Le parc Romanescu de Craiova
Son histoire est intimement liée à la famille de boyards Bibescu-Ştirbey, dont deux représentants sont montés sur le trône de la Valachie. Au XIXe siècle, le terrain de l’actuel parc, situé à la sortie de la ville, appartenait à Iancu Ioan Bibescu, grand dignitaire à la chancellerie valaque. Il y avait fait aménager un jardin, parsemé de bancs et de pavillons. Puisque les habitants de Craiova pouvaient s’y promener à leur gré, cet espace servit donc de jardin public aussi.L’idée d’y aménager un parc est donc apparue tout naturellement au début du 20e siècle, lorsque le maire de la ville de Craiova, Nicolae Romanescu, décida de fonder un parc conçu selon un projet primé de la médaille d’or de l’Exposition internationale de Paris en 1900.
Christine Leșcu, 08.06.2018, 15:58
Son histoire est intimement liée à la famille de boyards Bibescu-Ştirbey, dont deux représentants sont montés sur le trône de la Valachie. Au XIXe siècle, le terrain de l’actuel parc, situé à la sortie de la ville, appartenait à Iancu Ioan Bibescu, grand dignitaire à la chancellerie valaque. Il y avait fait aménager un jardin, parsemé de bancs et de pavillons. Puisque les habitants de Craiova pouvaient s’y promener à leur gré, cet espace servit donc de jardin public aussi.L’idée d’y aménager un parc est donc apparue tout naturellement au début du 20e siècle, lorsque le maire de la ville de Craiova, Nicolae Romanescu, décida de fonder un parc conçu selon un projet primé de la médaille d’or de l’Exposition internationale de Paris en 1900.
Le projet appartenait au grand architecte paysagiste Edouard Redont, auteur du projet du parc Carol Ier de Bucarest en 1906. Edouard Redont a également gardé quelques traces que la famille Bibescu avait laissées sur les lieux, explique le paysagiste Alexandru Mexi : « La maison Bibescu se trouve toujours dans le parc, à proximité du Jardin Zoologique, qui avait été créé à la même époque. Il ne s’agit pas d’une intervention ultérieure, puisqu’il existe des documents d’époque et des plans relatifs à un enclos des loups, ainsi que sur la manière dont celui-ci devait être construit. Le terrain sur lequel le parc s’étend aujourd’hui était à l’époque une propriété privée, mais certains lopins de terre n’appartenaient à personne. En fait, des caravanes de roms nomades s’installaient le long du ruisseau Valea Fetei, la Vallée de la fille, rendant ce terrain insalubre. Edouard Redont a publié en 1904 un livre appelé « Parc Bibesco », dans lequel il présente en détail toutes les interventions que le parc avait subies. Tout un chapitre est dédié au jardin qui y existait avant l’aménagement de l’actuel parc Romanescu, expliquant le contexte qui avait mené à son apparition. La principale raison a de la création de ce parc était été celle de nettoyer la zone. »
Au cours des travaux d’aménagement du jardin, qui a porté initialement le nom de Bibescu, Edouard Redont a collaboré avec un autre paysagiste étranger, Jean Ernest, et leur vision transposée sur les lieux resta inchangée jusqu’à nos jours, raconte Alexandru Mexi : « Le parc Romanescu est probablement l’unique jardin public du sud de la Roumanie, sinon de Roumanie, aménagé dans un style purement romantique. Ce style apparut d’abord en Angleterre, vers la fin du 18e siècle et il est répandu uniquement à travers les jardins privés. Vers le début du 19e siècle, il fut adopté aussi par les jardins publics, lorsqu’un véritable phénomène de la création de parcs publics est né. Puis, il est adopté par les Français aussi, qui modifient ce style qui atteint ainsi son apogée. A son tour, Edouard Redont, paysagiste formé en France, élève d’un autre grand paysagiste – Edouard André – est devenu lui aussi adepte du style romantique français qu’il allait utiliser pour le parc Romanescu. Dans le cas des jardins et des parcs, le style romantique présente quelques caractéristiques spécifiques, dont la plus connue est « la nostalgie des ruines ».
Et le parc Romanescu n’y fait pas exception, puisqu’il possède quelques fausses ruines. L’exemple le plus éloquent est le château d’eau, appelé actuellement le château magique. S’y ajoute le pont aux chaines qui relie les deux rives du ruisseau Valea Fetei. Hormis ces constructions en fausse ruine, il existe aussi de constructions à architecture roumaine traditionnelle, à savoir : la maison du jardinier, l’ancien restaurant et plusieurs pavillons et kiosques ». La végétation du parc a également été alignée aux exigences du même style, explique Alexandru Mexi : « La végétation, typique du style romantique français, est exotique. Rien qu’un exemple : le cyprès chauve, arbre planté au début du 20e siècle, est très beau de nos jours encore. Il n’est pas spécifique pour le sud de la Roumanie, mais à l’époque, il s’inscrivait dans une mode apparue en France et en Espagne et c’est pourquoi il fut acclimaté en Roumanie aussi, y compris dans le parc Cismigiu de Bucarest. Le parc préserve aussi quelques exemples de la végétation d’origine avec quelques vieux tilleuls, mais aussi des frênes et des hêtres qui bordent les étangs longeant le cours du ruisseau Valea Fetei… Malheureusement ces arbres ont commencé à disparaître à cause de l’intervention humaine. Les tranchées creusées près de leurs racines pour installer des câbles, ainsi que d’autres chantiers ont tassé la terre autour d’eux et même endommagé leurs racines. »
De nos jours encore, les visiteurs peuvent toujours admirer le projet d’origine d’Edouard Redont, tout comme l’ont fait les habitants de Craiova en 1903, lors de l’inauguration officielle du parc, qui s’est déroulée en présence du Roi Carol Ier et de la reine Elisabeth. (Trad. Alex Diaconescu)