Personnalités de la Grande Guerre
Ce fut une période de combats acharnés et de sacrifices, Bucarest fut occupé par l’armée allemande ; pourtant, le pays sortit de la guerre renforcé — et unifié en 1918. Les hommes politiques et les militaires qui se sont distingués pendant cette période sont de nos jours des héros de la nation et leur passage à travers différents lieux et villes a été soigneusement étudié. L’Association « Histoire de l’Art » a récemment mis en œuvre un projet consacré aux personnalités de la Première Guerre mondiale et à leurs maisons bucarestoises — des villas plus ou moins somptueuses situées dans des zones historiques de la capitale et dont certaines ont subsisté. L’une d’entre elles se trouve dans un quartier aménagé au début du 20e siècle, suite au parcellement Ioanid. Un grand nombre de villas magnifiques y ont été construites, dont l’une a appartenu à Vintilă Brătianu, maire de la capitale et frère cadet du libéral Ionel Brătianu, premier ministre et un des artisans de la Grande Roumanie. Oana Marinache, de l’Association « Histoire de l’Art », retrace en quelques mots la biographie de Vintilă Brătianu, maire de Bucarest.
Christine Leșcu, 23.12.2018, 13:19
Ce fut une période de combats acharnés et de sacrifices, Bucarest fut occupé par l’armée allemande ; pourtant, le pays sortit de la guerre renforcé — et unifié en 1918. Les hommes politiques et les militaires qui se sont distingués pendant cette période sont de nos jours des héros de la nation et leur passage à travers différents lieux et villes a été soigneusement étudié. L’Association « Histoire de l’Art » a récemment mis en œuvre un projet consacré aux personnalités de la Première Guerre mondiale et à leurs maisons bucarestoises — des villas plus ou moins somptueuses situées dans des zones historiques de la capitale et dont certaines ont subsisté. L’une d’entre elles se trouve dans un quartier aménagé au début du 20e siècle, suite au parcellement Ioanid. Un grand nombre de villas magnifiques y ont été construites, dont l’une a appartenu à Vintilă Brătianu, maire de la capitale et frère cadet du libéral Ionel Brătianu, premier ministre et un des artisans de la Grande Roumanie. Oana Marinache, de l’Association « Histoire de l’Art », retrace en quelques mots la biographie de Vintilă Brătianu, maire de Bucarest.
« Il a approuvé le parcellement du Jardin Ioanid en 1909 et, à la fin de son mandat, il a gardé pour lui la plus grande parcelle de la zone. La partie couverte de végétation, c’est-à-dire le jardin ou le parc du quartier, n’était pas adjacente à sa propriété. Après la mort de Ionel Brătianu, en 1927, son frère cadet, Vintilă, prend les rênes du parti, mais il mourra, lui aussi, trois ans plus tard. Avant de se trouver à la tête du Parti libéral, entre 1907 et 1910, il a été maire de Bucarest. »
La maison de Vintilă Brătianu, érigée selon les projets du grand architecte Petre Antonescu, est encore debout, rue Aurel Vlaicu. Oana Marinache.
« On y retrouve un amalgame d’influences et de styles. Solide et volumineuse, elle rappelle les demeures fortifiées d’Olténie. Le portail a été créé sous l’influence de l’architecture spécifique de la zone collinaire bordant les Carpates. On y décèle aussi l’influence de l’architecture monastique, surtout de celle propre aux enceintes des monastères de Valachie. C’est une construction qui devient vite représentative pour l’architecture du début du 20e siècle. En général, les grandes personnalités politiques transmettent un message non seulement par leurs déclarations et leurs activités politiques, mais aussi par leur façon de vivre. Ainsi, après la Grande Union de 1918, dans les maisons des personnalités de l’époque fait son apparition le poêle transylvain. On met ainsi en évidence des éléments appartenant à la province pour laquelle tant de Roumains avaient lutté et sacrifié leur vie. Il s’agit d’un poêle en faïence avec des dessins en bleu ou en vert sur un fond clair. Dans tous les manoirs des boyards et dans toutes les maisons des hommes politiques de cette époque, on retrouve cette décoration à valeur symbolique et politique. »
C’est dans un bureau de cette maison que, le 4 août 1916, on aboutissait à un accord secret avec l’Entente, accord qui allait être approuvé, par la suite, par le Conseil de la Couronne et en vertu duquel la Roumanie allait entrer en guerre. Un des militaires s’étant distingué dans cette guerre a été le général Henri Cihoski, participant au combat de Mărășești et adjoint au sein du Grand Etat-major. En décembre 1920, il fut chargé de réorganiser l’armée de Transylvanie, province qui avait réintégré depuis peu la mère patrie. Une année plus tard, Henri Cihoski se voyait confier la mission de superviser les cérémonies de couronnement du roi Ferdinand mais aussi le chantier de la Cathédrale de l’Union d’Alba Iulia. Sa maison de Bucarest avait une architecture moderne. Bâtie selon les projets de l’architecte Alexandru Săvulescu, elle fut achevée en 1934. Elle se trouve toujours dans une zone située à proximité du Parc Ioanid. Dans les années 1930, le roi Carol II a récompensé les officiers qui s’étaient distingués pendant la guerre, en leur offrant des terrains. Henri Cihoski a compté parmi ses officiers. C’est dans cette maison, où il habitait avec toute sa famille, qu’il fut arrêté par les communistes en mai 1950, pour s’éteindre, 11 jours plus tard, dans la prison de Sighet.
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Le sort d’un autre officier ayant participé à la Première Guerre mondiale, le général Ioan Dragalina, ne fut pas meilleur. Il est mort en 1916, après avoir défendu la frontière ouest du pays, en tant que commandant de la première division d’infanterie basée à Drobeta Turnu Severin. Oana Marinache raconte :
« Le 12 octobre 1916, le général Dragalina part, en voiture, accompagné probablement par quelqu’un d’autre à part le chauffeur, pour une mission de reconnaissance. Ils sont surpris par une rafale de balles et attaqués par l’armée austro-hongroise. Il s’en tire, sur le moment, mais il est blessé à l’épaule. On le transporte à Bucarest, sur l’ordre du roi. Pourtant, en raison du grand retard enregistré par les trains, une septicémie se déclenche et le 24 octobre il meurt dans d’atroces souffrances. »
Durant l’entre-deux-guerres, les enfants du général allaient recevoir, à la mémoire de leur père, un terrain à Bucarest issu du parcellement Bonaparte, devenu par la suite le Parc Ferdinand Ier. A cet endroit se trouve, de nos jours, une des zones résidentielles les plus chic de la capitale : la zone des rues portant des noms de capitales.
(Trad. : Dominique)