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Et la démocratie roumaine renaquit

En mars 1945 était instauré, par le chantage soviétique, le gouvernement dirigé par Petru Groza, contrôlé par le parti communiste. Jusqu’en 1989, cette date a été considérée par le régime communiste comme un véritable moment fondateur. En fait, le gouvernement Groza a supprimé la démocratie en Roumanie pour près d’une cinquantaine d’années. Le modèle communiste, c’était d’inoculer dans la tête des gens une manière de concevoir le monde du point de vue de l’Etat construit sur l’idéologie marxiste-léniniste. L’Etat gérait tout, en commençant par l’économie et jusqu’aux loisirs des citoyens, et il s’ingérait partout. L’Etat communiste est responsable d’avoir atrophié la pensée libre, d’avoir hypertrophié la haine et l’intolérance, d’avoir anéanti le libre arbitre.

Et la démocratie roumaine renaquit
Et la démocratie roumaine renaquit

, 21.12.2015, 14:56

Le début des manifestations anticommunistes de Timişoara du 16 décembre 1989 a été ce que presque tous les Roumains attendaient. Les historiens et les politologues ont dit que l’année 1989 a été celle du retour à la démocratie, un retour que le citoyen lambda a conçu surtout comme une restitution des nécessités élémentaires qui définissent l’être humain. Et la politique est redevenue l’esprit le plus parfait dans lequel un citoyen peut exprimer tout ce qu’il sent devoir partager dans l’espace public. Le 22 décembre 1989, la fuite de Nicolae Ceauşescu du toit du Comité central du parti communiste roumain a été le signal de la rupture des chaînes/du déchaînement, celui de la renaissance. Aux heures et aux jours euphoriques d’après la chute de Nicolae Ceauşescu suivit l’habitude de la nouvelle situation. Cela allait apporter, très vite, une attitude de négation de la victoire obtenue par le sang, de profonde frustration et de sentiment d’impuissance à changer l’état de choses au plus vite. Le cynisme et la nostalgie ont remplacé le triomphe.

Le politologue Ioan Stanomir pense que le 22 décembre 1989 a tous les attributs d’un moment fondateur, et dans ce cas, d’un moment de nouvelle fondation : « Le 22 décembre, c’est indiscutablement le point final de l’intervalle communiste. Il convient de souligner cela parce que certains des hommes politiques qui se sont affirmés après décembre 1989 ont tenté de minimiser la dimension anticommuniste-démocratique des manifestations populaires qui ont mené à la chute du régime Ceauşescu. J’insiste sur cette dimension. Il ne s’est pas agi seulement d’écarter un dictateur qui a déshonoré ce pays, mais aussi d’affirmer certaines valeurs qui, même si elles n’étaient pas très clairement précisées, se subsumaient à un désir d’éliminer le régime communiste avec tout son cortège de privations matérielles et de restrictions politiques dramatiques des libertés. »

La refonte de la démocratie roumaine s’est faite à grand-peine et quelques pierres de touche ont existé, qu’elle a dépassé avec de gros efforts. La première a été l’héritage du passé communiste et ce à quoi il a servi dans la nouvelle société. L’héritage, c’était la réforme économique qui a conduit à des licenciements, la fermeture de fabriques et d’usines et l’incertitude du lendemain. La deuxième, ce fut le retour à la Roumanie de l’avant-1945 et au regard critique sur l’héritage démocratique d’il y a 50 ans. La troisième, et non la dernière, a été le sentiment de l’inutilité du sacrifice des jeunes pendant la révolution. En dépit du désir de se séparer du passé récent, les gens sont arrivés à ressentir la démocratie comme un fardeau. Se débarrasser des tares du communisme s’avérait un processus de longue haleine que peu ont compris correctement alors : comme un effort douloureux de séparation du bien public du mal public, de porter un regard sur le passé et un vers l’avenir.

Ioan Stanomir : « Le 22 décembre, c’est comme Janus, un événement à deux faces. C’est, d’une part, le moment de célébration de la liberté, et de l’autre, c’est le moment où commence l’aventure des terroristes. S’il n’y avait pas eu les terroristes ni les morts survenues dans des circonstances extrêmement difficiles à tirer au clair jusqu’à maintenant, peut-être que le 22 décembre aurait eu une autre postérité. Il ne faut pas oublier qu’il existe un Cimetière des héros de la révolution et que les personnes enterrées là ont été tuées suite à l’action des mystérieux terroristes de l’après-22 décembre 1989. »

La démocratie roumaine renaissait et le pluralisme des opinions était un signe de guérison sociétale. Les partis historiques supprimés par le parti communiste renaissaient, les gens étaient libres de proposer des idées et de passer à l’action. Leurs voix étaient de plus en plus écoutées et le comportement des politiciens connaissait un processus d’adéquation à la demande de l’électorat.

Ioan Stanomir explique : « Le 22 décembre 1989 a été effectivement un moment de fraternité et de fraternisation ; puis il y a eu, assez vite, une désunion profonde du corps politique. Les citoyens de Roumanie ont été divisés, et les facteurs qui les ont divisés ont été le Front du salut national et Ion Iliescu, en assumant de manière partisane l’héritage du 22 décembre et en le confisquant au bénéfice d’un parti-Etat. Ce fut le commencement de la fin pour ce rêve-là, cette illusion de la fraternité. Le 22 décembre est resté un simple jour, ce qui a suivi a été en série historique la tragédie des terroristes, le mois de janvier 1990 avec les manifestations des partis démocratiques et leur répression violente, le mois de février 1990, mars 1990 et les incidents de Târgu Mureş, la manifestation Place de l’Université et ensuite la descente des gueules noires de juin 1990. »

Le 22 décembre 1989, la Roumanie savait ce qu’elle avait à faire après avoir échappé à la forme la plus détestable de tyrannie de son histoire : le communisme. La démocratie libérale était de retour et, malgré tous ses manquements, elle restait le meilleur système politique pour lequel 1200 des meilleurs Roumains avaient trouvé la mort. (Trad. Ligia Mihaiescu)

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