L’OTAN : 75 ans d’existence et de nouveaux défis
Les menaces hybrides, qui combinent des éléments militaires, politiques, économiques et informationnels, constituent un défi actuel des plus inquiétants. Sur la chaîne Euronews, le journaliste Cătălin Lența précise qu’il faudrait se rappeler dans le contexte l’objectif premier de la constitution de cette alliance, qui a été celui de rechercher une réponse adéquate, au besoin militaire, aux menaces extérieures.
Corina Cristea, 19.04.2024, 09:25
L’OTAN doit s’avérer prête à répondre aux menaces hybrides
A l’heure de l’anniversaire de ses 75 ans d’existence l’OTAN se trouve face à de nouveaux défis : guerre en Ukraine, conflit au Moyen-Orient, mais aussi résurgence du terrorisme. L’Alliance doit s’avérer par ailleurs prête à répondre aux menaces hybrides, qu’il s’agisse des cyberattaques, des campagnes de désinformation ou encore des campagnes censées déstabiliser l’un ou l’autre des Etats membres. Les menaces hybrides, qui combinent des éléments militaires, politiques, économiques et informationnels, constituent un défi actuel des plus inquiétants. Sur la chaîne Euronews, le journaliste Cătălin Lența précise qu’il faudrait se rappeler dans le contexte l’objectif premier de la constitution de cette alliance, qui a été celui de rechercher une réponse adéquate, au besoin militaire, aux menaces extérieures. « Et puis l’on se souvient qu’après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis étaient déjà moins amicaux envers l’URSS. Et cette alliance était censée contrer d’éventuelles actions militaires agressives menées par l’Union Soviétique en Europe. Où en sommes-nous aujourd’hui ? L’on peut dire que l’on se retrouve à la case départ, soit tenter de contrer l’agression russe en Europe. Et nous assistons à cette agression depuis 2014, lorsque la Russie a annexé illégalement la Crimée. Et puis rebelote en février 2022, lorsque la Russie envahit l’Ukraine et occupe un sixième du territoire ukrainien. Nous voyons quotidiennement l’agressivité russe à travers les déclarations extrêmement belliqueuses et vindicatives de la Russie à l’égard de la Pologne, des États baltes, de la Roumanie et de la Bulgarie. Moins de la Hongrie, qui entretient encore de bonnes relations avec Moscou », souligne Cătălin Lența. Pourtant, l’Alliance de l’Atlantique Nord a résisté sans faiblir face aux forces du Pacte de Varsovie et s’est constamment adaptée aux défis de sécurité qui n’ont cessé de surgir, a pour sa part déclaré le général Adrian Duţă, vice-président du Centre euro-atlantique pour la résilience. Adrian Duta :
« L’OTAN s’est non seulement adaptée aux menaces imposées par l’Union soviétique, mais elle s’est développée et s’est élargie grâce au partage des mêmes valeurs et des mêmes intérêts. Comme vous le savez, l’OTAN est passée d’une alliance entre 12 États au départ à 32 aujourd’hui. Mais l’environnement de sécurité particulièrement complexe et les défis auxquels nous devons faire face actuellement sont aussi bien plus nombreux. C’est pourquoi des pays comme la Suède et la Finlande, après de nombreuses années de neutralité, ont pris le virage et ont formulé leur demande d’adhésion à l’OTAN. »
Pour l’OTAN, la meilleure défense est la dissuasion
Comme on pouvait s’y attendre, l’Ukraine et son soutien face à l’agression russe ont dominé la célébration des 75 ans d’existence de l’Alliance de l’Atlantique Nord, en particulier dans le contexte de l’accroissement de la pression militaire russe et du ralentissement du soutien militaire occidental. Actuellement, les alliés analysent un cadre financier de 100 milliards de dollars qui permettrait à l’OTAN de maintenir la défense de l’Ukraine même dans la perspective de la victoire de Donald Trump aux élections américaines. Certains alliés ont également annoncé leur soutien à l’initiative tchèque visant à acheter des armes et des munitions à des pays tiers afin d’augmenter le volume des livraisons à Kiev. Si l’on dit que la meilleure défense est l’attaque, pour l’OTAN la meilleure défense est la dissuasion et c’est au sommet de Vilnius, d’il y a presque un an, que l’OTAN a élaboré ses nouveaux plans de défense et de dissuasion, des plans qui concernent également notre pays, a déclaré le secrétaire général adjoint de l’OTAN, Mircea Geoană, invité sur les ondes de Radio Roumanie le 2 avril dernier, le jour même la Roumanie célébrait son adhésion à l’Alliance :
« L’on parle certes d’un renforcement de la défense, de la présence militaire, des technologies militaires utilisées, et tout cela a un effet dissuasif, car la Russie est au courant de toutes ces avancées. Au besoin, nous activerons l’article 5 du Pacte, mais nous espérons toujours que cela ne soit jamais nécessaire. Il n’a été activé qu’une seule fois lors de l’attaque des Etats-Unis le 11 septembre 2001. Il n’y a jamais eu de guerre sur le territoire de l’OTAN. Il n’y a jamais eu de guerre sur le territoire de l’OTAN depuis 75 ans. Et je crois que cette belle histoire de l’OTAN se poursuivra encore pendant de nombreuses décennies. »
Près de 50.000 soldats roumains ont été engagés sur les théâtres d’opérations de l’OTAN
Pour l’armée roumaine, la période comprise entre la sortie du totalitarisme et le sommet de l’OTAN à Prague en 2002 a été marquée par un vaste processus de réformes et de modernisation qui lui a permis de s’aligner aux normes de l’Alliance. Une fois devenue membre à part entière, les soldats roumains ont testé leurs capacités sur divers théâtres d’opérations, aux côtés des troupes d’autres Etats membres. Aussi, près de 50.000 soldats roumains ont été engagés sur les théâtres d’opérations en Afghanistan, en Irak et dans les Balkans occidentaux. Actuellement, la Roumanie comprend la base militaire de l’Alliance de Deveselu, qui accueille des capacités du bouclier antimissile stratégique, l’aéroport de Kogălniceanu (sud-est) et des centres de formation en Transylvanie (centre). Avec la guerre en Ukraine, Bucarest a acquis une importance stratégique accrue. La région de la mer Noire, longtemps ignorée en dépit des avertissements roumains, s’est avérée vitale dans le contexte actuel de la guerre en Ukraine. Par ailleurs, la Roumanie poursuit son programme d’aide à Kiev, accueille l’un des centres de formation des futurs pilotes ukrainiens sur F-16 et est devenu un acteur majeur dans le processus de déminage de la mer Noire. (Trad. Ionut Jugureanu)