Le Train royal
Le volume « Povestea Trenului Regal / L’Histoire du Train royal », écrit par Tudor Vișan-Miu et Andrei Berinde, est un voyage littéraire dans le passé et le présent de ce symbole de la Royauté en Roumanie.
Ion Puican, 17.11.2024, 09:32
Le Train royal est destiné aux déplacements de la Famille royale de Roumanie et de ses invités roumains ou étrangers. La rame est toujours composée d’une locomotive à vapeur (en cours d’être restaurée) et de cinq wagons: un wagon-salle à manger, le wagon privé du Roi, le wagon privé de la Reine, celui des invités et celui de la Maison de Sa Majesté le Roi (le personnel de service).
Plusieurs trains royaux
L’historien Tudor Vișan-Miu, co-auteur du volume consacré au Train royal, explique la signification de ce train et l’apparition des Chemins de fer roumains (CFR): « Je veux préciser dès le début qu’il y a eu plusieurs trains royaux. Celui dont nous parlons, et qui existe toujours, a été mis en circulation en 1928 et il a été fabriqué aux usines Ernesto Breda de Milan. L’importance de ces trains est évidente. Les membres de la famille royale doivent voyager dans une rame qui leur offre des conditions de qualité pour un déplacement long. D’où ce besoin de trains spéciaux. Certes, ces voyages ont pu être effectués à partir du moment où les chemins de fer commencent à se développer sous le règne du d’abord Prince et ensuite Roi Carol I. Quand Carol I est arrivé en Roumanie, le pays n’avait aucun kilomètre de voie ferrée. Des projets, il y en avait depuis plusieurs années, mais c’est Carol I qui en a accéléré et transformé la mise en œuvre en une action prioritaire. »
Utilisation à l’époque communiste
Tudor Vișan-Miu ajoute des détails sur l’âge du Train royal et sur son utilisation durant le régime communiste: « Le Train royal, l’actuel bien-sûr, est vieux de quatre-vingt-quinze ans. Il a survécu au communisme grâce aux conditions de voyage offertes à ceux qui l’ont utilisé durant cette époque-là, sous le régime de Gheorghiu-Dej. Plus tard, Nicolae Ceaușescu a utilisé une autre rame fabriquée en Roumanie, à Arad. Mais le train a été préservé, restauré dans les années 1990 et utilisé pour des déplacements disons spéciaux ; car il emploie des locomotives différentes de celles qui circulent habituellement sur les chemins de fer roumains, il a aussi besoin d’un personnel spécial, qui assure son déplacement. »
Une attraction pour les amateurs d’histoire et pour les curieux.
Durant ces déplacements, il a pu être admiré par des gens passionnés à travers le pays. Ce train est étroitement lié à l’abdication du Roi Michel le 30 décembre 1947 et à son départ à l’étranger dans la nuit du 3 janvier 1948: « Ce train est sans doute intéressant aussi en tant qu’objet de patrimoine, chose évidente lorsqu’il a été garé sur une voie, à la Gare du Nord de Bucarest, et des tas de gens sont venus le visiter. Même chose quand le Train royal a traversé des localités lors des voyages de membres de la famille royale. Il s’agit de la série de voyages débutée en 2012, à travers le pays. Avant l’utilisation du train par la famille royale, il y a eu plusieurs projets, dont un a bénéficié de l’implication de la famille royale – c’était un déplacement des membres de l’Union des écrivains à l’occasion d’une tournée anniversaire en 2009. Evidemment, une utilisation excessive de ce train est hors de question, puisqu’il a tout de même une signification à part. C’est le train à bord duquel le roi Carol II et le roi Michel ont quitté la Roumanie, le premier en 1940, le second en 1947. C’est donc un train qui a traversé des moments de l’histoire de la Roumanie. Bien-sûr, il a aussi été utilisé par des leaders communistes et il a été, paraît-il, la scène de rencontres avec des personnalités étrangères. … Plus récemment, le Train royal a été associé avec les funérailles du Roi Michel, puisqu’il a transporté le cortège royal de Bucarest à Curtea de Argeș, où les obsèques ont eu lieu. »
Mythes et légendes
Des mythes et des légendes ont circulé, liés aux richesses du Train royal, des richesses que la famille royale aurait sorties du pays lors de l’installation du régime communiste et de l’abdication du Roi Michel, dictée par les nouvelles autorités du pays, avec l’appui de l’armée soviétique. Tudor Vișan-Miu raconte le départ en exil du Roi Michel: « Le train a été, disons, associé à une certaine mythologie liée au départ en exil du Roi Michel, avec des richesses chargées à bord du Train royal. Les recherches effectuées dans les archives de la Securitate, après la chute du communisme, ont entièrement infirmé cette idée et confirmé les témoignages de ceux qui avaient accompagné le Roi Michel et qui avaient raconté la surveillance dont ils avaient fait l’objet ; ils avaient emporté juste quelques biens personnels sans grande valeur, pour éviter la confiscation de bijoux ou de la vaisselle et des objets de la table d’une plus grande valeur. », a conclu l’historien Tudor Vișan-Miu, co-auteur du volume « L’Histoire du Train royal ». (Trad. Ileana Ţăroi)