Le photographe Franz Xaver Koroschetz
Les villes de Roumanie ont toutes eu leurs photographes officiels et la ville de Focsani, chef-lieu du département de Vrancea, dans les Carpates de la Courbure, n’a pas fait exception. Le photographe, citoyen austro-hongrois, Franz Xaver Koroschetz s’établit en Roumanie, à Focsani en 1895. Il commence à photographier la ville en 1899 et le fera jusqu’en 1934, année de sa mort. Les peu nombreux documents le concernant ne mentionnent malheureusement pas l’année ni le lieu de naissance du photographe. Dans son atelier du centre-ville de Focsani, Koroschetz a photographié l’élite locale et la classe moyenne de la région de Vrancea.
Steliu Lambru, 10.11.2024, 10:31
Les villes de Roumanie ont toutes eu leurs photographes officiels et la ville de Focsani, chef-lieu du département de Vrancea, dans les Carpates de la Courbure, n’a pas fait exception. Le photographe, citoyen austro-hongrois, Franz Xaver Koroschetz s’établit en Roumanie, à Focsani en 1895. Il commence à photographier la ville en 1899 et le fera jusqu’en 1934, année de sa mort. Les peu nombreux documents le concernant ne mentionnent malheureusement pas l’année ni le lieu de naissance du photographe. Dans son atelier du centre-ville de Focsani, Koroschetz a photographié l’élite locale et la classe moyenne de la région de Vrancea.
Une découverte personnelle
Le journaliste et collectionneur Sorin Tudose, originaire de la ville de Focsani est l’auteur d’un album illustré dédié à Franz Koroschetz à l’occasion de la 90ème commémoration de la mort de l’artiste photographe.
Lors du lancement de cet album, Sorin Tudose a parlé d’une découverte personnelle : « J’ai fait une méga-découverte à l’Académie roumaine. J’ai retrouvé le produit photographique le plus luxueux des 35 années de carrière de Franz Koroschetz. L’histoire est la suivante: en 1904, la famille royale roumaine fait un voyage en train de Sinaia à lasi, avec des arrêts dans les principales gares, où l’événement est évidemment immortalisé. A Focsani, il y en a eu sept photos, prises à la gare. Sur l’une d’entre elles, à droite de l’image, on voit un individu qui repose une main sur ses genoux. C’est le préfet du département, Nicusor Sàveanu, qui, en tant qu’homme politique aguerri, au courant de la visite royale, avait commandé à Franz Koroschetz un album d’images du département de Putna, le nom que le département de Vrancea avait à l’époque. Le photographe a réalisé 14 photos dans le nord du département, des images rassemblées dans cet album, arrivé entre les mains du jeune homme au centre de la photo, qui n’est autre que Radu Saveanu, futur maire de Focsani et fils de Nicusor Săveanu. Radu Saveanu a offert le recueil à celui qui allait devenir le roi Carol Il. Cet album a été mentionné une seule fois dans la presse de l’époque et il a été introuvable de 1904 à 2024. Il a d’abord appartenu à la famille royale, et ensuite il a fini à la Bibliothèque de l’Académie. Mais personne n’en avait plus aucune information jusqu’en 2024, quand je l’ai découvert. »
On dit qu’une photo parle par elle-même.
Cependant, le travail et la passion de Sorin Tudose ont réussi à compléter les histoires cachées derrière certaines de ces photographies : « Nous avons là deux photos et il est question de ce que la recherche a découvert derrières les images. Il n’y avait rien d’écrit sur aucune des deux photos. Elles sont réalisées par Keroschetz, pour la famille Rainu-Negut, et j’aurais voulu y ajouter seulement « Photo Keroschetz », en légende. Selon moi, elles avaient été prises autour de l’année 1910. Mais, puisque j’en suis passionné, j’ai lu en détail la presse du temps où j’ai fini par trouver un article tout à fait par hasard. On y parlait des noces d’argent de la famille Negut un événement fêté à la résidence familiale. J’y ai découvert les personnalités présentes à cette célébration, y compris le maire de la ville, devant lequel les deux époux avaient renouvelé leurs serments. L’article datait de 1908. J’ai donc pu comprendre à quelle occasion ces photos avaient été prises et j’ai réussi à identifier tous les personnages présents. Les histoires en toiles de fond augmentent la valeur de ces images: elles nous disent qui sont ces personnages, à quelle occasion ils s’étaient rencontrés, elles gagnent en chaleur humaine. »
La disparition de la vieille ville de Focsani
La ville de Focsani du temps de Koroschetz n’existe presque plus aujourd’hui, mais elle vit toujours dans le livre de Sorin Tudose. qui nous raconte la disparition de la vieille ville : « A commencer des années 1970, les démolitions deviennent monnaie courante. C’est ce qui arrive, par exemple, à une église de Focsani. seule église de la ville démolie par les communistes. Koroschetz l’avait photographiée autour de 1930. Les camarades communistes ne l’avaient pas aimée et l’ont démolie. Tout comme ils n’ont pas aimé le bâtiment appelé « Banca Economia », qu’ils ont aussi abattu. J’ai donc voulu montrer par un dessin graphique ce qui est arrivé à ma ville natale, Focsani. J’en ai parlé à une amie architecte et elle avait voulu savoir ce que j’entendais par cela. Je lui ai montré deux bâtiments importants de Focsani, la Banca Economia et l’Eglise princière, et je lui ai demandé d’imaginer un dessin avec des bulldozers portant une faucille et un marteau. »
L’album de Sorin Tudose contient plus de 250 photos réalisées par Franz Xaver Koroschetz durant 35 ans. Elles ont immortalisé le quotidien et les occasions spéciales de la vie de la ville et de ses habitants. (Trad. leana Tăroi)