La Pinacothèque de Bucarest
Dans le centre historique de la ville de Bucarest – ancien centre marchand et financier-bancaire de la capitale roumaine, rue Lipscani, en face du bâtiment de la Banque nationale, se dresse le Palais Dacia-România. Edifice élégant et somptueux, qui a connu plusieurs utilisations au fil du temps, il a été récemment attribué au Musée de la ville de Bucarest, pour devenir la Pinacothèque de la capitale. Au milieu du 16e siècle, sur l’emplacement actuel du Palais Dacia-România, le boyard d’origine grecque Ghiorma a fait ériger une église, connue plus tard sous le nom de « l’église des Grecs ». Au 18e siècle, une auberge fut bâtie à proximité. En 1882, la société d’assurances Dacia-România achète le terrain, pour y faire construire ses locaux. Commencés en 1882, les travaux allaient durer jusqu’en 1889. Pourtant, ils étaient déjà presque terminés en 1885-1886. Le style du bâtiment est éclectique, son architecture étant largement influencé par l’Art Nouveau.
Christine Leșcu, 14.06.2020, 00:28
Dans le centre historique de la ville de Bucarest – ancien centre marchand et financier-bancaire de la capitale roumaine, rue Lipscani, en face du bâtiment de la Banque nationale, se dresse le Palais Dacia-România. Edifice élégant et somptueux, qui a connu plusieurs utilisations au fil du temps, il a été récemment attribué au Musée de la ville de Bucarest, pour devenir la Pinacothèque de la capitale. Au milieu du 16e siècle, sur l’emplacement actuel du Palais Dacia-România, le boyard d’origine grecque Ghiorma a fait ériger une église, connue plus tard sous le nom de « l’église des Grecs ». Au 18e siècle, une auberge fut bâtie à proximité. En 1882, la société d’assurances Dacia-România achète le terrain, pour y faire construire ses locaux. Commencés en 1882, les travaux allaient durer jusqu’en 1889. Pourtant, ils étaient déjà presque terminés en 1885-1886. Le style du bâtiment est éclectique, son architecture étant largement influencé par l’Art Nouveau.
Elena Olariu, directrice adjointe du Musée de la ville de Bucarest explique : « Malheureusement, on ignore le nom de l’architecte qui a conçu ce bâtiment, des recherches sont en cours. Il semblerait que c’était un architecte autrichien et, en effet, l’édifice a un aspect viennois. Le nom de l’architecte Adolf Lang a été véhiculé. Une fois les recherches terminées, on saura qui a signé le projet. Les sociétés d’assurances accueillies par ce bâtiment n’ayant pas été assez profitables, elles ont dû déménager et, en 1931, le palais fut acheté par la Banque nationale. En 1950, le palais a accueilli le Conservatoire de Musique et d’Art dramatique. C’est que, durant la période trouble qui a suivi la seconde guerre mondiale, de nombreuses institutions ont perdu leurs locaux, alors que d’autres ont été transférées, provisoirement, dans d’autres bâtiments. Ensuite, entre 1979 et 1983, le Palais Dacia-România a été rénové, car il avait été sérieusement endommagé par le séisme dévastateur de 1977. Il fut transformé, par la suite, en magasin de luxe – pour autant que l’on puisse parler de luxe pendant la période communiste – et de nombreux bucarestois se souviennent peut-être encore de ce magasin lorsqu’ils passent devant l’immeuble. En 2013, la municipalité l’a racheté, pour en faire la Pinacothèque de la ville de Bucarest. Et, en 2019, notre Musée s’est vu offrir cet édifice, dont nous voulons faire une galerie d’art moderne dynamique et interactive. Nous pensons qu’elle trouve très bien sa place au centre historique, qui est fréquenté par de nombreux touristes étrangers. Nous envisageons d’y présenter l’art et la culture de notre peuple, d’une matière attrayante pour tous les visiteurs – pas seulement pour les plus avant-gardistes. »
Le palais Dacia-Roumanie est, lui-même, un chef d’œuvre d’architecture qui mérite bien d’être mis en valeur. Après avoir abrité, depuis 1990, différentes banques, à présent on lui donne enfin une destination plus appropriée. Elena Olariu : « Notre musée détient quelque 5.000 œuvres d’art, dont 2.500 toiles de maîtres. S’y ajoute un grand nombre d’œuvres d’art graphique très intéressantes, qui seront exposées dans des salles séparées, ainsi que des sculptures et environ 700 objets d’art décoratif. Notre patrimoine est donc très riche, car, en 1933, quand la Pinacothèque a été installée dans l’enceinte de l’Observatoire astronomique, la municipalité a souhaité en faire une galerie représentative de la capitale. A l’époque, le musée d’art n’existait pas encore, c’est pourquoi les hommes de culture ont conçu cette Pinacothèque de manière à ce qu’elle soit représentative de l’art roumain. Une stratégie d’acquisitions et visant à attirer des donations fut mise en œuvre dans ce but à l’entre-deux-guerres, pour acheter des œuvres d’une grande valeur artistique et qui couvrent toute l’histoire de l’art roumain. »
Pour le jour où la Pinacothèque sera enfin installée au Palais Dacia-România, le Musée de la ville de Bucarest a un projet innovant d’aménagement d’une exposition permanente et d’organisation de l’espace. Elena Olariu : « La section d’Art, à la tête de laquelle je me trouve, a réalisé un projet intéressant. Le rez-de-chaussée pourra devenir une galerie d’art contemporain, car le patrimoine de la Pinacothèque le permet. Nous pourrons même associer un musée d’art moderne à un musée d’art contemporain. Les deux étages du bâtiment seront réservés à la Pinacothèque historique. Ils accueilleront des œuvres de nos grands peintres classiques : Constantin Lecca, Gheorge Tattarescu, Theodor Aman, Nicolae Grigorescu, Ion Andreescu, Gheorghe Petrașcu, Ștefan Popescu, Theodor Pallady, Nicolae Tonitza. Nous avons également des toiles d’artistes femmes, dont Olga Greceanu, que nous souhaitons mettre en valeur comme elles le méritent. Et puis, il y a les œuvres des avant-gardistes : Marcel Iancu/Janco, Maxy, Sabin Popp, Corneliu Baba, tous de grands artistes. Nous avons commencé des travaux de restauration là où ils sont nécessaires et l’acquisition de cadres spéciaux pour les toiles – donc le projet avance à grands pas. »
Avant l’ouverture de la Pinacothèque, le Palais de la rue Lipscani doit encore subir quelques petites réparations à l’extérieur et des travaux d’aménagement de l’espace intérieur destiné à l’exposition permanente. En échange, le rez-de-chaussée sera ouvert plus tôt que prévu, pouvant accueillir bientôt des conférences ou des expositions temporaires. D’ailleurs, les chefs-d’œuvre des artistes roumains qui constituent le patrimoine de la Pinacothèque ont déjà pu être admirés dans le cadre d’une exposition virtuelle ouverte sur les réseaux sociaux. (Trad. Dominique)