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70 années depuis l’abdication du roi Michel

L’abdication du roi Michel fut suivie par l’instauration de la république, une nouvelle forme de gouvernance, dépourvue de toute légitimité en raison notamment de la manière dont l’ordre de droit a été modifié.

70 années depuis l’abdication du roi Michel
70 années depuis l’abdication du roi Michel

, 08.01.2018, 13:48

Le souverain a raconté à plusieurs reprises le déroulement de ce jour qui a changé en fait l’histoire de la Roumanie contemporaine, la manière dont les leaders communistes lui ont présenté le document d’abdication. D’autres témoignages décrivent une atmosphère pesante dans laquelle on pouvait ressentir la brutalité du nouvel ordre communiste. Un de ces témoignages appartient au sous-lieutenant Milos Pavel, officier du bataillon de la Garde royale, celui qui a commandé le dernier peloton à saluer officiellement le roi de Roumanie le 30 décembre 1947.

Le bataillon de la Garde royale était subordonné au ministère de la Défense comme toute autre unité de l’armée roumaine. Les cadres, les officiers et les sous-officiers bénéficiaient des mêmes droits à la solde que les autres militaires. Les membres de la Garde portaient pourtant un uniforme un peu différent pour des raisons de protocole. Le bataillon était formé de quatre compagnies, deux pour chaque résidence royale, respectivement à Bucarest et à Sinaia. Chaque compagnie comptait une centaine de militaires divisés en trois pelotons. Le bataillon n’était muni que d’armes légères d’infanterie, soit de pistolets mitrailleurs et de fusils utilisés uniquement pour le service de garde.

Interviewé en 1997 par le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, Milos Pavel racontait comment les militaires étaient acceptés dans le bataillon de la Garde royale : « Les officiers détachés dans cette unité d’élite de l’armée roumaine étaient les meilleurs de leurs générations ; certains avaient étudié dans des écoles militaires étrangères, d’autres avaient fait preuve de mérites professionnels exceptionnels dans leur activité militaire en Roumanie. L’origine sociale des officiers n’étaient pas un critère de sélection. Moi, je suis fils de paysan et les trois camarades de ma génération provenaient de la classe moyenne : fonctionnaires, commerçants etc. Et même dans le cas des soldats recrutés pour la Garde royale, le critère social n’était pas important. En revanche, ils devraient être non seulement cultivés mais aussi assez athlétiques, hauts de plus d’un mètre 80 et assez beaux garçons parce qu’ils participaient à des missions de protocole. »

A l’automne 1947, la compagnie de garde du Château de Peles à Sinaia était commandée par le capitaine Mihail Georgel. Milos Pavel était en charge d’un de ces pelotons et le 30 décembre 1947 un officier qui avait bénéficié d’une permission pour Noël devait le remplacer.

Milos Pavel : « Le matin du 30 décembre 1947, à 8h30, j’étais le dernier officier de la garde de Peles à avoir l’occasion de saluer officiellement Leurs Majestés le roi Michel et la reine Mère à l’occasion de leur départ pour Bucarest, conformément aux règles du protocole qui visaient un tel déplacement. A midi, j’ai été remplacé par mon camarade qui rentrait de sa permission de Noël et j’ai commencé à préparer mon départ pour un village où j’allais fêter le Nouvel An. Afin d’encaisser la solde à laquelle j’avais droit, je devais passer par la caserne du Palais Victoria de Bucarest, où se trouvait la caisse du bataillon. C’est pourquoi, vers 13 heures, je suis parti pour Bucarest dans un camion de l’administration du Palais qui transportait du personnel civil et du matériel entre les différentes résidences royales. »

Afin de simplifier sa tâche, le gouvernement communiste a remplacé la Garde royale du palais royal de Bucarest par des militaires de la division « Tudor Vladimirescu », formée de prisonniers roumains d’URSS, qui avaient rejoint l’armée soviétique. Milos Pavel se souvenait aussi de son arrestation dès son arrivée à Bucarest.

Milos Pavel : « Le temps était morose, une météo typiquement hivernale, avec peu de neige mais avec un froid polaire et du brouillard, surtout en montagne. En raison de ces conditions hivernales, je suis arrivé à 16 heures à Bucarest. Notre véhicule devait entrer dans la cour du Palais Victoria via l’entrée de service. Le long du voyage, je n’ai observé aucun indice sur le fait qu’un événement avait eu lieu dans la vie et l’histoire du peuple roumain. La porte d’entrée était gardée d’habitude par un soldat de la compagnie de garde de Bucarest, qui connaissait toutes les plaques d’immatriculation des véhicules du Palais, portant le symbole SR – Service royal. Mais cette fois-ci nous avons été arrêtés et par deux militaires équipés et armés à la façon des soldats russes, l’unique différence étant le fait qu’ils parlaient roumain et portaient sur le bras gauche les enseignes de la Division Tudor Vladimirescu, le symbole de la trahison et de la honte. Ce fut le moment où tout mon esprit et mon âme ont été frappés comme par un coup de tonnerre, issu de la tension qui s’était emparée de la Roumanie cet automne-là. L’inévitable s’était produit et le peuple roumain pénétrait dans l’inconnu. Le personnel civil du Palais Victoria fut escorté au bureau de l’administration et moi-même en tant qu’officier, j’ai été emmené à la caserne de la compagnie de garde. C’est là que je suis tombé sur mes camarades officiers du bataillon de garde qui y avaient été surpris par les évènements. Ils étaient tous dépourvus d’armes, , alors que les soldats étaient placés sous haute surveillance dans leurs dortoirs. »

Ainsi prenait fin la monarchie roumaine, dernière redoute de la démocratie face à l’assaut du régime communiste. Les Roumains se sont résignés et ont dû adapter leur vie aux nouvelles réalités. (Trad. Alex Diaconescu)

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