Les Arcades des chanoines et l’Ensemble baroque d’Oradea
Christine Leșcu, 04.10.2020, 08:28
Située dans l’ouest de la Roumanie, sur les rives du Criș
Rapide, une des 3 rivières sœurs qui arrosent la contrée, Oradea est renommée
pour ses bâtiments Art nouveau, un style également appelé Sécession. Elle compte
également un ensemble d’édifices plus anciens, d’une valeur tout aussi grande,
qui contribuent à son unicité architecturale. Il s’agit de l’Ensemble baroque,
situé un peu à l’écart du centre-ville et qui constitue un élément important
dans l’histoire de la cité. Cet ensemble comporte entre autres une suite de
maisons ayant abrité des chanoines, devenue un symbole de cette ville.
Attila Lakatas, historien et archéologue au Bureau du
patrimoine architectural et artistique de l’évêché catholique d’Oradea, nous
parle de cet ensemble de constructions baroques qui comprend les Arcades des
chanoines : « Cet ensemble est
constitué pratiquement de 4 éléments importants : la Cathédrale
catholique, le Palais épiscopal, le bâtiment du Séminaire (ou l’Académie
théologique) et, enfin, cette suite d’habitations aux colonnades appelée
« Les Arcades des chanoines ». C’est très particulier, car il ne s’agit
pas d’un seul bâtiment, mais de dix maisons collées les unes aux autres, habitées
jadis par des chanoines. Ceux-ci constituaient un collège de prêtres au service
de l’évêché, une sorte de commission qui aidait à l’administration de ce
dernier. Cet ensemble de constructions de style baroque italien est
extraordinaire. Il a été bâti en plusieurs étapes, les travaux ayant duré plus d’un
siècle. La première maison a été érigée en 1757, et la dernière, en 1877. A
présent elles constituent un ensemble architectural unique, comportant une galerie
extérieure soutenue par des piliers qui donnent l’impression d’un tunnel. Ces
portiques sont devenus un des symboles de la ville d’Oradea. »
A proximité des Arcades des chanoines, au milieu d’une
cour reverdie, se trouvent deux autres monuments de cet ensemble baroque :
le Palais épiscopal catholique et la Cathédrale catholique. Les deux ont
récemment subi des travaux de restauration qui leur ont rendu leur éclat
d’autrefois, surtout qu’entre 1971 et 2006, le Palais baroque a accueilli le
Musée du Pays des Criș.
Attila Lakatas : « Ils
ont été construits durant une période où le sud-est de l’Europe était marqué
par le passage du baroque au classicisme. Aussi, leur architecture est un
mélange de baroque italien et de classicisme viennois. Le premier architecte en
charge des travaux durant la première décennie venait d’Italie et il s’appelait
Giovanni Battista Ricca. Pour la cathédrale, il a pris pour modèle l’église du
Gesù (ou Eglise du Saint Nom de Jésus) à Rome. Du point de vue de sa forme et
de ses dimensions, la cathédrale d’Oradea est presque identique à cette
première église jésuite de la capitale italienne. Plus tard, un autre
architecte, le célèbre Franz Anton Hillebrandt allait
prendre la relève. Celui-ci allait devenir architecte de la Cour impériale de
Vienne et ériger de nombreux édifices célèbres d’Europe. On lui doit, entre
autres, une partie du château de Schönbrunn et il allait intervenir
aussi, au milieu du 18e siècle, sur la Hofburg, l’ancienne résidence
impériale. Une vingtaine d’années durant, Hillebrandt travaille à Oradea. Il
assume la construction de la cathédrale, pour laquelle il allait élaborer un
nouveau projet, et il conçoit et construit le Palais épiscopal, le plus grand
monument ecclésiastique de la région des Carpates. »
C’est
l’évêque Adam Patachich qui fit bâtir le
Palais baroque de l’Evêché catholique, il y a près de 250 ans, entre 1762
et 1776. L’édifice a la forme de la lettre U, il s’élève sur 3 niveaux et
comporte 3 côtés rectangulaires. La façade principale mesure 102 mètres de long
et la construction couvre une superficie de quelque 8.500 m². Au milieu de la
cour, où se trouve aussi bien le Palais que la Cathédrale, s’élève la statue du
roi Ladislas Ier de Hongrie (surnommé Saint Ladislas), considéré le
fondateur de la cité d’Oradea. Quant à l’église, elle demeure un des monuments
les plus imposants de la région.
Attila
Lakatas : « Cette église, avec ses deux belles tours s’élevant à plus de 42
mètres, est la plus grande construction baroque du sud-est de l’Europe. C’est
aussi le plus haut bâtiment de la ville, dépassant les constructions modernes,
car elle a été construite en respectant les dimensions de l’église du Saint Nom
de Jésus à Rome. »
Habillé de neuf, l’Ensemble baroque d’Oradea est en même
temps un lieu de pèlerinage et une destination touristique à ne pas rater sur
la carte de cette ville si riche du point de vue architectural. (Trad. :
Dominique)