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La bataille de Verdun et l’entrée de la Roumanie dans la première guerre mondiale

Surnommée « la mère de toutes les batailles », « labattoir du monde » ou « la grande boucherie », la bataille de Verdun a été le plus grand carnage de la Première Guerre mondiale. Les avis des historiens et des mémorialistes sont partagés quant au nombre de morts et de blessés, mais tout le monde est daccord quil sest agit de centaines de milliers de victimes.





Pour le moral des Français et pour le sort de la guerre, limportance des fortifications de Verdun était immense. La ténacité de larmée allemande, acharnée contre larmée française, a cédé devant la résistance inouïe de celle-ci. Des les rangs de larmée française a jailli lexhortation mobilisatrice « Ils ne passeront pas ». Une exhortation a été adoptée, sous une forme légèrement modifiée, par larmée roumaine lors des combats de Mărăşeşti, Mărăşti et Oituz, pendant lété 1917: « Par ici on ne passe pas».







La bataille dil y a un siècle a été décisive pour la Roumanie aussi, puisquelle a déterminé lentrée de notre pays, qui était resté encore neutre, dans la Grande guerre. Alliée des puissances centrales depuis 1883, la Roumanie avait proclamé sa neutralité en 1914, au début de la guerre. La Roumanie navait pas honoré son alliance avec lAllemagne et lAutriche-Hongrie en raison du fait que les droits nationaux des Roumains nétaient pas respectés dans les territoires sous domination austro-hongroise. Pourtant, les relations économiques de la Roumanie avec les Puissances Centrales se sont poursuivies, le pétrole et les produits alimentaires roumain ravitaillant les armées des celles-ci.





On laissa à la Russie linitiative dattirer la Roumanie du côté de lEntente. Moscou considérait pourtant comme exagérées les prétentions de la Roumanie concernant lamélioration des droits des Roumains vivant au-delà des frontières du pays.





La bataille de Verdun fut le moment décisif qui obligea la Roumanie à prendre une décision historique. La France chavirait, sa résistance était mise à rude épreuve à Verdun et il fallait affaiblir loffensive allemande. La stratégie des militaires français était douvrir un nouveau front à lEst, pour que des troupes allemandes y soient déployées en faisant baisser la pression sur Verdun. Et la Roumanie devait consentir à sy engager. Lidée devait pourtant être présentée dans les termes diplomatiques de la persuasion et de la négociation. Lun des premiers à assumer cette tâche a été le nouvel ambassadeur de France à Bucarest.





Lhistorien Sergiu Iosipescu de lInstitut dEtudes politiques de défense et dhistoire militaire, explique : « Le 5 juillet 1916, à la veille de son départ pour Bucarest, le comte de Saint Aulaire présentait au président français le message envoyé par le premier ministre Ion Brătianu au représentant de la Roumanie à Paris, Lahovary. Brătianu promettait lentrée de la Roumanie en guerre dans 5-6 semaines si pendant ce laps de temps les munitions demandées commençaient à arriver. Le fait le plus remarquable est peut-être la prédiction du général Lyautey, protecteur du comte de Saint Aulaire, pour le départ de celui-ci en Roumanie : « Jai réfléchi à votre situation, comte. Très sincèrement, je crois que je dois vous féliciter. Jai reçu la carte de lEurope Centrale et Orientale et jai constaté que la Roumanie sagrandira et surtout, elle profiterait davantage suite à une défaite des Puissance centrales que si la Russie était vaincue. Lopinion publique roumaine, suffisamment puissante pour porter un Hohenzollern de lAlliance avec lAllemagne à la neutralité, le portera aussi de la neutralité à lengagement. La Roumanie suivra le geste de lItalie, la balance penchera tôt ou tard en faveur de lentrée en guerre. »

La bataille de Verdun et l’entrée de la Roumanie dans la première guerre mondiale
La bataille de Verdun et l’entrée de la Roumanie dans la première guerre mondiale

, 22.08.2016, 12:57

Surnommée « la mère de toutes les batailles », « labattoir du monde » ou « la grande boucherie », la bataille de Verdun a été le plus grand carnage de la Première Guerre mondiale. Les avis des historiens et des mémorialistes sont partagés quant au nombre de morts et de blessés, mais tout le monde est daccord quil sest agit de centaines de milliers de victimes.





Pour le moral des Français et pour le sort de la guerre, limportance des fortifications de Verdun était immense. La ténacité de larmée allemande, acharnée contre larmée française, a cédé devant la résistance inouïe de celle-ci. Des les rangs de larmée française a jailli lexhortation mobilisatrice « Ils ne passeront pas ». Une exhortation a été adoptée, sous une forme légèrement modifiée, par larmée roumaine lors des combats de Mărăşeşti, Mărăşti et Oituz, pendant lété 1917: « Par ici on ne passe pas».







La bataille dil y a un siècle a été décisive pour la Roumanie aussi, puisquelle a déterminé lentrée de notre pays, qui était resté encore neutre, dans la Grande guerre. Alliée des puissances centrales depuis 1883, la Roumanie avait proclamé sa neutralité en 1914, au début de la guerre. La Roumanie navait pas honoré son alliance avec lAllemagne et lAutriche-Hongrie en raison du fait que les droits nationaux des Roumains nétaient pas respectés dans les territoires sous domination austro-hongroise. Pourtant, les relations économiques de la Roumanie avec les Puissances Centrales se sont poursuivies, le pétrole et les produits alimentaires roumain ravitaillant les armées des celles-ci.





On laissa à la Russie linitiative dattirer la Roumanie du côté de lEntente. Moscou considérait pourtant comme exagérées les prétentions de la Roumanie concernant lamélioration des droits des Roumains vivant au-delà des frontières du pays.





La bataille de Verdun fut le moment décisif qui obligea la Roumanie à prendre une décision historique. La France chavirait, sa résistance était mise à rude épreuve à Verdun et il fallait affaiblir loffensive allemande. La stratégie des militaires français était douvrir un nouveau front à lEst, pour que des troupes allemandes y soient déployées en faisant baisser la pression sur Verdun. Et la Roumanie devait consentir à sy engager. Lidée devait pourtant être présentée dans les termes diplomatiques de la persuasion et de la négociation. Lun des premiers à assumer cette tâche a été le nouvel ambassadeur de France à Bucarest.





Lhistorien Sergiu Iosipescu de lInstitut dEtudes politiques de défense et dhistoire militaire, explique : « Le 5 juillet 1916, à la veille de son départ pour Bucarest, le comte de Saint Aulaire présentait au président français le message envoyé par le premier ministre Ion Brătianu au représentant de la Roumanie à Paris, Lahovary. Brătianu promettait lentrée de la Roumanie en guerre dans 5-6 semaines si pendant ce laps de temps les munitions demandées commençaient à arriver. Le fait le plus remarquable est peut-être la prédiction du général Lyautey, protecteur du comte de Saint Aulaire, pour le départ de celui-ci en Roumanie : « Jai réfléchi à votre situation, comte. Très sincèrement, je crois que je dois vous féliciter. Jai reçu la carte de lEurope Centrale et Orientale et jai constaté que la Roumanie sagrandira et surtout, elle profiterait davantage suite à une défaite des Puissance centrales que si la Russie était vaincue. Lopinion publique roumaine, suffisamment puissante pour porter un Hohenzollern de lAlliance avec lAllemagne à la neutralité, le portera aussi de la neutralité à lengagement. La Roumanie suivra le geste de lItalie, la balance penchera tôt ou tard en faveur de lentrée en guerre. »




Pour convaincre la Roumanie de sortir de sa neutralité, lEntente lui a lancé une offre plus que généreuse: semparer des territoires de lEmpire de lAutriche-Hongrie habités par les Roumains parallèlement à une série de promesses quant aux garanties pour laprès-guerre. Nempêche: lambition de la France de voir la Roumanie rangée du côté de lEntente devait surmonter quelques difficultés. Primo, labsence dune armée capable de mener une guerre dune telle envergure. Secondo, il convient de mentionner le fait que les adeptes dune alliance avec les Grandes puissances centrales étaient pour la plupart des personnages influents dans la vie publique roumaine. La difficulté de vaincre les germanophiles se reflétait également dans la presse de lépoque et dans sa façon de présenter la bataille de Verdun et la guerre en général.





De lavis de lhistorien Alexandru Madgearu de lInstitut des études politiques de défense et de lhistoire militaire, à lépoque, la presse roumaine reflétait les réalités de la guerre compte tenu des sympathies francophiles ou germanophiles, selon le cas : «Lorientation politique des journaux influait sur leur façon de rédiger les commentaires et les news. Des publications telles Adevarul ou Universul étaient évidemment francophiles, tandis que tout le monde savait que le journal Minerva appartenait depuis septembre 1914 à un consortium allemand. Cela nexcluait pas ses tentatives davoir une approche objective. Mais, au fur et à mesure que le temps passait, Minerva perdait de son objectivité comme on pourrait le constater à feuilleter les numéros 24 et 26 parus en juillet 1916. A titre dexemple, dans son numéro 24, le journal écrivait que loffensive franco-anglaise ne facilitait pas la tâche des troupes françaises sur le champ de bataille de Verdun. Mais le soir même, le journal Adevarul citait le général Joffre affirmer que la victoire des alliés était certaine à 100%. Le 26 juillet, au 5ème jour de loffensive commune franco-anglaise, Minerva affirmait dans ses pages que loffensive de lEntente avait échoué et que les pertes dans les rangs des troupes françaises et anglaises étaient immenses. Pourtant, le jour même, un quotidien comme Universul publiait des informations encore plus détaillées et des sous-titres informatifs, tandis que dans son édition du 26 juillet, Adevarul se penchait sur les inexactitudes des communiqués officiels allemands».





Sur fond de guerre, le choix que la Roumanie a dû faire fut extrêmement difficile. Pourtant, le gouvernement visionnaire de Ion I.C. Bratianu a décidé du sort dun pays qui sest engagé sur le front de bataille pour payer avec du sang les quelques petites victoires enregistrées.

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