Les premières représentations cartographiques de Bucarest
Au fil des siècles, lhomme a dessiné des cartes, dont la fonction a toujours été utilitaire : elles étaient censées laider à se déplacer. Cette activité sest diversifiée au fil du temps et la cartographie est présente de nos jours dans presque tous les domaines de recherche scientifique.
Steliu Lambru, 22.12.2019, 13:10
Au fil des siècles, lhomme a dessiné des cartes, dont la fonction a toujours été utilitaire : elles étaient censées laider à se déplacer. Cette activité sest diversifiée au fil du temps et la cartographie est présente de nos jours dans presque tous les domaines de recherche scientifique.
Les premières cartes de la capitale roumaine remontent à la fin du 18e siècle et elles sont dues aux guerres austro-russo-turques. Les trois grands empires se sont affrontés sur le territoire des principautés roumaines de Moldavie et de Valachie, qui ont été occupées successivement en 1739, 1768 et 1792. Les objectifs militaires étaient pris pour cible par les armées qui savançaient contre ladversaire. Cest pourquoi, les premières cartes de la ville de Bucarest furent des cartes militaires, réalisées par les troupes doccupation russes et autrichiennes. Avec chaque nouvelle occupation ennemie, la ville fut lobjet de nouvelles représentations cartographiques, dont linformation fournie était directement liée à son utilité.
Larchitecte Toader Popescu, professeur à lUniversité darchitecture « Ion Mincu » de Bucarest, sintéresse à lhistoire de la cartographie. Il nous parle des premières cartes de la capitale roumaine et de leur contenu. « Un plan militaire russe de 1770 nous présente un Bucarest assez éloigné de la réalité. Etant réalisé à des fins militaires, il donne une image de la ville vue sous cet angle. Ce que lon voit autour de Bucarest, ce sont des éléments dintérêt militaire, une topographie dintérêt militaire : la ville est présentée comme une structure compacte – alors quelle ne létait pas. Les auteurs de la carte ne sintéressaient pas beaucoup à la structure de cette agglomération urbaine. Les rues sont bordées de constructions similaires, alignées, ce qui ne correspondait pas à la réalité de lépoque. Ce qui intéressait le plus, cétaient les églises et les monastères. La topographie représentée est très imaginative, il ny a pas de différence dans la manière dont la ville est représentée au nord et au sud de la rivière Dâmbovița. »
Bucarest nétait pas figuré comme un réseau de rues hiérarchisé, on ne voyait pas quelles rues était plus importantes et quelles létait moins. La ville apparaît sur ce plan comme un amas de paroisses et de banlieues. La deuxième représentation cartographique de Bucarest, réalisée toujours à des fins militaires, apporte pourtant un changement, explique Toader Popescu. « Le deuxième plan de Bucarest date de loccupation russe de la ville. Les alentours ne sont plus dintérêt, cest la ville qui compte le plus et elle est très bien délimitée. Sur cette carte, une sorte de ceinture de verdure entoure lactuelle capitale de la Roumanie. Les îlots urbains créés entre les rues sont représentés de manière compacte et sans préoccupation pour leur contenu. Ils figurent autour dédifices importants de la zone centrale. En bas de la carte, du côté gauche, figure une rose des vents. La ville est située au nord de la Dâmbovița, sa position par rapport à la rivière étant assez correctement représentée. On peut voir que la ville ne sétait pas encore étendue sur la corniche sud de la rivière. Dans le principal lit de celle-ci, il y a quelques noyaux dhabitation sur des points plus élevés, comme la Colline de la métropolie, le monastère Mihai Vodă et le monastère Radu-vodă. »
La troisième représentation cartographique de Bucarest a été réalisée par larmée autrichienne. Cest la représentation la plus détaillée de la ville et elle le restera jusquà la carte russe de 1846, précise Toader Popescu. « Durant loccupation autrichienne de Bucarest, à la fin du 18e siècle, deux autres plans très importants de la ville sont réalisés par des cartographes autrichiens, à un ou deux années dintervalle. On les désigne par les noms de leur cartographe principal : le plan Purcel, de 1789, et le plan Ernst, datant de 1791. Le plan Purcel est meilleur, plus minutieux que lautre, et le premier plan à donner une image du tissu urbain mineur. On ny fait pas de différence entre les constructions importantes et celles moins importantes – comme cétait le cas dans le plan russe antérieur. Les maisonnettes, les palais et les églises importantes y sont représentés avec la même couleur et avec des lignes de la même épaisseur. Cest aussi le premier plan qui présente lutilisation du terrain. Le plan Purcel est le premier à attacher de le lintérêt à une représentation aussi fidèle que possible du réseau viaire. »
Au début du 19e siècle, Bucarest devient un repère cartographique européen. Depuis, il a été la ville de lespace roumain à bénéficier du plus grand nombre de telles représentations, qui allaient se multiplier à mesure que la Roumanie elle-même prenait contour. (Trad. : Dominique)