur les sites de culte, nous avons découvert 4 statuettes disposées en fonction des points cardinaux. »
La culture de Cucuteni est le sommet de l’art du Néolithique, et, en même temps, des croyances et des relations sociales qui gardent tout leur mystère. (Trad : Ligia Mihaiescu, lleana Taroi)