Le peintre Ştefan Popescu
Né en 1872 à Fințești, petite commune du département
de Buzău (à l’est de la Roumanie), et mort en 1948 à Bucarest, Ștefan Popescu est
un nom de poids parmi les peintres de l’entre-deux-guerres. Talent reconnu dès
son vivant par les institutions culturelles de l’époque, Ștefan Popescu a été
malheureusement plutôt inconnu du grand public. Récemment, le projet Art Safari
et la Pinacothèque municipale de Bucarest ont collaboré pour mettre en lumière,
dans le cadre d’une exposition, cet artiste plasticien cosmopolite et grand
voyageur.
Christine Leșcu, 23.10.2022, 10:47
Né en 1872 à Fințești, petite commune du département
de Buzău (à l’est de la Roumanie), et mort en 1948 à Bucarest, Ștefan Popescu est
un nom de poids parmi les peintres de l’entre-deux-guerres. Talent reconnu dès
son vivant par les institutions culturelles de l’époque, Ștefan Popescu a été
malheureusement plutôt inconnu du grand public. Récemment, le projet Art Safari
et la Pinacothèque municipale de Bucarest ont collaboré pour mettre en lumière,
dans le cadre d’une exposition, cet artiste plasticien cosmopolite et grand
voyageur.
Son aventure avait commencé en 1893, lorsqu’il partit étudier l’art
graphique, pendant sept ans, à Munich et ensuite à Paris, raconte la
commissaire de l’exposition, Elena Olariu : « Il a passé beaucoup de temps en
France, où il s’est nourri des courants artistiques très modernes de là-bas. Il
avait une personnalité très cosmopolite, cultivant de nombreuses amitiés parmi
les gens de culture roumains. ( …) J’ai découvert qu’il entretenait une
correspondance soutenue avec l’homme de lettres Dobrogeanu-Gherea, avec le
grand scientifique Ion Cantacuzino, j’ai trouvé des lettres échangées avec un
autre grand homme de science et ami, Grigore Antipa. C’était donc quelqu’un
d’extraordinaire, mais ignoré par le plus grand nombre, probablement parce qu’il
avait fait ses études en Allemagne et en France, quoi qu’il ait été très
attaché à la Roumanie. (…) L’État roumain lui avait conféré la distinction Coroana
României (La Couronne de Roumanie), il avait reçu la Légion d’honneur de l’État
français pour ses magnifiques toiles réalisées en France et pour son
implication dans la dissémination de la création artistique et culturelle
française, en plus de la roumaine ».
Durant sa carrière internationale,
Ștefan Popescu a fait partie de la sélection de la Biennale de Venise et des
salons officiels de Paris. En Roumanie, il a été un des fondateurs de
l’association artistique Tinerimea Română (La Jeunesse roumaine), il a
participé à la colonie artistique de la ville de Baltchik et du Cap Kaliakra,
actuellement en Bulgarie, alors qu’à l’époque, ils se trouvaient en Roumanie.
Peintre
cosmopolite, Ștefan Popescu s’est approprié tous les courants artistiques de
son temps, pour se créer un style personnel éclectique ou synthétique,
considère Elena Olariu : « Il a réalisé une synthèse de tous ces
courants. Il avait une personnalité très forte, qui l’avait poussé vers ce
domaine comme autodidacte, car, au début, il avait suivi la carrière
enseignante, traditionnelle dans sa famille. Mais il se rend compte qu’il doit
se consacré à la peinture et part à Munich. (…) Il cherche à s’éloigner au
maximum de sa famille, s’assurer que personne ne va mettre un terme à ses
études artistiques. Dans la capitale bavaroise, il a pratiqué le style
spécifique de la fin du XIXe siècle et du début du XXe : l’art nouveau,
connu sous le nom de sécession dans l’espace allemand. Pourtant, malgré les
nombreuses années passées à l’étranger, Ștefan Popescu cherchait à créer un
style roumain, une peinture reconnaissable comme roumaine. Il passait ses
vacances à Curtea de Argeş, ville considérée comme une sorte de centre de l’art
roumain ancien. Il s’est inspiré de l’art byzantin, avec des éléments d’art
nouveau, très à la mode, produisant une peinture très intéressante.
Malheureusement, de nombreuses toiles signées par Ștefan Popescu ont été
perdues en même temps que le trésor national envoyé à Moscou et qui incluait
aussi des œuvres d’art ».
Malgré
cette perte, les tableaux de Ștefan Popescu qui nous restent témoignent de sa
passion de voyager et de capter les caractéristiques des endroits visités,
ajoute la commissaire d’exposition Elena Olariu : « Il a énormément
voyagé en Europe, en Afrique du Nord et en Roumanie. Il était ce que nous
appelons un peintre voyageur, qui aimait retenir sur place le paysage
extraordinaire de l’étranger. Il s’était même muni d’un équipement spécial- parapluie,
chaise pliante, sac à dos- qui l’aidait à peindre les paysages et les gens
qu’il rencontrait. En Roumanie, il a voyagé à Baltchik, au Cap Kaliakra, dans
le Delta du Danube, étant l’un des premiers peintres à découvrir et
immortaliser cette magnifique région de notre pays. Après la Grande Guerre et
l’union de tous les territoires roumains, il a peint des toiles en
Transylvanie. Il a créé des œuvres à Venise, où il a participé à trois éditions
de la Biennale, et il a voyagé en Orient, notamment l’Orient lié à la culture
française. Il avait pris part à des excursions spéciales au Maroc et en
Algérie, avec Marseille comme point de départ. (…) Il a aussi voyagé en Turquie.
Ștefan Popescu a donc été un grand peintre voyageur. Ses paysages expriment la
spontanéité de l’image unique admirée sur place, vécue, ressentie et
interprétée par la peinture ».
Le public bucarestois peut
admirer les toiles les plus représentatives de l’art de Ștefan Popescu dans le
cadre de l’exposition d’Art Safari, inaugurée au Palais Dacia-România, où siège
la Pinacothèque de Bucarest, dans le Vieux Centre de la capitale roumaine. (Trad.
Ileana Ţăroi)