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Explorateurs roumains au bout du monde: Iulius Popper

L’explorateur-aventurier, le chercheur d’or et du paradis terrestre, auteur typique de récits de voyage, a été plutôt une rareté dans l’espace roumain. Des peu nombreux voyageurs roumains des 17e et 18e siècles, il nous reste à peine quelques notes. Envoyé par le tsar de Moscou, Alexeï Mikhaïlovitch, en Chine, entre 1675 et 1678, le connétable Nicolae Milescu a écrit une « Description de la Chine ».

Explorateurs roumains au bout du monde: Iulius Popper
Explorateurs roumains au bout du monde: Iulius Popper

, 03.04.2017, 13:03

Au 19e siècle, des noms d’explorateurs roumains commencent à figurer dans les encyclopédies fournissant des informations sur les endroits moins connus du monde. Parmi eux se retrouve celui de Iulius Popper. Ingénieur, explorateur, cartographe, Iulius Popper est né à Bucarest en 1857. Il était le fils d’un antiquaire, libraire, journaliste qui a enseigné à la première école de la communauté juive de Bucarest. Le futur explorateur allait faire ses études primaires et secondaires à Bucarest et des études supérieures à Paris. En 1879 il obtient son diplôme d’ingénieur de l’Ecole Polytechnique. Il commence sa carrière comme employé de la Compagnie du Canal de Suez. Jusqu’en 1883 il entreprend des voyages en Orient et en Alaska. C’est ainsi que commençait l’histoire d’un homme téméraire qui allait faire parler de la Roumanie dans le monde.

C’est Evelin Fonea, journaliste de la revue « Réalités juives » de Bucarest, qui nous conduit aujourd’hui sur les traces de l’explorateur et aventurier Iulius Popper : « En 1967, lors du 150e anniversaire de l’indépendance de l’Argentine, Iulius Popper figurait parmi les personnalités honorées pour avoir contribué à la fondation de l’Etat argentin. Il a été un des pionniers ayant colonisé la Terre de Feu. Téméraire et toujours poussé par le démon de l’aventure, Iulius Popper allait parcourir Constantinople, l’Inde, la Chine et le Japon. Il se dirigea ensuite vers de nouveaux horizons : Suez, la Sibérie, l’Amérique du Nord, pour arriver, après quelques petits arrêts, au Mexique, où il a réalisé la meilleure carte du pays et rédigé le Journal des forestiers. Du Mexique, il porta ses pas vers le Brésil. En 1885, on le retrouve en Argentine, devenue sa seconde patrie. Il allait explorer ensuite le sud de la Patagonie, en quête de gisements aurifères, convainquant le gouvernement argentin de lui accorder son appui. Les résultats de la première expédition dirigée par Popper ont été insatisfaisants. Une deuxième expédition, beaucoup mieux préparée, lui suivit, qui apporta les résultats souhaités ».

Popper allait s’établir à la Terre de Feu, où il commence une mission de colonisation. En Terre de Feu, Popper a jeté les bases de plusieurs exploitations aurifères, il a fondé des habitats et construit une ligne de navigation maritime entre El Paramo et Buenos Aires. Il a également construit une voie ferrée à écartement réduit. Son timbre de circulation locale datant de 1891 est devenu une des raretés philatéliques actuelles. Durant sa quête de l’or à El Paramo, Popper a inventé un engin pour décanter l’or de l’eau de mer. Son invention a été brevetée et utilisée dans plusieurs pays d’Amérique du Sud et d’Afrique du Sud. Les résultats de ses recherches se sont matérialisés en articles, études, cartes, brochures, livres… « La Grande encyclopédie » parue à la fin du 19e siècle le mentionne parmi les explorateurs les plus importants de l’époque.

Evelin Fonea ajoute des détails sur les expéditions de Popper : « En septembre 1886, Popper part enfin, avec deux petits navires – « Madona del Carmine » et « Maria Luiza » dans l’expédition dont il avait si longtemps rêvé, affrontant de nombreux dangers. En 1888 a lieu une deuxième expédition, cette fois-ci couronnée de succès. Il transforma la colonie d’El Paramo en une petite ville dont il devint le gouverneur. Il s’est occupé de l’organisation la ville, il a construit des ponts et des chaussées, il a créé une instance judiciaire, une milice, il a frappé de la monnaie en or et imprimé un timbre à son effigie. La nostalgie de son pays natal a valu à sa seconde patrie des noms de rivières et de plaines telles : Punta Sinaia, Monte Lahovary, Rio Rosetti, Rio Ureche, des toponymes comme Valea Iaşilor, Parcul Broşteni. Il est intéressant de noter que des paysans roumains ont figuré parmi les colonisateurs et que leurs descendants se désignaient eux-mêmes comme « hijos de rumanos ».

Malgré les distances énormes qui se séparaient de son pays et de la très grande période de temps qu’il a passée au Nouveau Monde, Iulius Popper est resté sans cesse en contact avec la Roumanie. Il a entretenu des relations étroites notamment avec l’historien, écrivain et membre de l’Académie roumaine V.A. Urechia, qui soutenait la science roumaine.

Evelin Fonea explique : « En 1887, Iulius Popper est nommé membre correspondant de la Société roumaine de géographie. C’est là que, grâce à V.A. Urechia, à l’époque ministre de l’Instruction publique, les communications scientifiques réalisées par Popper dans ces terres lointaines furent réunies. Popper offrit à Urechia un album relié en peau de phoque et en velours rouge et une plaque portant l’inscription « Tierra del Fuego » faite de l’or trouvé sur la plage de Punta Sinaia. »

Le 7 juin 1893, Iulius Popper, âgé de 36 ans seulement, a été trouvé mort dans sa chambre de Buenos Aires, la cause du décès étant apparemment une attaque cardiaque. Il a été enterré dans une fosse commune appartenant à la municipalité de la capitale argentine. Sa personnalité et ses voyages ont inspiré les écrivains, dont Radu Tudoran. Son roman «Toate pânzele sus », porté à l’écran en 1970, compte parmi les plus populaires. En 2001, à l’occasion du 125e anniversaire de la Société géographique roumaine, les conférences de Popper ont été publiées dans le volume « Voyages extraordinaires », qui réunit de nombreux autres noms de la recherche géographique roumaine. (Trad. : Dominique)

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