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Bucarest sous occupation

En décembre 1916, la ville de Bucarest était occupée par les armées des Puissances centrales et les autorités roumaines trouvaient refuge à Iasi. Le régime de l’occupation a été plutôt dur et traitait la Roumanie comme un pays vaincu. Une paix qui a été signée entre les Puissances centrales et la Roumanie en mars 1918 à Bucarest, mais elle ne fut jamais ratifiée par le Roi Ferdinand Ier. Heureusement, l’occupation s’est achevée en novembre 1918, à la fin de la Première Guerre mondiale, une guerre qui a fait pas moins de 10 millions de morts. L’historien Sorin Cristescu de l’Université Spiru Haret de Bucarest a analysé le régime de l’occupation militaire instauré par l’armée allemande, dès son entrée dans la Capitale roumaine. « Plusieurs colonnes des armées victorieuses sont entrées à Bucarest. Le maréchal Mackensen a pris une automobile décapotable pour arriver au Palais royal de Bucarest avant les troupes austro-hongroises. Ce palais lui a été d’ailleurs offert pour qu’il installe sa résidence. Il n’a pourtant pas utilisé ce bâtiment, choisissant la maison Meitany. L’administration allemande s’est installée à Bucarest. Elle allait durer 707 jours, disait un chroniqueur de l’époque. Ce furent 707 jours sous la culture du poing allemand, selon le titre d’un livre. »

Bucarest sous occupation
Bucarest sous occupation

, 16.01.2017, 14:37

En décembre 1916, la ville de Bucarest était occupée par les armées des Puissances centrales et les autorités roumaines trouvaient refuge à Iasi. Le régime de l’occupation a été plutôt dur et traitait la Roumanie comme un pays vaincu. Une paix qui a été signée entre les Puissances centrales et la Roumanie en mars 1918 à Bucarest, mais elle ne fut jamais ratifiée par le Roi Ferdinand Ier. Heureusement, l’occupation s’est achevée en novembre 1918, à la fin de la Première Guerre mondiale, une guerre qui a fait pas moins de 10 millions de morts. L’historien Sorin Cristescu de l’Université Spiru Haret de Bucarest a analysé le régime de l’occupation militaire instauré par l’armée allemande, dès son entrée dans la Capitale roumaine. « Plusieurs colonnes des armées victorieuses sont entrées à Bucarest. Le maréchal Mackensen a pris une automobile décapotable pour arriver au Palais royal de Bucarest avant les troupes austro-hongroises. Ce palais lui a été d’ailleurs offert pour qu’il installe sa résidence. Il n’a pourtant pas utilisé ce bâtiment, choisissant la maison Meitany. L’administration allemande s’est installée à Bucarest. Elle allait durer 707 jours, disait un chroniqueur de l’époque. Ce furent 707 jours sous la culture du poing allemand, selon le titre d’un livre. »

L’occupation a été particulièrement dure. Les gagnants ont profité pleinement de la faiblesse des vaincus, affirme l’historien Sorin Cristescu :« Ce fut une période de pillage organisé, exercé sur la population civile, qui a été obligée d’offrir de grandes quantités de sucre et des draps. Les occupants ont confisqué toutes les grilles et les autres objets en métal, même les cloches des églises, pour les transformer en canons. L’occupation a impliqué aussi des restrictions de circulation. Les Allemands ont également essayé d’exterminer à l’arme à feu tous les chiens errants de Bucarest. A en croire le politicien Constantin Argetoianu, toutes les prostituées de la ville ont été ramassées et internées dans une caserne à Mizil. Là elles ont été soumises à des examens médicaux et celles qui étaient malades ont été soignées au compte de l’Etat. Les Allemands étaient admirés par des personnalités roumaines de l’époque. Parmi eux, les hommes politiques conservateurs Alexandru Marghiloman et Petre P. Carp. Ce dernier disait que « jamais les rues de Bucarest n’avaient été aussi bien balayées. Ces Allemands auraient dû rester encore une dizaine d’années pour nous transformer vraiment en citoyens modernes. »Mais le pillage de la population civile, le pillage de tout ce qui était agriculture et pétrole, a pris des proportions démesurées. Vu que les sondes de pétrole avaient été détruites par les autorités roumaines qui se retiraient, Mackensen a décidé de les remettre en service. Une centaine de milliers de prisonniers roumains ont été questionnés s’ils avaient travaillé dans l’industrie pétrolière. Ceux qui avaient répondu oui ont obtenu le droit de rester en Roumanie, alors que les autres furent envoyés en Allemagne. En six mois, l’industrie extractive roumaine a été remise en fonction. »

Quel a été le comportement des autres troupes d’occupation ? Il s’agit des armées bulgare, turque et austro-hongroise. Réponse avec l’historien Sorin Cristescu de l’Université Spiru Haret de Bucarest. « Les Bulgares sont devenus célèbres, une triste célébrité d’ailleurs, pour avoir pillé la fameuse pâtisserie Capsa, qui possédait aussi une riche collection de liqueurs fines, et la Bibliothèque de l’Académie roumaine. Ils avaient essayé d’emporter des manuscrits. Le moment le plus important a eu lieu en janvier 1917, lorsque les Bulgares ont volé les reliques de Saint Dimitri Basarabov. Durant ce rude hiver, les Bulgares ont mis les reliques du saint dans une automobile qui est tombée en panne lors du passage du Danube. Et même si la voiture n’était pas tombée en panne, le maréchal allemand von Mackensen aurait de toute façon annihilé cette tentative de vol. L’historien de l’art Alexandru Tzigara Sarmucaş est allé voir Mackensen, lui a expliqué la situation, et le maréchal allemand a ordonné que les Bulgares soient capturés et que les reliques soient restituées. Pour ce qui est des soldats turcs, ils se sont contentés de prendre les deux canons qui flanquaient la statue de Michel le Brave de Bucarest. C’étaient deux canons que l’armée roumaine avait capturés à Pleven en 1877 durant la Guerre d’indépendance de la Roumanie contre l’Empire ottoman. Les deux pièces d’artillerie ont été glorieusement récupérées par l’armée turque. Il n’y a rien à signaler au sujet de l’armée austro-hongroise qui a occupé Bucarest. »

La conquête du sud de la Roumanie et de la ville de Bucarest a constitué un véritable coup donné par les armées des Puissances centrales. Explication avec Sorin Cristescu :« En lisant les mémoires, parfois risibles, des Allemands participants à la campagne d’occupation de la Roumanie, on découvre que ceux-ci avaient appelé cette opération, la campagne « du coq gras » parce qu’ils ont trouvé sur place d’immenses quantités de nourriture. Une fois arrivés dans les restaurants bucarestois, les Allemands ont commandé tout ce qu’il y avait sur la carte. Certes, ils ont payé, mais en fin de compte, l’idée c’est qu’ils ont mangé tout ce qu’ils ont souhaité. Le problème, c’était que les troupes d’occupation à Bucarest étaient principalement des soldats de la deuxième ligne. En quelques semaines, ces soldats ont refait leur santé tellement bien que les médecins militaires les ont déclarés aptes à combattre dans les premières lignes du front. Et alors, les soldats ont cherché à se déclarer touchés par toute sorte de maladies. Durant l’occupation, le général von Morgen a ordonné à chaque soldat d’envoyer à la maison 12 kilos d’aliments. Hélas, aucun soldat allemand ne pouvait rentrer chez lui durant les permissions avec de la nourriture, selon les ordres du même von Morgen. En Allemagne, les gens mourraient carrément de faim durant la guerre. Sans la conquête du sud de la Roumanie, de la plaine du Baragan, la situation aurait été beaucoup plus difficile pour les civils allemands. En Allemagne, les autorités ont annoncé avoir conquis toute la Roumanie, même si en fait, seulement deux tiers du pays étaient tombés dans les mains des Allemands. Les familles allemandes qui avaient des membres dans les troupes d’occupation en Roumanie étaient rassurées. Les combats s’étaient achevés et ils recevaient chaque mois une douzaine de kilos d’aliments. Mais à l’été 1917, un coup de foudre s’est abattu sur l’Allemagne : plus de 10 mille soldats étaient tombés dans des batailles livrées dans des localités aux noms assez étranges : Mărăşti, Mărăşeşti, Oituz ».

L’occupation de Bucarest s’est achevée après près de deux ans, en novembre 1918, par la joie de la victoire et le retour à la normalité. Bucarest devenait ainsi la capitale d’un pays beaucoup plus grand : la Grande Roumanie.

Foto: Iulia Opran/RRI
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