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100 ans depuis la signature du Traité de Trianon

Le Traité dessinait sur la carte de l’Europe de nouveaux Etats, telles la Yougoslavie, la Tchécoslovaquie, ou encore la Hongrie, partie de l’ancienne Autriche-Hongrie défaite, alors que d’autres Etats, telle la Roumanie, voyaient leur territoire s’agrandir. Suite au Traité de Trianon, le royaume de Roumanie intégrait en son sein le Banat, la Bucovine, le Crisana, le Maramures et encore la Transylvanie, jusqu’alors provinces de l’empire d’Autriche-Hongrie, mais où les Roumains étaient majoritaires. Au mois de mars 1918, la Bessarabie, province roumaine de Russie, avait rejoint le royaume de Roumanie par la volonté nationale, en suivant le principe de l’autodétermination. Le Traité de Trianon établissait aussi les frontières de la nouvelle Hongrie avec ses voisins, soit l’Autriche, la Tchécoslovaquie, puis aussi avec la future Yougoslavie et la Roumanie.

100 ans depuis la signature du Traité de Trianon
100 ans depuis la signature du Traité de Trianon

, 31.08.2020, 12:07

Le Traité dessinait sur la carte de l’Europe de nouveaux Etats, telles la Yougoslavie, la Tchécoslovaquie, ou encore la Hongrie, partie de l’ancienne Autriche-Hongrie défaite, alors que d’autres Etats, telle la Roumanie, voyaient leur territoire s’agrandir. Suite au Traité de Trianon, le royaume de Roumanie intégrait en son sein le Banat, la Bucovine, le Crisana, le Maramures et encore la Transylvanie, jusqu’alors provinces de l’empire d’Autriche-Hongrie, mais où les Roumains étaient majoritaires. Au mois de mars 1918, la Bessarabie, province roumaine de Russie, avait rejoint le royaume de Roumanie par la volonté nationale, en suivant le principe de l’autodétermination. Le Traité de Trianon établissait aussi les frontières de la nouvelle Hongrie avec ses voisins, soit l’Autriche, la Tchécoslovaquie, puis aussi avec la future Yougoslavie et la Roumanie.

La Première guerre mondiale s’était achevée au mois de novembre 1918, lorsque l’Allemagne avait capitulé devant les forces franco-anglo-américaines. Mais la population magyare et ses élites n’étaient pas résignées devant le sort qui leur était préparé. Des révoltes, fomentées selon le modèle bolchévique, embrasèrent le pays. La république soviétique hongroise, qui prit le dessus à Budapest, déclencha ainsi la guerre contre la Tchécoslovaquie et la Roumanie, pour récupérer les territoires perdus suite aux conditions imposées par les Alliés. Les victoires remportées par les armées tchécoslovaque et roumaine ont cependant vite fait de mettre un terme à la Hongrie soviétique, et ont mené à l’occupation de Budapest par l’armée roumaine. Au début de 1920, les conditions étaient remplies pour que le traité de paix avec cette dernière soit, enfin, signé. L’historien Ioan Scurtu nous raconte l’atmosphère délétère qui régnait au début de l’année 1920 dans la moitié est de l’ancien empire d’Autriche-Hongrie : « Le Traité de Trianon est le résultat d’âpres disputes avec la délégation hongroise à la Conférence de paix, qui bataillait ferme pour maintenir l’intégrité territoriale de la Hongrie historique, contestant les revendications des Roumains, des Slovaques, des Croates et des Slovènes, rattachés par la suite à des Etats nouvellement constitués. Il fut finalement signé lorsque la délégation hongroise, dirigée par Albert Apponyi, s’est rendu à l’évidence devant le principe de l’autodétermination nationale, promu par les autres délégations. Le président de la Conférence, le premier-ministre français Alexandre Millerand considérait que les peuples avaient exprimé leur volonté à l’automne 1918, en décidant de prendre leurs destinées en main. Cela fait que les arguments avancés par la délégation hongroise, qui soutenait la thèse du maintien des frontières de la Hongrie millénaire et faisait sortir l’épouvantail des catastrophes à venir dans l’éventualité de son démembrement, n’ont pas été suivis. »

La Roumanie eut gain de cause à Trianon, non seulement parce qu’elle faisait partie du camp des vainqueurs, mais aussi et surtout parce qu’elle avança des arguments de poids à l’occasion. Ioan Scurtu : « L’argument de poids a été la décision prise par l’Assemblée nationale d’Alba Iulia, une assemblée largement représentative, avec ses 1228 délégués élus, originaires de toutes les circonscriptions de Transylvanie, et qui sont venus en ayant pour mandat impératif de voter l’union de la Transylvanie avec la Roumanie. Mais il y a eu encore la convention du mois d’août 1916, suite à laquelle la Roumanie est entrée en guerre du côté de l’Entente. Cette convention traçait en détail les frontières de la future Roumanie en cas de victoire des Alliés, en ce y compris ses frontières avec la Hongrie. Enfin, notons aussi l’importance de la contribution de l’armée roumaine pendant la guerre. En effet, l’entrée en guerre de la Roumanie à l’été 1916 a fait baisser la pression allemande sur le front français, car il fallait qu’une partie des troupes allemandes et autrichiennes aillent faire face aux Roumains ; Et puis il y a eu aussi ces batailles héroïques de Mărăști, Mărășești, Oituz, à l’été 1917, et qui ont fait subir d’importantes pertes aux Puissances centrales, facilitant ainsi la victoire finale, de 1918, de l’Entente. »

Parlant de l’union de 1918, scellée par le Traité de Trianon, le grand historien Nicolae Iorga écrivait : « Notre hommage doit s’adresser à tous les Roumains, depuis le plus haut gradé militaire et politique et jusqu’au dernier paysan qui a pris l’habit militaire ».

Et s’il est parfaitement vrai que la victoire a été le résultat de l’effort de la nation, il est tout aussi vrai que la Roumanie pouvait s’enorgueillir d’avoir eu à sa tête des personnalités d’exception. Ses souverains d’abord, le roi Ferdinand 1er et la reine Marie, ouvrent avec honneurs la liste, suivis de près par les hommes politiques, tel l’ancien président de Conseil Ion I. C. Brătianu, Iuliu Maniu, Vasile Goldiș, Ștefan Cicio-Pop, George Pop de Băsești, Ion Inculeț, Pantelimon Halipa, Ion Nistor, et encore par des militaires, tels le sous-lieutenant Ecaterina Teodoroiu, le capitaine Grigore Ignat, les généraux Constantin Prezan, Alexandru Averescu, Eremia Grigorescu, et par bien d’autres. Mais la Roumanie avait chèrement payé le triomphe magnifique remporté à l’issue de la guerre. Ioan Scurtu :« Le royaume de Roumanie a payé d’abord le prix du sang. Près de 800 mille Roumains y ont laissé leurs vies : Dans les combats, à cause des pandémies, des maladies, sacrifiés sur l’autel de la patrie pendant ces deux années de guerre. Des pertes matérielles et spirituelles ensuite. Les occupants allemands, autrichiens, bulgares et turcs ont mis à sac les régions qu’ils avaient occupées. Puis, n’oublions pas l’affaire du trésor, que le gouvernement roumain, pendant son exile de Iasi, avait décidé de mettre à l’abri en Russie. Deux convois, le premier parti au mois de décembre 1916, le second au mois de juillet 1917, ont acheminé le trésor de la Roumanie dans une Russie embrasée par la révolution bolchévique. Plus de cent ans après, ce trésor, déposé de bonne foi entre les mains et dans la responsabilité de l’Etat russe n’a toujours pas été recouvert, alors que la partie russe convenait dans l’accord signé à l’occasion qu’elle en assumait la responsabilité ».

Il y a cent ans, le Traité de Trianon scellait le rapport de forces en vigueur et la volonté de la majorité des gens d’alors. Une page d’histoire venait de se tourner, une autre commençait. (Trad. Ionut Jugureanu)

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