1.La première attestation de Suceava.2. L’abolition de l’esclavage en Valachie
La première attestation de Suceava, capitale de la principauté roumaine de Moldavie au XIV- siècle
Steliu Lambru, 11.02.2013, 13:51
La première attestation de Suceava, capitale de la principauté roumaine de Moldavie au XIV- siècle
La ville de Suceava est un des plus anciens habitats urbains de la Moldavie médiévale. Rappelons que la Moldavie, grande région qui couvre l’Est du pays, est une des 3 principautés historiques roumaines et Suceava fut sa première capitale.
L’apparition de cette ville est liée à la fondation de l’Etat médiéval de Moldavie. Vers la moitié du 14e siècle, un groupe de Roumains du Maramures, contrée de l’extrême nord de la Roumanie actuelle, dirigés par un chef local appelé Dragoş, étaient chargés par le roi Louis Ier de Hongrie de protéger ce territoire-tampon qu’était la Moldavie contre les Tatars, qui la menaçaient à l’Est.
Après la consolidation de l’Etat de Moldavie, pendant le dernier quart du 14e siècle, Suceava allait être, pendant deux cents ans, une résidence princière.
Quelle est l’étymologie du nom de cette ville? Les spécialistes ont formulé deux hypothèses:
Selon la première, il paraît qu’au 17 siècle, des pelletiers hongrois se seraient installés à Suceava. Or, en hongrois, le nom qui désigne le manteau de fourrure est szücs. C’est donc ce mot magyar qui se trouverait à l’origine du nom de Suceava, dérivé de szücs auquel on avait ajouté le suffixe roumain –eavă. On suppose que la nouvelle vocable signifiait pelleterie”
Selon la deuxième hypothèse – moins plausible — le nom de la ville de Suceava serait un dérivé du mot soc” — sureau, à l’aide du suffixe slave -va”, ce qui aurait donné un mot signifiant forêt de sureaux”.
A part son nom, nous avons conservé de l’habitat médiéval de Suceava les deux cités entre lesquelles il s’est développée. La première est située au nord-ouest de la ville, au sommet d’une colline de 384 mètres d’altitude — et à 80 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle faisait partie du système de fortifications construit par le prince régnant Petru Ier à la fin du 14e siècle. Au début du 15e siècle, pendant le règne du voïvode Alexandru cel Bun — Alexandre le Bon — cette cité a été abandonnée. A présent elle est en ruine. Elle figure, en tant que site archéologique, sur la liste des monuments historiques du comté de Suceava.
La deuxième cité — qui est la cité princière de Suceava — se trouve dans l’est de la ville, sur un plateau situé à 70 mètres d’altitude. Construite, elle aussi, par le voïvode Petru Ier, agrandie par ses descendants et renforcée par le prince régnant Etienne le Grand, elle fut détruite en 1675. Tout comme l’autre cité, elle est actuellement en ruine et figure sur la même liste des monuments historiques du comté.
La cité médiévale de Suceava était multiethnique, habitée, par des Roumains, des Allemands, des Hongrois et des Arméniens. Son économie était fondée sur le commerce.
Pendant le règne d’Alexandru Lăpuşneanu, vers la moitié du 16e siècle, la capitale de la Moldavie allait être transférée à Iaşi, mais Suceava allait servir de résidence à d’autres princes régnants moldaves jusqu’au début du 17e siècle.
2. L’abolition de l’esclavage dans la Province historique de Valachie
Dans les principautés roumaines, la révolution de 1848 compte parmi les repères de la modernité. Fruits des échanges de plus en plus intenses avec l’Occident et de la sortie de sous l’influence pluriséculaire des Ottomans, les Roumains, tout comme les autres nations d’Europe centrale et orientale, cherchaient leur propre chemin pour arriver au développement économique et culturel. Les révolutionnaires roumains ont été les promoteurs de la majorité des idéaux de modernisation, vecteurs de l’émancipation sociale, politique et économique. La nouvelle société se proposait de libérer l’homme de son asservissement et de stimuler sa créativité. Sur cette toile de fond, l’esclavage semblait être l’héritage le plus rétrograde du passé. A l’époque, la servitude économique existait toujours dans l’espace roumain. Mais hormis certaines catégories de paysans, il y avait aussi un asservissement racial, beaucoup plus dur, appliqué aux Roms. C’était en fait une forme d’esclavage puisque les tziganes n’étaient pas libres, mais appartenaient à un propriétaire.
L’origine de l’esclavage de cette population se perd dans la nuit des temps. A commencer par le 13e siècle, les tribus de roms nomades du nord-ouest de l’Inde ont été rattachées aux armées mongoles et amenées dans des campagnes militaires en tant qu’auxiliaires. Dans les principautés roumaines, les esclaves tziganes étaient divisés en trois catégories, selon leurs propriétaires : l’Etat, l’Eglise et les particuliers. L’esclavage a été une institution bien réglementée dans la société médiévale et moderne roumaine. Les lois stipulaient clairement quelles étaient les droits ou mieux dire l’absence de droits et à quel traitement il pouvait être soumis. Le grand obstacle que les libéraux roumains ont dû surmonter a été l’opposition des propriétaires de tziganes de les libérer de leur statut humiliant, inhumain. Pour les abolitionnistes, l’esclavage était une pratique inacceptable dans la société moderne qui allait être édifiée. L’idée de l’abolition a difficilement pénétré la société, puisque les premières demandes datent de 1837 — 1838. Peu à peu, à la veille de la révolution de 1848, elle est devenue de plus en plus populaire. Vu que les arguments humanitaires en faveur de l’abolition de l’esclavage ont eu peu de succès, les abolitionnistes roumains ont décidé d’analyser l’efficacité économique de l’esclavage.
Mihail Kogălniceanu et Ion Cîmpineanu, ce dernier étant le premier boyard roumain a libérer ses esclaves roms en 1837, ont mené des campagnes abolitionnistes acharnées dans la presse et, dans leurs interventions publiques, ils insistaient sur le manque de rentabilité de l’esclavage. Entretenir une armée d’esclaves était une affaire trop coûteuse et ne justifiait pas les bénéfices provenant du travail apparemment gratuit de ces personnes. Après 1850, les boyards propriétaires d’esclaves ont finalement compris la nécessite économique de l’abolition de l’esclavage. Le 8 février 1856, le prince valaque Barbu Stirbey signait la loi qui libérait de l’esclavage 250 mille personnes, soit 7% de la population du pays. ( trad.: Dominique, Alex Diaconescu)