Le médecin Leon Sculy, un des précurseurs de la neurochirurgie en Roumanie
La modernisation de la médecine roumaine et de l’ensemble de la société de la Valachie et de la Moldavie commençait au milieu du 19e siècle. Initialement, les agents du renouveau furent les docteurs étrangers, puis des Roumains qui ont fait leurs études à l’étranger, dont Leon Sculy, un des pionniers de la chirurgie et de la neurochirurgie moldaves. Il est connu entre autres comme le premier doyen et l’un des fondateurs de la Faculté de médecine de Iaşi. D’ailleurs, en décembre 1879, lorsque cette institution a ouvert ses portes, c’est Leon Sculy qui y a tenu le premier cours d’anatomie.
Christine Leșcu, 26.07.2020, 13:29
La modernisation de la médecine roumaine et de l’ensemble de la société de la Valachie et de la Moldavie commençait au milieu du 19e siècle. Initialement, les agents du renouveau furent les docteurs étrangers, puis des Roumains qui ont fait leurs études à l’étranger, dont Leon Sculy, un des pionniers de la chirurgie et de la neurochirurgie moldaves. Il est connu entre autres comme le premier doyen et l’un des fondateurs de la Faculté de médecine de Iaşi. D’ailleurs, en décembre 1879, lorsque cette institution a ouvert ses portes, c’est Leon Sculy qui y a tenu le premier cours d’anatomie.
Né en 1853 à Piatra Neamt, dans la principauté de Moldavie, actuellement dans l’est de la Roumanie, le futur docteur faisait partie d’une famille grecque, raconte le professeur des universités Richard Constantinescu, commissaire du Musée d’histoire de la médecine de l’Université de médecine et pharmacie de Iaşi, qui dresse le portrait de ce personnage : « Leon Sculy avait un autre nom – Logothetides – simplifié par la suite en Logotheti. Il avait un frère et une sœur. Ce qui est intéressant, c’est qu’au fil du temps, il a été décrit par différents proches de manières opposées : des fois par des mots chaleureux, d’autres fois par des mots plus durs. Les contemporains le caractérisaient comme une personne au tempérament vif et difficile. Dans un texte publié dans la revue médicale de Iasi, le docteur Paul Anghel, son collaborateur, notait : « Leon Sculy était une figure sympathique de taille moyenne. Il était robuste, mais avait une marche bizarre, il était intelligent et avait un humour acide ». C’est le portrait dressé par un autre médecin et écrivain. Leon Sculy a fait ses études universitaires à Paris et Montpellier. Après avoir soutenu sa thèse de licence à Paris, il est revenu à Iasi, où il a été le collaborateur du professeur Ludovic Russ sénior, un médecin autrichien considéré comme le père de la chirurgie de Moldavie. Il devient un des promoteurs de la neurochirurgie roumaine et fait de nombreuses interventions au niveau de la calotte crânienne. Il compte parmi ceux qui ont introduit la désinfection des mains dans les hôpitaux de Iasi, l’antisepsie (les méthodes destinées à prévenir ou à combattre l’infection en détruisant des microbes) et l’eau stérilisée pour se laver les mains. Autre aspect intéressant : en 1899 il a lancé l’appareil de diagnostic aux rayons X de Roentgen, une nouveauté pour cette époque-là. S’y ajoutent d’autres aspects liés à la technique chirurgicale et dont l’utilisation en Moldavie a été possible grâce à l’activité de Leon Sculy. »
A part son activité médicale, Leon Sculy a été aussi actif en politique. Il fut député, aux côtés de son frère. Il s’est aussi fait remarquer pour ses actions philanthropiques. Richard Constantinescu nous en dit davantage : « Il a toujours soutenu les étudiants, c’était quelqu’un de très impliqué dans la vie universitaire. J’ai lu dans un article de journal de l’entre-deux-guerres qu’une partie de la communauté juive de la ville de Iaşi lui avait rendu hommage dans les années 1915-1916, en plantant plusieurs oliviers, en Palestine, dans un parc nommé « Leon Sculy ». C’est une information que je n’ai trouvée que dans cet article-là. Je vais essayer de trouver d’autres sources qui confirment cette histoire ou l’existence de l’oliveraie. A part ça, il aidait financièrement ses patients. Dans un article publié dans un journal de Iaşi, un autre médecin lui adressait ses remerciements et racontait que son professeur de la Faculté de médecine, le docteur Sculy, était venu le voir alors qu’il était hospitalisé à Ungheni, une petite ville de l’actuelle République de Moldova, sise à la frontière avec la Roumanie. Leon Sculy n’avait plus attendu le train et s’y était rendu en carrosse, sous la pluie battante et en traversant la rivière Prut dans laquelle il aurait pu se noyer. L’ancien étudiant a été tellement touché par le geste de son professeur qu’il a décidé de tout raconter au journal. Donner de son argent aux patients pauvres était quelque chose de courant parmi les médecins de Iaşi de l’époque, c’est-à-dire la fin du 19e et le début du 20e siècle. Des médecins généralistes se rendaient au domicile des gens défavorisés et à la fin de la visite, leur laissaient de l’argent sous l’oreiller pour que les malades puissent s’acheter les médicaments conseillés. »
Bien que peu connu du grand public d’aujourd’hui, le nom du docteur Leon Sculy est mis à l’honneur à la Faculté de médecine de Iaşi, assure Richard Constantinescu. « A l’Institut d’anatomie de l’Université de médecine de Iași, un des amphithéâtres est décoré d’un bas-relief représentant Leon Sculy. Et lors du premier cours magistral d’anatomie d’une nouvelle année universitaire, les professeurs respectent la tradition et commencent par une incursion dans l’histoire de la pratique et de l’enseignement médical de la ville. Ils parlent alors de la personnalité de Leon Sculy, premier doyen et premier professeur d’anatomie de la faculté, et aussi un pionnier de la chirurgie thoracique et de la neurochirurgie. Ils parlent aussi de ses activités politiques et caritatives. Il est donc évident que sa biographie mérite d’être connue, en y ajoutant aussi le nom de son frère, Vasile Sculy, propriétaire d’une grande maison dans la zone de Bucium, à Iași, qu’il a donnée à l’Etat pour y héberger les médecins qui soignaient les malades de typhus pendant la Première Guerre mondiale. » Pionnier de la neurochirurgie, partisan de la stérilisation et de l’antisepsie dans les hôpitaux, mais aussi de l’hygiène comme moyen de combattre les épidémies, le docteur Leon Sculy a aussi été collectionneur d’art. Une icône sur verre, représentant Saint Charalampe, traditionnellement invoqué contre la peste, a été mise aux enchères. (Trad. : Valentina Beleavski, Ileana Ţăroi)