Le musée des icônes sur verre de Sibiel
Le village de Sibiel,
à une vingtaine de km de la ville de Sibiu, s’est doucement transformé en un
site rural intéressant d’un point de vue touristique mais aussi du patrimoine. Ses
habitants traditionnels sont des Roumains venus s’installer dans la proximité
de la grande agglomération urbaine du sud de la Transylvanie, dans la zone
connue sous le nom de Mărginimea Sibiului. Sibiel est également le lieu où se
trouve le musée d’icônes sur verre le plus important de Roumanie. Chefs-d’œuvre
de l’art paysan naïf, mais aussi objets de culte, les icônes sur verre ont embelli
les maisons des gens dans la plupart des régions de la Roumanie. C’est vers la
fin des années 1960 que le prêtre (pope) Zosim Oancea a commencé à en collecter
afin de les exposer dans le musée qu’il avait créé dans la cour de l’église de
la Trinité de Sibiel. L’actuel prêtre de la paroisse, Bogdan Flueraș, esquisse
une biographie du fondateur du musée.
Christine Leșcu, 09.10.2022, 10:04
Le village de Sibiel,
à une vingtaine de km de la ville de Sibiu, s’est doucement transformé en un
site rural intéressant d’un point de vue touristique mais aussi du patrimoine. Ses
habitants traditionnels sont des Roumains venus s’installer dans la proximité
de la grande agglomération urbaine du sud de la Transylvanie, dans la zone
connue sous le nom de Mărginimea Sibiului. Sibiel est également le lieu où se
trouve le musée d’icônes sur verre le plus important de Roumanie. Chefs-d’œuvre
de l’art paysan naïf, mais aussi objets de culte, les icônes sur verre ont embelli
les maisons des gens dans la plupart des régions de la Roumanie. C’est vers la
fin des années 1960 que le prêtre (pope) Zosim Oancea a commencé à en collecter
afin de les exposer dans le musée qu’il avait créé dans la cour de l’église de
la Trinité de Sibiel. L’actuel prêtre de la paroisse, Bogdan Flueraș, esquisse
une biographie du fondateur du musée.
Père Zosim Oancea a créé ce musée
entre 1976 et1983, donc en pleine époque communiste. Il s’était installé à
Sibiel en 1964, après quinze années passées dans les prisons communistes. En 1965,
il a redécouvert la peinture de l’église
de la Sainte Trinité de Sibiel et en 1969 il a eu cette idée extraordinaire de
mettre en place un musée des icônes sur verre, ce qu’il fait à Sibiel, dans un
bâtiment de moindres dimensions, fini en 1973. Lorsque celui-ci ne peut plus
accueillir la collection grandissante, Père Zosim réussit à faire ériger la
construction actuelle. Père Zosim n’était pas originaire de la zone de Mărginimea
Sibiului, étant né dans le village d’Alma, près de la ville de Mediaș. Il a
enseigné la religion à Sibiu et c’est ce qui lui a valu d’être jeté en prison. Après
les années de détention, il a été prêtre à Sibiel, où il est décédé.
Le musée de Sibiel
détient actuellement une collection impressionnante, riche de plus de 600 icônes
sur verre de tout le pays, datant des XVIIIe et XIXe siècles. Elles sont
originaires du village de Nicula, dans le département de Cluj, de Mărginimea
Sibiului, de Bucovine et du nord de la Moldavie, des régions de Brașov et de
Făgăraș, mais aussi de l’ouest du pays, de la région du Banat. Le prêtre Bogdan
Flueraș raconte leur périple jusqu’à Sibiel. Je dois préciser
qu’avant de se retrouver dans notre musée, ces icônes décoraient les maisons
des gens. C’est là que Père Zosim les avait vues. Il y en a eu achetées ou
données, mais ce fut surtout lui qui les a ramenées des foyers des gens. Des
générations successives avaient prié devant ces icônes. Je vais vous en donner
un exemple. Père Zosim avait beaucoup de sensibilité. Un jour, il est entré
dans la maison d’une fidèle où il a remarqué une icône très belle. Il lui a
proposé d’en faire don au musée, pour que d’autres gens puissent l’admirer,
mais la propriétaire de l’icône n’a pas accepté. Pourtant, elle lui a promis de
s’en séparer si le prêtre allait ramasser 99 autres icônes. Père Zosim a vite
réussi à collecter ce nombre et la femme en question a tenu parole, offrant au
musée sa belle icône.
La
plupart de ces icônes représentent la Vierge Marie et Jésus Christ, mais aussi
des saints tels Saint George, considéré comme le protecteur du printemps, ou
Saint Élie, protecteur de l’été, Saint Nicolas, protecteur de l’hiver, et Saint
Dimitri, protecteur de l’automne. Les
icônes sur verre montrent donc l’univers paysan, dominé par la foi religieuse,
mais aussi par la nature. Les vernis et les matériaux sont également naturels,
raconte le prêtre Bodgan Flueraș. Les paysans ont trouvé les vernis
dans leurs fermes, le jaune et le blanc d’œuf par exemple. Pour ce qui est du
verre, les icônes les plus anciennes sont peintes sur un verre très fin, ce qui
est visible à l’œil nu. Ces icônes sont très différentes, en fonction des
couleurs et des dimensions. Ainsi, les premières, réalisées à Cluj, sont-elles
plus petites et les couleurs sont plus sombres, mais elles sont très belles.
Ensuite, les icônes de la zone de Sebeș et d’Alba Iulia, portent une nuance
précise de vert. À Mărginimea Sibiului, Brașov et Făgăraș, c’est le bleu qui
est le plus utilisé. En Bucovina et dans le nord de la Moldavie, on trouve le
jaune et le vert. Nous avons une icône où le Seigneur Jésus Christ est
représenté habillé d’un gilet traditionnel de Suceava. Cela montre que les gens
adaptent les icônes aux traditions de leur région. Même chose pour la zone de
Cluj, à Nicula, ou bien dans la Vallée du Mureș, où les artistes peintres ont
offert l’écharpe traditionnelle à la Mère du Seigneur. Voilà, donc, autant de
détails qui font la différence.
Né en 1911,le prêtre Zosim Oancea est mort en 2005.
Le musée des icônes sur verre qu’il a créé à Sibiel a contribué à la transformation
du village en un site culturel et touristique. (Trad. Ileana Ţăroi)