Les habitants de Ploiesti se souviennent du passé de leur ville
Les gisements de
pétrole de ses alentours lui ont assuré un développement rapide à partir de la
fin du XIXe siècle, évolution qui devient visible, notamment, par l’apparition
de bâtiments beaux et imposants. Les perspectives d’enrichissement ont
également attiré des personnes d’origines diverses, même des étrangers, qui se
sont installés à Ploiești et ont contribué aux spécificités locales. Ce sont
justement les spécificités locales historiques, modifiées par le communisme et
la transition postcommuniste, qui sont mises en valeur par un projet éditorial
de l’Association pour l’Éducation et le Développement Urbain. Ces dernières
années, l’association a publié quatre volumes de mémoires d’habitants de
Ploiești, d’âges et de professions différents, que les temps ont dispersés loin
de leur ville natale.
Christine Leșcu, 05.09.2021, 11:16
Les gisements de
pétrole de ses alentours lui ont assuré un développement rapide à partir de la
fin du XIXe siècle, évolution qui devient visible, notamment, par l’apparition
de bâtiments beaux et imposants. Les perspectives d’enrichissement ont
également attiré des personnes d’origines diverses, même des étrangers, qui se
sont installés à Ploiești et ont contribué aux spécificités locales. Ce sont
justement les spécificités locales historiques, modifiées par le communisme et
la transition postcommuniste, qui sont mises en valeur par un projet éditorial
de l’Association pour l’Éducation et le Développement Urbain. Ces dernières
années, l’association a publié quatre volumes de mémoires d’habitants de
Ploiești, d’âges et de professions différents, que les temps ont dispersés loin
de leur ville natale.
Le dernier volume, intitulé «Ploieștiul amintirilor noastre/Le Ploiești de nos souvenirs», a
récemment vu le jour et c’est le plus dense jusqu’à présent, apprend-on de
l’historien Lucian Vasile, représentant de l’Association pour l’Éducation et le
Développement Urbain : « Le volume s’inscrit dans la continuité
naturelle de l’approche que nous avons entamée il y a cinq ans. À l’époque,
nous ne pensions pas aller aussi loin, mais la réponse a été plus que
gratifiante, tant pour les lecteurs que pour ceux qui étaient prêts à partager
leurs souvenirs, leurs histoires de famille ou personnelles, et à les inclure dans
nos volumes. «Ploieștiul
amintirilor noastre/Le Ploiești de nos mémoires» est un livre à
travers lequel les lecteurs pourront retrouver à la fois la suite des récits
des volumes précédents, et d’autres écrits par des auteurs qui viennent de rejoindre
notre démarche. Les auteurs viennent d’environnements différents, ont des âges
et des métiers différents et parlent d’époques et de lieux différents. Les
récits du volume couvrent près d’un siècle de l’histoire de la ville et font
référence à des zones qui vont de la périphérie où se trouvent les raffineries,
au centre historique de Ploiești, ou ce qu’aurait représenté le centre
historique s’il n’avait pas été détruit par une histoire défavorable ».
Le volume collectif «Ploieștiul
amintirilor noastre/Le Ploiești de nos souvenirs» contient les
contributions de 11 auteurs, dont certains se trouvent dans les volumes
précédents et couvrent l’entre-deux-guerres, l’après-guerre et la période contemporaine.
Ainsi, la ville de Ploiești est décrite avec toutes les caractéristiques des
cent dernières années.
Avec plus de détails sur les auteurs, l’historien Lucian Vasile : « L’un d’entre eux est jeune
et parle de Ploieşti telle qu’il l’a connue dans son enfance: la ville de Ploieşti
dans les années ’90. En même temps, deux autres auteurs plus âgés parlent en
fait de villes différentes : l’un parle des visages des marchands de Ploiești
d’il y a près d’un siècle, et l’autre, dans ses souvenirs, recompose la ville
de la période communiste. Mais c’est une recomposition très drôle, bien qu’elle
se réfère également aux événements tragiques de 1989. C’est un récit qui
combine le côté histoire avec la comédie. Toute la société roumaine a
radicalement changé au cours des dernières décennies. Pour les plus jeunes, les
histoires des années 1990 semblent parfois incroyables, mais elles font quand
même partie de notre passé récent et sont une pièce de ce puzzle de l’histoire
locale. L’histoire signifie non seulement ce qui s’est passé il y a des
centaines d’années ou il y a 80 ans, mais aussi ce qui s’est passé il y a deux
ou trois décennies. Et c’est une histoire que nous devons connaître et
comprendre, précisément pour nous comprendre nous-mêmes aujourd’hui ».
En plus des projets
éditoriaux, l’Association pour l’Éducation et le Développement Urbain organise
des visites guidées pour montrer aux visiteurs la zone historique de Ploieşti
ou, plus précisément, ce qui a été préservé après les transformations urbanistiques
– souvent pas bien réfléchies – de la période communiste. Au fil du temps, non
seulement les habitants de Ploiești se joignent à ces visites, mais aussi des
Bucarestois ou des résidents d’autres villes.
Lucian Vasile : « Avec
nos visites, nous nous concentrons en particulier sur l’histoire. Les histoires que nous racontons à
travers des livres et des discussions viennent compléter celles que les
visiteurs d’autres villes peuvent trouver dans les musées locaux. D’ailleurs, à
Ploieşti il y a quelques musées exceptionnels, qui diffèrent par leur thème des
musées du reste du pays. Je fais référence au Musée de l’Horloge ou à la Maison
de Bourgeois Hagi Prodan. Et le passé récent déchainent encore les passions quand il est mentionné. Je
crois que la société roumaine n’est pas parvenue à un consensus ou à une
attitude commune, généralement acceptée, sur le passé récent. Les perspectives
diverses sont naturelles, après tout. Pour certains, les transformations
radicales d’après 1945 ont été désastreuses et tragiques, et les crimes et les
destructions ne peuvent pas être niées. Pour d’autres, cependant, les mêmes
événements ont été une chance de gravir l’échelle sociale. Par conséquent, les
lieux et les bâtiments que certains considèrent comme particulièrement laids et
qui ont surgi après la destruction du patrimoine historique, sont considérés
par d’autres comme faisant partie intégrante d’une vie meilleure, plus
confortable, si nous parlons des immeubles d’appartements. Chaque perspective a
sa propre raison, qu’il faut comprendre et accepter ». (Trad. : Felicia Mitraşca)