L’histoire de la ville de Bistrita
En effet, le nord de la Transylvanie, où se trouve aussi la ville de Bistrita, a été semble-t-il colonisé par des Allemands venus de la région du Luxembourg d’aujourd’hui, à compter du 13e siècle. C’est ce que témoignent les premiers documents attestant l’existence de la ville, nous fait savoir l’historien de l’art Vasile Duda. « Ce fut le 2 avril 1241, durant la grande invasion tartare qui avait détruit une grande partie de la Transylvanie et de toute l’Europe de l’Est, que cette localité est mentionnée avec le nom de Nosa. Et ce nom semble être lié à d’autres localités de la région du Luxembourg, renforçant ainsi l’hypothèse que les premiers colons avaient donné à leur agglomération un nom de leur région d’origine. Plus tard, le 16 juillet 1264, un autre document atteste le nom actuel de Bistrita, un nom emprunté probablement à la rivière qui traverse la région. L’origine de ce mot est slave, provenant de « bâstro » c’est-à-dire rapide. Le statut de ville, Bistrita l’obtient en 1330 lorsque le roi Charles Robert d’Anjou accorde aux habitants de la localité le droit d’élire librement leur juge et leurs jurés. Il s’agit de droits réservés aux villes. Sous la maison d’Anjou, en 1353, la ville reçoit aussi d’autres privilèges, parmi lesquels le droit d’organiser une grande foire qui commençait à la Saint Barthélemy, le 24 août, pour s’étendre le long de deux ou trois semaines. C’était la foire la plus importante de la région et c’est d’ailleurs elle qui assurait une grande partie de ses revenus jusqu’au début de l’époque moderne. »
Christine Leșcu, 02.09.2018, 15:37
En effet, le nord de la Transylvanie, où se trouve aussi la ville de Bistrita, a été semble-t-il colonisé par des Allemands venus de la région du Luxembourg d’aujourd’hui, à compter du 13e siècle. C’est ce que témoignent les premiers documents attestant l’existence de la ville, nous fait savoir l’historien de l’art Vasile Duda. « Ce fut le 2 avril 1241, durant la grande invasion tartare qui avait détruit une grande partie de la Transylvanie et de toute l’Europe de l’Est, que cette localité est mentionnée avec le nom de Nosa. Et ce nom semble être lié à d’autres localités de la région du Luxembourg, renforçant ainsi l’hypothèse que les premiers colons avaient donné à leur agglomération un nom de leur région d’origine. Plus tard, le 16 juillet 1264, un autre document atteste le nom actuel de Bistrita, un nom emprunté probablement à la rivière qui traverse la région. L’origine de ce mot est slave, provenant de « bâstro » c’est-à-dire rapide. Le statut de ville, Bistrita l’obtient en 1330 lorsque le roi Charles Robert d’Anjou accorde aux habitants de la localité le droit d’élire librement leur juge et leurs jurés. Il s’agit de droits réservés aux villes. Sous la maison d’Anjou, en 1353, la ville reçoit aussi d’autres privilèges, parmi lesquels le droit d’organiser une grande foire qui commençait à la Saint Barthélemy, le 24 août, pour s’étendre le long de deux ou trois semaines. C’était la foire la plus importante de la région et c’est d’ailleurs elle qui assurait une grande partie de ses revenus jusqu’au début de l’époque moderne. »
A compter de 1465, d’amples travaux de fortification commencent à Bistrita, qui est entourée d’une muraille, de tours et de trois portes dotées de pont-levis et défendues par des fossés. Bistrita est devenue ainsi une des puissantes citadelles fortifiées de Transylvanie, mais aussi une des villes les plus belles, fait savoir le même Vasile Duda. « Vers 1564, un voyageur italien en Transylvanie a essayé de présenter brièvement les villes et les fortifications qu’il avait visitées. Et il disait « Sibiu est la plus forte, Cluj est la plus populaire et Bistrita, la plus belle ». La ville a connu son apogée au XVIe siècle et cela signifie qu’il existe de nombreux monuments construits à la fin du XVe siècle et au début du XVIe. Parmi eux, mentionnons l’église de la place centrale, un ancien lieu de culte catholique de rite grec, devenue évangélique en 1543, ayant la tour la plus haute de Transylvanie. Je mentionnerais aussi l’ancienne église de l’abbaye franciscaine, une construction du XIIIe siècle, devenue au XIXe siècle église catholique de rite grec et qui est orthodoxe de nos jours. Il s’agit d’une des constructions les plus anciennes de la ville, érigée en 1290. J’ajouterais aussi le complexe Sugălete, la série la plus longue de maisons médiévales avec des arches au rez-de-chaussée, érigé en 1480. Il y a aussi la maison Ion Zidaru qui date de 1480 – 1520 et qui a une histoire particulièrement intéressante. »
Et c’est également de cette période fleurissante pour Bistrita, à la fin du Moyen Âge et au début de la Renaissance que datent les armoiries de la ville : une autruche avec un fer à cheval dans son bec. Ce symbole a été offert à la ville par le roi Louis d’Anjou en 1366, et d’ailleurs il se retrouvait sur les armoiries privées de la famille d’Anjou. Détails avec l’historien de l’art Vasile Duda. « Quelle est l’histoire de ce symbole ? Eh bien, il parait qu’au Moyen Âge, soit aux XIIIe et XIVe siècles en Europe Occidentale, l’autruche était présentée comme l’oiseau le plus puissant, capable de digérer même le fer et d’avaler n’importe quoi. Cet oiseau a été utilisé par la famille d’Anjou lorsqu’elle a revendiqué le trône de la Hongrie pour entrer ainsi en conflit avec les nobles hongrois au sujet du contrôle du pays. C’est pourquoi l’autruche est devenue un symbole de la royauté en Transylvanie et en Hongrie, figurant sur les armoiries des villes. Grâce à cette capacité présumée de l’oiseau de digérer le fer, l’autruche a également été associée aux artisans qui transformaient le métal. »
La présence de l’autruche sur les armoiries de la ville de Bistrita est donc étroitement liée à la guilde des forgerons, une des plus importantes associations de ce genre de toute la Transylvanie.