Orheiul Vechi et son musée archéologique
Direction la République de Moldova, pour découvrir un musée archéologique intéressant situé à Orheiul Vechi. Candidat pour figurer sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, ce complexe archéologique et muséal est une des principales attractions touristiques du pays voisin. Histoire.
Eugen Cojocariu et Ion Puican, 01.12.2024, 10:14
Orheiul Vechi, le site culturel moldave le plus important
Le complexe muséal Orheiul Vechi se trouve dans la vallée de la rivière Răut, un affluent sur la droite du Dniestr, sur le territoire de la République de Moldova. La réserve culturelle et de la nature Orheiul Vechi bénéficie d’un statut spécial et représente le site culturel moldave le plus important. Il est aussi candidat à être inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Le site inclut plusieurs dizaine d’hectares de terrain de l’ancienne ville médiévale d’Orhei (agglomération humaine datant des XIIIème–XVIème siècles), plus tard appelée Orheiul Vechi / le Vieux Orhei (après l’abandon de l’agglomération initiale et la fondation d’une autre ville portant le même nom – l’actuelle Orhei, sise dans le « raion »/département d’Orhei de la République de Moldova).
Le complexe est composé de deux grands promontoires (Peștere et Butuceni), trois promontoires adjacents de moindres dimensions (Potarca, Selitra et Scoc), sur lesquels se trouvent des ruines de fortifications, d’habitations, de bains et de lieux de culte (y compris de monastères rupestres) datant de la période tatare-mongole (XIIIème et XIVème siècles) et de la période moldave (XVème et XVIème siècles).
Témoignage de l’histoire des lieux
Le complexe Orheiul Vechi représente un système composé d’éléments culturels et naturels: paysage naturel archaïque, biodiversité, cadre archéologique exceptionnel, diversité historico-architecturale, habitat rural traditionnel et originalité ethnographique. L’agglomération médiévale d’Orheiul Vechi a traversé plusieurs périodes de développement: du XIIème au XIVème siècle, la période précédant l’invasion tatare-mongole, avec le début du développement de la communauté, lorsque la forteresse en bois et terre battue semble avoir été construite ; la période dite de l’« Horde d’Or » au XIVème siècle, quand la forteresse en pierre a été érigée. Entre les XIVème et XVIème siècle, la colonie a été incluse dans l’Etat moldave ; ce fut une période de transformation du bourg oriental en bourg moldave. La forteresse en pierre a été réparée et fortifiée à l’époque du prince Etienne le Grand (1438-1504). Les années 60 du XVème siècle ont vu se dresser la forteresse d’Orhei, un point de défense des frontières orientales du pays contre les invasions tatares.
Les invasions et incursions des Tatares à l’été 1469 ont poussé le prince Etienne le Grand à prendre des mesures pour consolider la capacité défensive du pays le long du fleuve Dniestr, démarrant ainsi d’importants travaux de constructions d’une forteresse avec des fortifications à Orhei. Les fouilles archéologiques, qui ont mis au jour les fondations de la forteresse, et des documents d’époque parlent de ces événements. Ainsi, le document signé par Etienne le Grand le 1er avril 1470 mentionne pour la première fois un « pârcălab », c’est-à-dire un commandant militaire de la forteresse d’Orhei, qui remplissait des fonctions militaires et administratives, selon les coutumes de l’époque ; le déclin s’amorce au milieu du XVIème siècle jusqu’au début du XVIIème, lorsque les habitants abandonnent Orheiul Vechi pour s’établir dans la nouvelle bourgade d’Orhei, que nous connaissons aujourd’hui ; la forteresse en pierre est détruite.
Conserver le patrimoine moldave
Ștefan Chelban, chef du Service Archéologie et Ethnographie de la Réserve, a parlé de l’histoire du Vieux Orhei:
« Orheiul Vechi est une réserve culturelle et de la nature créée en 1968, qui a connu plusieurs restructurations et réorganisations à travers le temps. La réserve contient sept localités, son but étant de conserver les patrimoines naturel et culturel des lieux. Ce fut, d’ailleurs, une des raisons essentielles de la création de la réserve, s’agissant d’une des zones les plus denses en matière d’objectifs du patrimoine archéologique, ethnographique et immatériel, et ainsi de suite. C’est une zone où le patrimoine culturel est encore bien préservé. »
Des monastères rupestres
Les monastères rupestres d’Orheiul Vechi représentent un ensemble de vestiges rupestres localisés dans les rochers de calcaire de la vallée de la rivière Răut. Cet ensemble particulièrement attractif pour les touristes contient environ 350 vestiges rupestres, dont une centaine représente des salles creusées par des mains humaines, celles qui restent étant en réalité des formations karstiques, regroupées dans six complexes. On y trouve des monastères bien définis, des églises souterraines, des galeries et des cellules monastiques.
Ștefan Chelban donne davantage de détails: « Ceci est probablement le point central pour un grand nombre de gens, mais il faut savoir que la réserve offre beaucoup d’autres choses. Par exemple, les ruines de la ville tatare du XIVème siècle, qui méritent d’être visitées ; cela inclut aussi les ruines de la plus grande, comme superficie, mosquée d’Europe du Sud-Est de l’époque. »
Un modèle d’architecture
Aux dires de Ștefan Chelban, le Musée d’ethnographie d’Orheiul Vechi est un modèle d’architecture traditionnelle de la fin du XIXème siècle et du début du XXème dans la région centrale de la République de Moldova. La rénovation du bâtiment, réalisée avec des fonds européens, a uniquement employé des techniques et des matériaux traditionnels. Ștefan Chelban a enfin ajouté que le monastère était habité par douze moines, car il y a douze cellules individuelles. L’année précise de sa construction n’est pas connue, mais cela aurait eu lieu entre le XIVème siècle et XVème siècle. (Trad. Ileana Ţăroi)