10e anniversaire de l’adhésion de la Roumanie à l’OTAN
Steliu Lambru, 07.04.2014, 13:24
Tout a commencé le 29 mars 2004, date à laquelle la Roumanie intégrait de facto l’OTAN, dans ce qui a été appelé « la deuxième vague d’adhésions ». S’en suivirent 10 ans de présence active dans le cadre de l’Alliance sur les théâtres de guerre. 26 militaires roumains ont trouvé la mort, jusqu’à présent, en Irak et en Afghanistan.
L’historien Adrian Pop, de l’Ecole nationale des sciences politiques et de l’administration de Bucarest, a expliqué pourquoi la Roumanie ne s’était pas retrouvée aux côtés de la Pologne, de la République tchèque et de la Hongrie, dans la première vague d’adhésions. « La Roumanie avait été initialement prise en compte pour la première vague d’élargissement, au sommet de l’OTAN de Madrid, en 1997. Le désir d’intégration ne s’est pas pour autant matérialisé à ce moment-là, la candidature de la Roumanie n’étant pas appuyée par les pays clé, principalement les Etats-Unis et l’Allemagne. C’était une période de rivalités autour du contrôle de la 6e Flote basée en Méditerranée. La France, qui soutenait la candidature de Bucarest, visait cette position de contrôle, or l’admission de pays sur le flanc sud-est aurait offert à la France un atout en ce sens. Dans le même temps, les Etats-Unis voulaient garder le contrôle de cette flotte, ce qui a fait de la Roumanie un dégât collatéral dans un conflit d’intérêts opposant des puissances importantes de l’Alliance. Notre pays a également perdu la chance d’avoir une bonne relation avec l’Allemagne, qui joue un rôle essentiel dans la partie européenne de l’OTAN. Bucarest et Berlin ont eu une relation difficile après 1990. Le chancelier Helmuth Kohl a été le premier leader européen à vouloir se rendre en Roumanie après 1990, mais le gouvernement roumain de l’époque n’a pas souhaité donner cours à cette intention. Le premier haut responsable occidental à visiter la Roumanie dans la première partie des années 1990 a été le ministre français des affaires étrangères Roland Dumas. Somme toute, le contexte ne nous a pas été favorable de ce point de vue-là. Il faut dire aussi que la Roumanie n’avait pas non plus parcouru toutes les étapes nécessaires pour préparer ce moment. »
A la frontière entre le 20e et le 21e siècle, le monde était en train de changer, les options de politique étrangère des principaux acteurs mondiaux ont connu des modifications de substance. Le 11 septembre 2001 a contribué décisivement à la redéfinition du rôle de l’OTAN dans le monde. La Roumanie allait en profiter, en y ajoutant aussi son propre engagement dans la voie du changement. Adrian Pop. « Après les attaques terroristes de 2001, le contexte a radicalement changé. La région de la Mer Noire est redevenue extrêmement importante, car on s’était rendu compte de son statut de zone de transit pour ce défi lancé à la sécurité mondiale qu’est le terrorisme transnational. Il était très important que des pays comme la Roumanie et la Bulgarie intègrent le système de sécurité occidental parce que l’Occident se mettait mieux à l’abri de cette menace. Ce contexte modifié a facilité l’invitation au sommet de l’OTAN de Prague, en 2002, ratifiée deux ans plus tard. En 2004, l’organisme militaire roumain était lui aussi beaucoup mieux préparé, au bout d’un parcours très sinueux. Avant 1989, la Roumanie avait une armée de 370.000 militaires, assez mal équipée et mal dotés, sans souplesse ni flexibilité. Cette armée a progressivement diminué ses effectifs et renversé la pyramide de commande. Le nombre excessif d’officiers supérieurs a baissé, la structure interne devenant plus normale en termes de grades inférieurs. Et puis, les contextes intérieur et extérieur ont également facilité l’intégration de la Roumanie dans l’OTAN. »
Quels ont été les bénéfices économiques du nouveau statut de la Roumanie? Adrian Pop. « Il est bien connu que l’appartenance à une alliance politique et militaire, sachant que c’est l’alliance la plus couronnée de succès de l’histoire, cette appartenance s’accompagne de garanties aux yeux des investisseurs potentiels. Les investissements ont augmenté par rapport à la période précédente, bien qu’en dessous des chiffres espérés par la Roumanie. D’ailleurs, pendant longtemps, nos relations économiques avec les Etats-Unis ont été plutôt précaires, même après notre adhésion. Cette situation a changé au fur et à mesure. Dans le même temps, la Roumanie a bénéficié du parapluie de sécurité garanti à l’article 5 du Traité de Washington. Dans un contexte plus délicat, plus belliqueux, comme c’est le cas aujourd’hui aussi, cela est un atout important pour un pays situé à l’extrémité de l’OTAN et à proximité de la Fédération de Russie. »
Aucun être humain ne cherche la guerre, qui s’accompagne de morts et de tragédie. Mais pour décourager tous ceux qui veulent imposer aux autres leur propre agenda politique non démocratique et nourrir des rêves impérialistes, il faut s’appuyer sur la démocratie, la force militaire et la solidarité, autant de valeurs fondamentales de l’Alliance de l’Atlantique du Nord. (trad.: Ileana Taroi)