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L’espionnage en Roumanie durant la première guerre mondiale

Durant la première conflagration mondiale, en Roumanie aussi une guerre des renseignements et des espions a été menée, comme d’ailleurs sur tous les fronts. Après sa constitution, en 1859, en tant qu’Etat moderne, la Roumanie s’est dotée de ses propres services de renseignements. En 1908 était créée la Direction générale de la police nationale et des informations. Durant les années qui ont précédé la première guerre mondiale, l’activité de surveillance des personnes qui faisaient de l’espionnage en Roumanie s’est intensifiée. On surveillait principalement les étrangers, mais aussi les Roumains qui faisaient de la propagande en faveur de l’ennemi. En 1916, lorsque la Roumanie entrait en guerre du côté de l’Entente (France, Royaume Uni, Russie), tous les étrangers se trouvant sur le territoire du pays étaient retenus. Une partie d’entre eux étaient internés dans des camps, une autre partie étaient envoyés en Moldavie. Ceux qui étaient surveillés, entraient dans le viseur des services roumains de contre-espionnage lorsqu’ils glorifiaient l’ennemi ou insultaient les deux souverains : le roi Ferdinand et la reine Marie.

L’espionnage en Roumanie durant la première guerre mondiale
L’espionnage en Roumanie durant la première guerre mondiale

, 24.11.2019, 13:05



L’historien Alin Spânu est l’auteur d’un livre sur l’espionnage en Roumanie durant la première guerre mondiale. A son avis, l’activité de renseignement était plus importante pour des pays comme la Roumanie, dont les capacités de défense étaient plus faibles. Alin Spânu explique: «On ne gagne pas une guerre uniquement par l’activité de renseignements, on la gagne aussi sur le champ de bataille, et par rapport à d’autres pays, la Roumanie avait un grand désavantage : elle ne disposait pas d’une industrie militaire, malheureusement, elle ne fabriquait pas de canons, d’avions, de mitrailleuses, tout devait être importé. Certes, la Roumanie a bénéficié d’armement, dont une partie provenait de ses alliés de 1883 — l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie — une autre partie, elle l’a importée par la suite de France. De plus en plus, d’ailleurs, au fil du temps, la Roumanie s’est orientée vers la France et le Royaume-Uni. C’est de là qu’elle a commencé à importer de l’armement ; après l’entrée du pays en guerre, ce fut uniquement à ces puissances que l’on acheta de l’armement et des munitions. »


L’armée a compté parmi les premières structures de l’Etat à bénéficier de renseignements pendant la guerre. Les polyglottes et les personnes capables de constituer des réseaux de renseignements et qui souhaitaient collaborer, étaient cooptés dans les structures de l’Etat. Une des personnes qui remplissait ces conditions a été Florea Bogdan, originaire de Transylvanie, province faisant partie à l’époque de l’Autriche-Hongrie. Alin Spânu: « Ingénieur roumain de Reghin, dans l’est de la Transylvanie, Florea Bogdan, était un excellent officier de renseignement qui, une fois arrivé à Bucarest, a créé son propre réseau de renseignements en Transylvanie, à commencer par 1914. Il avait mis sur pied un centre de renseignements à Cluj et a transmis des informations sur l’entrée en Transylvanie des troupes allemandes venues soutenir les troupes de l’Autriche-Hongrie. Malheureusement, au Grand Quartier Général roumain, on n’y crut pas. Bogdan devient chef du Bureau de renseignements de la 14e division d’infanterie, actif en Transylvanie. Officier de liaison auprès d’un corps d’armée russe de Bicaz, pour un certain temps, il est rappelé au Grand Quartier Général, où il est chargé de la censure de la presse et de l’élaboration de bulletins d’informations à partir des renseignements obtenus des prisonniers. Il connaissait très bien le hongrois et l’allemand. Ce qui est le plus important — et que la plupart des gens ignorent — c’est qu’il a dirigé l’équipe qui a travaillé et réussi à déchiffrer le code de l’armée allemande, en 1917, ce qui a apporté des avantages à l’armée roumaine durant les combats de l’été 1917. »



Comme cela arrive souvent, dans le fonctionnement des services de renseignements il y a eu des erreurs, des vengeances personnelles, les informations étaient vendues et achetées, pour différentes raisons, surtout pour des récompenses financières, certains travaillaient pour l’ennemi. Les femmes ne pouvaient pas manquer, certes, de l’activité d’espionnage et de contre-espionnage de Roumanie. Alin Spânu: « Certaines travaillaient pour de l’argent, d’autres par loyauté. Cette activité était très bien payée. Par exemple, en 1916, un agent de sureté touchait entre 120 et 150 lei par mois, alors que 50 lei était à l’époque un bon salaire. Deux jeunes dames soupçonnées de faire de l’espionnage et à qui, après l’entrée du pays en guerre, on a interdit de franchir la frontière entre la Roumanie et l’Autriche-Hongrie, étaient très fâchées de perdre 1.000 lei par jour. Je donnerais encore deux ou trois exemples de femmes qui faisaient de l’espionnage. Une dame bien nantie, Roza de son nom, s’était attiré la collaboration du chef d’un poste de gendarmes. Veronica, une autre dame qui faisait de l’espionnage, était cartomancienne. Elle faisait une propagande anti-roumaine féroce, en racontant à ceux qui venaient la consulter combien on mangeait bien dans l’armée des Puissances Centrales et mal dans l’armée roumaine et que la Roumanie allait être vaincue. Elle a fini par se faire arrêter par les services de sureté. Une autre femme, fiancée d’un officier roumain, parcourait la Moldavie en train. Son savoir concernant les calibres des canons roumains, leur emplacement, ainsi que l’emplacement des entrepôts d’armes était suspect. Elle finit par susciter des doutes. »


L’espionnage et le contre-espionnage en Roumanie durant la première guerre mondiale étaient quelque chose de normal. Leur ampleur, leurs effets immédiats, les aspects anecdotiques et les détails piquants restent dans les archives, attendant que quelqu’un les dévoile, comme partie de l’histoire, cent ans après.


(Trad. : Dominique)

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