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Mircea Eliade, l’inédit

En été 1942, le
romancier, historien des religions, mythologue et philosophe Mircea Eliade,
faisait une petite halte à Bucarest, entre la fin de son mandat diplomatique à
Londres et le début de celui à l’Ambassade de Roumanie à Lisbonne. Agé de 35 ans,
il allait voir pour la dernière fois son pays et sa ville natale, Bucarest, qui
deviendrait par la suite le décor de nombre de ses récits fantastiques. C’est
au cours de ce bref séjour bucarestois qu’il confia à sa famille toutes ses
archives personnelles de manuscrits, de documents et de livres scientifiques en
pensant les récupérer en 1942, date à laquelle il comptait revenir en Roumanie.
L’histoire en a décidé autrement, en rendant son retour impossible jusqu’à sa
mort, en 1986. C’est sa sœur, Corina, qui prit donc soin de toutes ses archives
jusqu’en 1989, année de son décès. Après cette date, une bonne partie des
documents s’est perdue, empêchant les experts de les étudier plus en détails.
Heureusement, l’Institut d’histoire des religions de l’Académie roumaine est
arrivé à en récupérer plusieurs présentés au public dans le cadre d’une
exposition intitulée « Les manuscrits inédits de Mircea Eliade ».
Eugen Ciurtin, à la tête de l’Institut, nous présente le parcours tumultueux
que l’Etat roumain pour retrouver tous ces manuscrits dont certains avaient
tout de même été emportés par Eliade dans ses bagages le jour de sont départ
pour Lisbonne.

Mircea Eliade, l’inédit
Mircea Eliade, l’inédit

, 12.02.2023, 11:44

En été 1942, le
romancier, historien des religions, mythologue et philosophe Mircea Eliade,
faisait une petite halte à Bucarest, entre la fin de son mandat diplomatique à
Londres et le début de celui à l’Ambassade de Roumanie à Lisbonne. Agé de 35 ans,
il allait voir pour la dernière fois son pays et sa ville natale, Bucarest, qui
deviendrait par la suite le décor de nombre de ses récits fantastiques. C’est
au cours de ce bref séjour bucarestois qu’il confia à sa famille toutes ses
archives personnelles de manuscrits, de documents et de livres scientifiques en
pensant les récupérer en 1942, date à laquelle il comptait revenir en Roumanie.
L’histoire en a décidé autrement, en rendant son retour impossible jusqu’à sa
mort, en 1986. C’est sa sœur, Corina, qui prit donc soin de toutes ses archives
jusqu’en 1989, année de son décès. Après cette date, une bonne partie des
documents s’est perdue, empêchant les experts de les étudier plus en détails.
Heureusement, l’Institut d’histoire des religions de l’Académie roumaine est
arrivé à en récupérer plusieurs présentés au public dans le cadre d’une
exposition intitulée « Les manuscrits inédits de Mircea Eliade ».
Eugen Ciurtin, à la tête de l’Institut, nous présente le parcours tumultueux
que l’Etat roumain pour retrouver tous ces manuscrits dont certains avaient
tout de même été emportés par Eliade dans ses bagages le jour de sont départ
pour Lisbonne.


Eugen
Ciurtin :




« Nous
avons démontré et j’espère que nos efforts se retrouvent mentionnés dans un
volume de l’édition critique complète de l’œuvre scientifique de Mircea Eliade,
comment l’auteur a extrait plusieurs pages de ces manuscrits pour partir avec,
au Portugal. Quelques pages seulement, pas plus. Il en a laissé derrière lui des
dizaines de milliers. Toute ma jeunesse, comme il l’a dit dans son journal,
dans un fragment d’août 1952, quand il se trouvait déjà à Ascona. Dans ces
pages-là, Eliade, rempli de tristesse, se dit que probablement, toute sa
jeunesse, tout ce qu’il a vécu, écrit, pensé, lu jusqu’à 33 ans, y compris ces
expériences en Inde, disparaitront pour toujours. Les horreurs de la guerre ou
d’après guerre, sa position filo fasciste et son impossibilité de retourner en
Roumanie ont complètement bloqué son accès aux manuscrits qui, heureusement,
ont été préservés par sa famille. Par
les soins de Constantin Noica, Sergiu Al-George et Arion Rosu, une partie de
ses livres consacrés à l’Inde ont été sauvés. Parmi eux, 130 volumes se retrouvent
désormais dans le Fond « Eliade » de la Bibliothèque de l’Institut
d’Histoire des religions. Personne n’a
feuilleté ces manuscrits avant 1981 quand le philosophe Constantin Noica,
accompagné de Mircea Handoca, à l’époque jeune critique littéraire et
professeur de lycée, ont obtenu l’accord de la famille d’Eliade pour les consulter ».




Mircea Handoca a
entretenu une riche correspondance, des années durant, avec Eliade qui, en
décembre 1981, lui écrit: « j’ai réussi à convaincre ma sœur de te permettre
d’étudier mes manuscrits. » Mircea Handoca l’a fait puis a participé à l’édition
plusieurs livres d’Eliade, dont la parution a été autorisée par les
communistes. Après la mort de la sœur du philosophe, en 1989, le fils de
celle-ci, le professeur Sorin Alexandrescu, établi aux Pays-Bas, a confié
temporairement à Handoca toutes les archives familiales. Que s’est-il passé par
la suite ? Eugen Ciurtin nous explique :




« Malheureusement, en mars 1989, au moment où
sa mère meurt toute seule, dans une maison vide, les manuscrits sont alors
transférés par Sorin Alexandrescu à Mircea Handoca. Entre mars 1989 et
septembre 2015, personne n’a vu ces manuscrits qui comportent des dizaines de
milliers de pages. Seulement plusieurs centaines de pages, peut-être quelques
milliers ont été vendues aux enchères. Finalement, on n’en a préservé qu’une
partie dont on a fait don par la suite à l’Institut d’Histoire des
religions. »




En l’absence de
tout transfert de propriété, Mircea Handoca n’a plus rendu les manuscrits à
leurs propriétaires légaux. Aisni, à sa mort, en 2015, ce sont ses successeurs
qui en ont hérité. Voilà pourquoi des fragments ont été vendus aux enchères ces
deux ou trois dernières années, au lieu d’être étudiés et analysés par des
experts. Heureusement, ceux qui les ont achetés ont décidé de les offrir par la
suite à l’Institut. C’est comme cela que les membres de l’Institut d’Histoire
des religions ont pu se pencher sur les manuscrits d’Eliade pour les présenter ensuite
dans le cadre d’une exposition organisée au Musée de la Littérature roumaine de
Bucarest. Cet évènement offre au public la chance de voir les germes des études
laborieuses que Mircea Eliade a menées après la guerre à Paris et Chicago.
Eugen Ciurtin nous raconte :




« Pour la
première fois, nous sommes entrés en possession de toutes sortes de manuscrits à
différents stades de rédaction. Il s’agit d’études réalisées pendant la période
indienne, ou encore de la thèse de doctorat finale de l’écrivain. A part un
texte datant de novembre 1932, nous en avons aussi un autre, datant de 1936,
intitulé « Yoga. Essai sur l’origine
de la mystique indienne ». Nous disposons aussi de manuscrits permettant
de voir toutes les hésitations, les changements faits avant la parution. Par
exemple, nous avons en notre possession le manuscrit de l’essai « Bârâbudur,
le temple symbolique » publié en septembre 1937 dans la Revue des
Fondations royales et repris tel quel dans la première partie du volume
« L’ile d’Euthanasius », en 1943. Ou encore, le manuscrit « Le
mythe de la réintégration » de 1942, ou encore des essais rédigés pour le
magazine Zalmoxis. Nous avons aussi un essai inédit, une polémique datant de la
fin de 1930, début de 1931, intitulé « What is wrong with Europe » et
que personne ne connaissait avant que mes collègues ne le découvrent. Les
futures éditions critiques mettront en lumière tous ces détails pour donner au
public la dimension des projets d’Eliade. »




Une autre
découverte fascinante parmi les documents récupérés par l’Institut d’Histoire
des Religions consiste en des pages écrites à la main, en sanscrit, par Eliade
lui-même, à l’époque où il étudiait cette langue. Malheureusement, ces archives
n’ont pas pu être récupérées dans leur intégralité, et en l’absence d’un
inventaire rigoureux, on ne saurait connaître exactement son contenu.
L’exposition consacrée aux manuscrits inédits de Mircea Eliade est en place
jusqu’en mars au Musée de la Littérature roumaine. On la doit aux chercheurs
Andreea Apostu, Ionuț Băncilă, Eugen Ciurtin, Daniela Dumbravă, Octavian
Negoiță, Cătălin Pavel, Vlad Șovărel și Bogdan Tătaru-Cazaban.


(Trad :
Ioana Stancescu)

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