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Se divertir dans l’ancienne Ploieşti

Ville pétrolière et capitale dun département montagneux, au un beau potentiel touristique, la ville de Ploiești a été une agglomération urbaine florissante, à lentre-deux-guerres.

Se divertir dans l’ancienne Ploieşti
Se divertir dans l’ancienne Ploieşti

, 03.12.2023, 10:30

Ville pétrolière et capitale d’un département
montagneux, au un beau potentiel touristique, la ville de Ploiești a été une
agglomération urbaine florissante, où les possibilités de se divertir étaient
nombreuses à l’entre-deux-guerres. Certaines en ont été même importées de
Bucarest par des habitants de Ploiești désireux de faire de la concurrence sur
un pied d’égalité aux habitants de la capitale. Ce fut ainsi le cas de la bataille
de fleurs, qui avait lieu du côté de « la Chaussée », autrement dit
la périphérie-nord bucarestoise de l’époque. Dans la ville du département de Prahova,
la bataille de fleurs, dont les débuts remontent aux années d’avant la Grande
Guerre, a marqué une pause pendant la conflagration pour reprendre après la fin
de celle-ci. C’était un divertissement printanier qui s’arrêtait à la fin du
mois de juin et au début des vacances d’été.

Lucian Vasile, auteur du livre
« Il était une fois à Ploiești. Bataille de fleurs, football et concours
de miss/A fost odată la Ploiești. Bătăi cu flori, fotbal și concursuri de
miss », nous en donne des détails : « La bataille de
fleurs a été un événement important emprunté à la capitale avant la première
guerre mondiale. La Chaussée bucarestoise était remplacée par le principal boulevard
local, évidemment à une échelle visiblement moindre que celle de la capitale,
mais la passion, la verve et la révolte populaire étaient les mêmes. Cette
dernière a peut-être été plus forte à Ploiești, car la ville était plus petite
et les zones vertes étaient, de toute évidence, moins nombreuses ; alors
la suppression de la circulation sur le boulevard central durant un week-end
énervait au maximum ceux qui ne pouvaient pas se permettre de participer à
l’événement, faute d’argent. C’est pourquoi, dans les années 1920, plusieurs
articles de presse pointaient l’absence d’espaces verts et la mise à l’écart
des habitants pauvres de la ville, qui se voyaient interdire l’accès à l’une des
rares zones de détente. Ça s’arrêtait à la Saints Pierre et Paul, quand l’année
scolaire aussi prenait fin. Après cette date, la ville sommeillait durant la
saison chaude. À l’époque, les températures estivales ressemblaient beaucoup à
celles d’aujourd’hui, et le beau monde local se réfugiait dans des stations de
vacances à l’étranger, ou bien aux résidences secondaires détenues dans la
région. »



Dans le même
temps, les habitants moins fortunés de Ploiești s’amusaient aux foires locales,
surtout au début de l’automne, après la récolte des fruits et légumes et les
vendanges. L’historien Lucian Vasile raconte : « Si la bataille
de fleurs suspendait la vie de la ville au début de l’été, trois mois plus
tard, au début de l’automne, il y avait la foire connue sous le nom de « Aux
canons/La tunuri », qui ouvrait pratiquement la nouvelle année scolaire et
la nouvelle saison de la vie mondaine. C’était le moment où l’élite locale
rentrait à Ploiești, mais la foire était plutôt un amusement populaire. Le moût
n’avait pas de connotation sociale, le divertissement était très accessible,
car la partie « foire du trône » était simple et très peu chère:
balançoire, tir à la carabine, installations pour tester la force physique et
autres. C’était un divertissement pour le petit peuple, qui durait entre quatre
et six semaines et s’arrêtait à l’arrivée du froid, quand les gens se
retiraient à l’intérieur des restaurants, estaminets et autres tavernes. »

Les habitants de la ville de Ploiești
aimaient aussi, et beaucoup, le
football, affirme Lucian Vasile:
« L’ascension de ce sport est
spectaculaire. En 1907 ou 1908, les gens de Ploiești le considéraient comme une
perte de temps et même comme un sport étrange. Eh bien, une vingtaine ou une
trentaine d’années plus tard, Ploiești s’était transformé en un épicentre du
football national, avec deux clubs présents dans la première ligue nationale.
L’un était le club Prahova, financé par l’industriel néerlandais Jacob Kopes,
l’autre était le club Tricolorul, appartenant à la Société des chemins de fer
Ploiești-Văleni. La société, qui était financièrement profitable, a investi des
fonds impressionnants dans le club, mais les résultats ont été décevants. Non
seulement le club a raté le titre de champion national, il a même réussi à être
relégué en ligue inférieure. Mais, à la fin des années 1930, les primes de jeu
et les salaires des joueurs étaient notoires. Même à cette époque-là, le
football se révélait un motif de scandale et de rixes. Il y a eu un moment,
vers la fin des années 1920, quand le préfet de police de la ville, énervé par
la défaite de l’équipe locale, est entré sur le terrain et s’est mis à
distribuer des coups de poing et de pied à gauche et à droite. »



Ville multiethnique, Ploiești
a aussi été le témoin de passe-temps traditionnels des étrangers qui y avaient
choisi domicile. Ce fut, par exemple, le cas de la communauté allemande, assez
nombreuse, raconte l’historien Lucian Vasile: « Les
Allemands avaient construit une salle pour leur communauté. Sur les fondations
de cette salle se dresse aujourd’hui la Philharmonie de la ville. Dès la fin du
XIXème siècle, des membres de la communauté allemande s’y rencontraient pour
chanter dans une chorale ou pour jouer aux quilles et au billard. Ce qui était
une nouveauté absolue dans la vie de la ville c’était le fait que les femmes y
étaient totalement acceptées. Or, dans la société patriarcale de ces temps-là,
c’était une curiosité: comment se faisait-il que, chez les Allemands, les
femmes jouaient au billard avec les hommes, sans aucune différence ? Les
autres communautés étaient plutôt bien intégrées, ne souhaitant pas tellement
préserver une identité séparée. »


Malheureusement, la précarité et les
restrictions apportées par le régime communiste à partir de 1947, une grande
partie de ces divertissements ont disparu, tout comme la bonne humeur des gens.
(Trad. Ileana Ţăroi)

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