Traditions de Noël
Noël est une des
fêtes les plus aimées de l’année. Moment essentiel de la transformation du
temps, la Nativité et les autres fêtes d’hiver sont célébrées par les Chrétiens
du monde entier avec altruisme et empathie, ne serait-ce que pour les quelques
jours festifs. Pour l’espace roumain, sont bien connus les chants de Noël et
les repas de fêtes qui réunissent chaque année tous les membres de la famille.
Monica Chiorpec, 27.12.2020, 13:00
Noël est une des
fêtes les plus aimées de l’année. Moment essentiel de la transformation du
temps, la Nativité et les autres fêtes d’hiver sont célébrées par les Chrétiens
du monde entier avec altruisme et empathie, ne serait-ce que pour les quelques
jours festifs. Pour l’espace roumain, sont bien connus les chants de Noël et
les repas de fêtes qui réunissent chaque année tous les membres de la famille.
Ileana Morariu, propriétaire du Musée pastoral
de la commune de Jina, dans le département de Sibiu, raconte : « Le
plus beau et le plus ancien est le chant de Noël des juni. Ce sont des groupes de jeunes hommes
âgés d’une vingtaine d’années, qui, autrefois, avaient déjà fait leur service
militaire, et qui n’avaient jamais été mariés. Un tel groupe se réunit autour
de la Saint Nicolas, le 6 décembre, pour préparer et répéter les chants de Noël.
Les Juni parcourent
le village en chantant, la veille de la fête de la Nativité. Bien sûr, tout le
monde les reçoit les bras ouverts, content que les jeunes du village annoncent
la Nativité par leurs chants. Toujours à Noël, il y a aussi les Crai, une autre coutume
très ancienne. Les Crai
sont des garçons, en particulier des élèves de gymnase. Les filles vont chanter
Steaua (l’Etoile)
et d’autres cantiques particulièrement beaux. À travers les voisinages, les
anciens du village vont aussi proclamer la Nativité. Toujours à Noël, les
filleuls avaient le devoir d’apporter au parrain une très grande couronne
préparée à base de farine extraite de blé propre – comme on dit. Cette
couronne, appelée colac,
était cuite dans le four de chaque maison et c’était une occasion pour que les
filleuls rencontrent leurs parrains et discutent de sujets propres à chaque
famille. »
Dans certaines
communautés, les traditions sont restées presque inchangées pendant des
siècles. Dans le nord de la Roumanie, les traditions de Noël sont restées en
grande partie non entachées d’influences modernes. Natalia Lazăr, directrice du Musée du Pays d’Oaș,
explique : «Noël est une fête chrétienne très importante au
département de Maramureș et dans les zones ethnographiques qui le composent.
Les fêtes qui se chevauchent avec un substrat païen ou préchrétien sont importantes,
et je voudrais mentionner comme très important le chant d’un groupe d’hommes,
qui est sur la liste UNESCO du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. En
même temps, il y a les spectacles avec des personnages masqués, tous ces
spectacles dramatiques qui font référence d’une part à la composante religieuse
et, d’autre part, au substrat païen. On sait que dans presque tous les pays de
l’Europe Centrale et du Sud-Est, sont pratiquées des coutumes avec des masques.
L’histoire des masques populaires roumains commence, bien naturellement, avec
la création de masques primitifs et de jeux de masques, qui renvoient aux
métiers de base: chasseur, éleveur d’animaux ou agriculteur, mais aussi à la
vie de la famille, la naissance des enfants, le mariage, la mort ou les
coutumes du calendrier, les jours fériés de l’année. »
Chanter des noëls
avec des masques est une des coutumes de la Nativité spécifiques au Pays d’Oaș.
Chaque année, les jeunes des villages parcourent les rues et sont accueillis
avec joie dans chaque foyer. Les artisans créent les masques à la fois comme
objets rituels, mais aussi comme emblèmes des communautés auxquelles ils
appartiennent. Le colac
(la couronne) offert aux groupes de chanteurs par les hôtes des maisons est un
symbole solaire, et les bâtons utilisés par les membres des groupes étaient
considérés comme des « arbres de vie », ajoute Natalia Lazăr :
« Parmi les coutumes encore vivantes au Maramureş, je mentionne le
chant de la Chèvre,
qui rappelle les anciennes processions dionysiaques, ou le Viflaim, cette forme de
théâtre populaire chrétien, toujours vivante dans la Vallée d’Iza ou de Mara,
ou encore au Pays d’Oaş. Je voudrais aussi évoquer deux traditions moins
attestées, pourtant vivantes dans la mémoire collective. Le jeu des Pères Noël fait
référence à ce temps sacré, lorsque le ciel s’ouvre et les deux mondes
communiquent. L’enterrement de Noël ou de la vieille année est un rituel qui
rappelle la mort et la renaissance de l’homme et de la nature. Une coutume
encore bien vivante dans la localité de Cavnic est celle des Brondoși, qui rappellent
les invasions tatares. Selon la légende, en 1717, les Brondoşi ont sauvé la bourgade de la
destruction, en effrayant les envahisseurs tatars. Chaque année, cette coutume
des Brondoși est perpétuée à Cavnic. Je voudrais mentionner d’autres formes de
préservation de ces traditions de Noël, à savoir les festivals. Le Festival des
traditions et des coutumes d’hiver Marmaţia, de Sighet, qui a lieu chaque
année, les deuxième et troisième jours de Noël, ou celui de Negreşti-Oaş (dans le nord de la Roumanie). »
Si dans les villages d’autrefois, Noël était l’occasion de rétablir
l’équilibre de la communauté, la période précédant cette fête se transforme,
surtout pour les habitants des villes, en un marathon de shopping. Les cadeaux
pour les proches, le sapin de Noël, les ornements et les plats cuisinés sont
indispensables. Bien que la situation extraordinaire de cette année impose des
mesures de protection sans précédent, Noël reste pour nous tous une occasion de
se réjouir dans l’espoir d’un nouveau départ. (Şt.B)