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Maquettes de la Seconde Guerre mondiale

Le dicton qu’en amour comme à la guerre, tous les coups sont permis, peut être complété. Les gens aiment les principes et le fait de les ignorer attire des jugements de valeur. Mais, en temps de guerre, pour vaincre l’ennemi, il est même conseillé de le tromper, en recourant à tout ce qui le ferait reculer et capituler à la fin. En Roumanie, pendant la Seconde Guerre mondiale, il y avait une stratégie de tromper l’ennemi soviétique, avec lequel on était en conflit ouvert depuis juin 1941.La Roumanie est entrée dans la Seconde Guerre mondiale à l’été 1941, avec ses frontières amputées une année auparavant, en juin, août et septembre 1940. Ainsi, la zone pétrolière autour de la ville de Ploiești a acquis une importance stratégique particulièrement élevée, étant la seule source de carburant de toute la région. C’est pourquoi elle avait besoin d’être défendue. L’idée originale d’une défense à l’aide de maquettes similaires aux décors de théâtre a été mise en pratique par le commandement allemand. Recourir à des armées et des zones industrielles factices était une pratique utilisées par les deux camps, des documents photographiques montrant des chars de combat, des camions et des avions gonflables, même des installations industrielles et des villes faites pour dérouter.

Maquettes de la Seconde Guerre mondiale
Maquettes de la Seconde Guerre mondiale

, 12.09.2021, 11:57

L’historien Lucian Vasile, de l’Institut pour l’investigation des crimes du régime communiste et de la mémoire de l’exil roumain, est l’auteur d’une histoire de la ville de Ploiești. C’est lui qui nous apprend qui a eu l’idée de construire des maquettes pour détourner les Soviétiques de leurs objectifs. « Ces maquettes-là, à très grande échelle, avaient pour rôle de protéger les raffineries autour de la ville de Ploiești. Elles ont été conçues dans la première phase de défense de la ville, en 1941. Avant que la Roumanie n’entre en guerre, les dangers étaient principalement théoriques. Par conséquent, les troupes allemandes, en collaboration avec les troupes roumaines, ont pris en compte plusieurs options de défense. En plus d’apporter des canons antiaériens et d’installer des ballons autour de la ville, les autorités allemandes ont envisagé de faire construire des maquettes. La première zone industrielle factice a été créée à la fin du printemps 1941. L’endroit n’a pas été choisi par hasard. Il était clair qu’une fois l’opération Barbarossa lancée, les Soviétiques tenteraient d’attaquer la zone pétrolière autour de la ville. Les attaques devaient donc venir de l’est, il a donc fallu créer une zone fictive, pour accueillir les assaillants soviétiques avant qu’ils n’arrivent à Ploiești. »

Une maquette d’une taille considérable devait être construite avec des matériaux légers, maniables et peu coûteux. Lucian Vasile dit qu’elle avait suffisamment de détails pour avoir l’air aussi authentique que possible: « Les structures étaient faites en bois et les murs, en toile. Elles ont été conçues dans le but d’être utilisées pendant la nuit. Il fallait donc créer des structures qui imitent les autres réelles. C’était donc des constructions en bois et en toile, il y avait même des rues, éclairées au moment où la vague d’avions soviétiques allait s’approcher, pour justement attirer l’attention des assaillants. Il y avait aussi une sorte de hauts fourneaux dans lesquels on faisait brûler toutes sortes de déchets, pour donner l’impression que c’était une raffinerie fonctionnelle, donc une cible à attaquer. Malheureusement, des photos n’ont pas été conservées, il ne nous reste que des descriptions de ces zones-là. »

Mais les maquettes de Ploiești se sont révélées peu efficaces, d’autant plus qu’elles étaient destinées à la défense nocturne. Lucian Vasile nous donne plus de détails: « On peut se demander si cela a valut la peine, car elles n’étaient utiles qu’en cas de bombardements nocturnes. Voilà pourquoi l’opération a été découverte lors du premier raid diurne, le 13 juin 1941. Les Soviétiques ont compris qu’avant la ville de Ploiești, il y avait une maquette qui devait les distraire. Ainsi, les autorités allemandes ont commencé à construire une deuxième maquette à Ciorani, à 20 kilomètres plus à l’est du premier site. La tactique était la même, à l’approche de la vague d’avions soviétiques, les lumières de Ploiești s’éteignaient et s’allumaient celles à l’intérieur de la maquette, qui devait capter l’attention. Cette maquette-ci a été utile pendant environ un mois, jusqu’au 18 août, quand un autre raid de jour a découvert l’existence de cette fausse installation. »

La dernière tentative de tromper l’ennemi était aussi une tentative de changement de stratégie. Lucian Vasile dit que la troisième maquette de défense de Ploiești a été aussi la dernière: « Comme dans un jeu du chat et de la souris, les autorités allemandes ont construit la troisième maquette, cette fois-ci à l’ouest de Ploieşti. Les Soviétiques s’attendaient désormais à voir la maquette, ensuite la ville. Or, les Allemands ont fait le jeu contraire, d’abord la ville, ensuite la maquette. La nouvelle construction était à Brătășanca, à 17 kilomètres à l’ouest de Ploiești. Les raids soviétiques étaient mineurs en termes de force destructrice. Il y avait quelques dizaines d’avions assez rudimentaires, comparés aux appareils américains de quelques années plus tard, lorsque des centaines de bombardiers étaient venus, accompagnés par des centaines d’avions de combat. »

En fin de compte, les maquettes de la région de Ploiești ont été abandonnées en raison de leur coût élevé, de leur inefficacité et de la facilité avec laquelle elles pouvaient être découvertes. Mais aussi à cause du cours de la guerre, qui a fait que les parties belligérantes ont perfectionné leur science du combat. (Felicia Mitraşca)

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