L’histoire du système médical roumain: la Fondation de Pantelimon
À Bucarest, l’hôpital Pantelimon a été un tel établissement, situé en fait dans la commune homonyme, devenue avec le temps un des quartiers de l’est de la capitale. Son nom et sa renommée rappelaient le monastère Sf.Pantelimon/Saint Pantaléon, érigé à la même époque. Le document attestant la fondation de l’établissement hospitalier date de l’année 1731, mais les travaux de construction ont en fait débuté en 1735 pour finir à peine en 1750. L’année 1735 a été décisive, à cause de l’épidémie de peste, qui touchait fortement la population la plus défavorisée, qui cherchait d’habitude du traitement dans les monastères. D’ailleurs, le prince régnant de Valachie, Grigore II Ghica, fondateur de l’hôpital, a aussi décidé que le nouvel établissement traite également les maladies transmissibles. Un autre hôpital, entièrement dédié à cette catégorie de maladies, a été construit plus tard, l’hôpital Sf. Pantelimon accueillant les patients atteints d’autres maladies. Au XIXe siècle, l’établissement a subi plusieurs transformations, dont certaines initiées par Constantin Caracaș, un des premiers médecins formés en Occident et qui se sont impliqués dans le développement du système de santé public valaque.
Mihaela Diana Sprânceană, mastérante de la Faculté d’histoire de l’Université de Bucarest, rappelle les faits : « Au cours de la première moitié du XIXe, en 1832 plus exactement, le prince Grigore IV Ghica, fait démolir l’ancien hôpital et construire de nouvelles salles pour accueillir 37 malades, ce nombre allant augmenter avec le temps. L’hôpital est reconstruit entre 1867 et 1869, étant doté de 80 lits. L’établissement est ouvert aux patients, femmes et hommes, atteints de maladies chroniques, de maladies vénériennes, mais aussi de maladies ophtalmologiques. Il pouvait accueillir environ 350 malades par an, le nombre des décès enregistrés chaque année étant de 12 à 15 morts, indiquent le registre de l’établissement et le médecin Constantin Caracaș. Qui sont les médecins à avoir travaillé à l’hôpital Sf. Pantelimon, à travers le temps ? Eh bien, il y en a eu de très réputés, tels Dimitrie Caracaș et son fils, Constantin Caracaș, une famille d’origine grecque. Constantin Caracaș, dont le frère aussi a été médecin, a étudié à Vienne avant de s’établir à Bucarest, où il est devenu célèbre pour avoir introduit et généralisé la vaccination contre la variole. »
Puisqu’il appartenait à un monastère, l’hôpital Sf. Pantelimon soignait surtout des gens démunis, mais comme les maladies contagieuses affectaient la population entière, les campagnes de vaccination ont débuté à Bucarest également durant la première moitié du XIXe siècle, le docteur Caracaș ayant combattu en première ligne. Le Règlement de la vaccination, issu en 1875, est un des plus anciens documents médicaux qui nous soient parvenus, raconte Mihaela Diana Sprânceană : « Le premier article stipulait le fait que la vaccination était obligatoire pour l’ensemble de la population. L’article 2 disait que tout enfant devait être vacciné durant sa première année de vie, à l’exception des enfants malades ou souffreteux, pour lesquels la vaccination était facultative. Le vaccin de rappel était prévu à l’âge de 7 ans, mais la vaccination était devenue obligatoire durant l’épidémie de variole. L’article 7 stipulait clairement que les personnes qui ne pouvaient pas présenter des attestations de vaccination réussie n’allaient intégrer aucun service public. C’est une situation identique à celle du pass sanitaires d’aujourd’hui, dont l’absence rend impossible l’accès dans les galeries commerciales ou certaines institutions. Le règlement de 1875 dit aussi que les médecins en charge de la vaccination et du contrôle seront accompagnés par un agent de police dans les villes ou par le maire ou un délégué de la mairie dans les communes rurales, comme cela se passe aujourd’hui, la police ou la gendarmerie étant présentes dans les centres de vaccination. Le renouvellement du vaccin, c’est-à-dire le rappel, allait être administré, en ville, par les médecins de la ville en personne, et dans les communes rurales par les médecins du département, deux fois par an, aux dates antérieurement fixées. »
Quant à la Fondation de Pantelimon, l’établissement est reconstruit en 1869 de façon à accueillir 80 lits. À l’entre-deux-guerres, le nombre des cliniques s’est agrandi, avec un service de chirurgie, un autre de médecine interne et un troisième de maladies des nerfs. Vers la fin du régime communiste, notamment après le grand tremblement de terre de 1977, l’hôpital et l’église étaient fortement détériorés. Le bâtiment hospitalier et le monastère ont fini par être abattus à la fin des années 1980, pour construire à leur place un hôtel et un restaurant connus sous le nom de Complex Lebăda (le Complexe hôtelier « Le Cygne »). (Trad. Ileana Ţăroi)
Christine Leșcu, 05.12.2021, 11:44
À Bucarest, l’hôpital Pantelimon a été un tel établissement, situé en fait dans la commune homonyme, devenue avec le temps un des quartiers de l’est de la capitale. Son nom et sa renommée rappelaient le monastère Sf.Pantelimon/Saint Pantaléon, érigé à la même époque. Le document attestant la fondation de l’établissement hospitalier date de l’année 1731, mais les travaux de construction ont en fait débuté en 1735 pour finir à peine en 1750. L’année 1735 a été décisive, à cause de l’épidémie de peste, qui touchait fortement la population la plus défavorisée, qui cherchait d’habitude du traitement dans les monastères. D’ailleurs, le prince régnant de Valachie, Grigore II Ghica, fondateur de l’hôpital, a aussi décidé que le nouvel établissement traite également les maladies transmissibles. Un autre hôpital, entièrement dédié à cette catégorie de maladies, a été construit plus tard, l’hôpital Sf. Pantelimon accueillant les patients atteints d’autres maladies. Au XIXe siècle, l’établissement a subi plusieurs transformations, dont certaines initiées par Constantin Caracaș, un des premiers médecins formés en Occident et qui se sont impliqués dans le développement du système de santé public valaque.
Mihaela Diana Sprânceană, mastérante de la Faculté d’histoire de l’Université de Bucarest, rappelle les faits : « Au cours de la première moitié du XIXe, en 1832 plus exactement, le prince Grigore IV Ghica, fait démolir l’ancien hôpital et construire de nouvelles salles pour accueillir 37 malades, ce nombre allant augmenter avec le temps. L’hôpital est reconstruit entre 1867 et 1869, étant doté de 80 lits. L’établissement est ouvert aux patients, femmes et hommes, atteints de maladies chroniques, de maladies vénériennes, mais aussi de maladies ophtalmologiques. Il pouvait accueillir environ 350 malades par an, le nombre des décès enregistrés chaque année étant de 12 à 15 morts, indiquent le registre de l’établissement et le médecin Constantin Caracaș. Qui sont les médecins à avoir travaillé à l’hôpital Sf. Pantelimon, à travers le temps ? Eh bien, il y en a eu de très réputés, tels Dimitrie Caracaș et son fils, Constantin Caracaș, une famille d’origine grecque. Constantin Caracaș, dont le frère aussi a été médecin, a étudié à Vienne avant de s’établir à Bucarest, où il est devenu célèbre pour avoir introduit et généralisé la vaccination contre la variole. »
Puisqu’il appartenait à un monastère, l’hôpital Sf. Pantelimon soignait surtout des gens démunis, mais comme les maladies contagieuses affectaient la population entière, les campagnes de vaccination ont débuté à Bucarest également durant la première moitié du XIXe siècle, le docteur Caracaș ayant combattu en première ligne. Le Règlement de la vaccination, issu en 1875, est un des plus anciens documents médicaux qui nous soient parvenus, raconte Mihaela Diana Sprânceană : « Le premier article stipulait le fait que la vaccination était obligatoire pour l’ensemble de la population. L’article 2 disait que tout enfant devait être vacciné durant sa première année de vie, à l’exception des enfants malades ou souffreteux, pour lesquels la vaccination était facultative. Le vaccin de rappel était prévu à l’âge de 7 ans, mais la vaccination était devenue obligatoire durant l’épidémie de variole. L’article 7 stipulait clairement que les personnes qui ne pouvaient pas présenter des attestations de vaccination réussie n’allaient intégrer aucun service public. C’est une situation identique à celle du pass sanitaires d’aujourd’hui, dont l’absence rend impossible l’accès dans les galeries commerciales ou certaines institutions. Le règlement de 1875 dit aussi que les médecins en charge de la vaccination et du contrôle seront accompagnés par un agent de police dans les villes ou par le maire ou un délégué de la mairie dans les communes rurales, comme cela se passe aujourd’hui, la police ou la gendarmerie étant présentes dans les centres de vaccination. Le renouvellement du vaccin, c’est-à-dire le rappel, allait être administré, en ville, par les médecins de la ville en personne, et dans les communes rurales par les médecins du département, deux fois par an, aux dates antérieurement fixées. »
Quant à la Fondation de Pantelimon, l’établissement est reconstruit en 1869 de façon à accueillir 80 lits. À l’entre-deux-guerres, le nombre des cliniques s’est agrandi, avec un service de chirurgie, un autre de médecine interne et un troisième de maladies des nerfs. Vers la fin du régime communiste, notamment après le grand tremblement de terre de 1977, l’hôpital et l’église étaient fortement détériorés. Le bâtiment hospitalier et le monastère ont fini par être abattus à la fin des années 1980, pour construire à leur place un hôtel et un restaurant connus sous le nom de Complex Lebăda (le Complexe hôtelier « Le Cygne »). (Trad. Ileana Ţăroi)