Lastun, une toute petite voiture roumaine
L’industrie automobile roumaine d’avant 1989 a produit entre autres une voiture moins connue, la Dacia 500 Lăstun (Hirondelle de fenêtre). Un projet développé vers la fin des années 1980, bien que les premières sources d’inspiration soient apparues au début des années 1970. Imaginée pour les jeunes familles, la Dacia Lăstun était une petite auto, qui ne consommait que peu de carburant.

Steliu Lambru, 30.03.2025, 10:10
L’industrie automobile roumaine d’avant 1989 a produit entre autres une voiture moins connue, la Dacia 500 Lăstun (Hirondelle de fenêtre). Un projet développé vers la fin des années 1980, bien que les premières sources d’inspiration soient apparues au début des années 1970. Imaginée pour les jeunes familles, la Dacia Lăstun était une petite auto, qui ne consommait que peu de carburant.
Quelques données techniques
La fabrication de la Lăstun a débuté en 1988 à Timișoara (ouest de la Roumanie). Aujourd’hui, on l’appellerait une mini hatchback de trois portes, un moteur de 500 centimètres cubes, deux cylindres, et une boîte de vitesse manuelle à quatre vitesses. La puissance du moteur était de 22 CV et la consommation de carburant arrivait à 3,3 litres pour 100 km à vitesse constante. Dans un premier temps, la carrosserie en métal pesait 620 kilogrammes. Ultérieurement, le plastique a remplacé le métal, ce qui a fait baisser le poids total à 590 kilos. La petite voiture mesurait 3 mètres de long, 1,4 mètre de large, 1,3 mètre de haut et 1,9 mètre d’empattement.
Avant 1989, l’ingénieur Ion Puiu a travaillé en tant qu’expert gouvernemental, ainsi que dans la recherche industrielle automobile. Il se souvient de la conjoncture créée suite à une visite en France du leader politique roumain de l’époque, Nicolae Ceaușescu, une conjoncture qui a facilité l’apparition de l’idée de fabriquer une voiture de petite taille et à faible consommation de carburant en Roumanie.
Une idée d’inspiration française
L’industrie automobile roumaine s’inspirait de la française, renouant ainsi avec une collaboration et une amitié franco-roumaine de longue date.
Ion Puiu : « Selon le bouche-à-oreille, car la presse ne publiait pas de telles informations, la Lăstun est apparue à cause de l’insatisfaction provoquée par la consommation de carburant trop élevée des Dacia 1100, Dacia 1300 et Oltcit. En plus, la mémoire collective retient toujours les choses avec un certain décalage. Les choses retenues aujourd’hui, et qui change trois jours ou une semaine plus tard, retrouvent beaucoup plus tard la mémoire collective. L’élément central a été la consommation moyenne trop élevée de modèles mentionnés. C’était à peu près en 1973, lors du premier choc pétrolier mondial, que la Renault 5 avait fait son apparition, une voiture extraordinaire, qui a frappé fort en termes d’image. Il faut dire, d’ailleurs, que les Français sont de grands spécialistes des petites voitures. Donc, lorsque Nicolae Ceaușescu est allé en France, il a demandé au président Valéry Giscard d’Estaing quelle était la solution française du problème de la consommation de carburant. En guise de réponse, le président Giscard d’Estaing l’a emmené visiter une sorte de lycée technique de haut niveau à Nantes, un établissement qui formait des techniciens évidemment de haut niveau, et il lui a aussi montré le concept de voiturette. Les Français conduisent même aujourd’hui des voiturettes de 250 centimètres cubes, une sorte de moto avec ou sans carrosserie, qui ne demande pas d’avoir le permis de conduire. Au retour de cette visite, cette idée est apparue, de fabriquer nous aussi une très petite citadine. »
Un projet en difficulté
Cependant, passer à la fabrication ne s’est pas fait facilement. Le régime politique et son idéologie étaient les responsables de fortes dysfonctions. L’ingénieur Alexandru Ioan, qui travaillait à l’usine automobile Dacia, avait été temporairement détaché à l’usine de Timișoara pour le projet Lăstun.
« Quand la fabrication de la Lăstun a effectivement démarré, j’ai ressenti comme une sorte de manque d’intérêt, mais un ordre ministériel me pressait de m’y impliquer, un point c’est tout. J’ai dit au ministre que nous devrions informer les Français sur ce qu’on allait faire, mais il m’a répondu « non ». J’ai été détaché durant six mois à l’entreprise de Timișoara pour y fournir de l’assistance technique et j’ai été le témoin du démarrage du projet. Et je peux vous dire que toute la partie « conception et démarrage », déroulée à l’INMT Bucarest (l’Institut national de moteurs thermiques), n’a pas rencontré de gros problèmes, comparé à n’importe quel autre modèle, roumain ou étranger. Mais les problèmes ont été très importants au niveau de l’usine, bloquant la conception, qui n’a pas réussi à évoluer pour résoudre des difficultés inhérentes. La Renault 12 subissait une centaine de modifications par jour, pareil pour la Lăstun jusqu’au moment où toute modification a été bannie. Il y a eu des pressions pour lancer la production et la voiture en est sortie avec des soucis de qualité. Il y avait aussi d’autres problèmes concernant la fabrication des panneaux des portes et des capots, qui étaient en plastique. Des éléments très importants pour lancer une telle production dans les meilleures conditions. Et puis, il y a eu la Révolution (de décembre 1989) et tout s’est définitivement arrêté. »
La production du modèle Dacia Lăstun a seulement compté quelques milliers de voitures. L’usine de Timișoara a été fermée en 1991, les automobiles de la marque étant actuellement des raretés sur les routes. (Trad. Ileana Ţăroi)