La famille Macca et sa résidence de Bucarest
Edifice à larchitecture particulièrement raffinée et riches ornements, la Maison Macca est une des constructions les plus fascinantes du patrimoine bucarestois.
Christine Leșcu, 11.02.2024, 10:30
Le flâneur qui s’abandonne au charme de la
zone historique de Bucarest, découvre près du centre-ville et des principales
artères de l’agglomération, telles que l’avenue Victoriei et le boulevard Lascăr
Catargiu, le bâtiment de l’Institut d’archéologie de l’Académie roumaine,
l’ancienne Maison Macca. Edifice à l’architecture particulièrement raffinée et
riches ornements, la Maison Macca est une des constructions les plus
fascinantes du patrimoine bucarestois.
Son histoire mixe le cosmopolitisme de
l’époque à travers John-Élisée Berthet, architecte
d’origine suisse, et la biographie de vieilles familles locales, car la maison
a été bâtie par le colonel Petru Macca et son épouse Elena, philanthrope connue
de ces temps-là, qui, dans son testament, a d’ailleurs fait don de la résidence
familiale au ministère de l’éducation. C’est la raison pour laquelle l’immeuble
a accueilli plusieurs institutions, dont le musée des antiquités à
l’entre-deux-guerres et l’institut d’archéologie de nos jours. L’historienne de
l’art Oana Marinache a cherché dans les archives des informations sur le passé
et les plans architecturaux du chef-d’œuvre signé par l’architecte John-Élisée
Berthet. C’est pratiquement une commande
privée de la part d’une famille riche. Tous les revenus de Mme Elena Macca avaient pour source
l’exploitation de son domaine de Miroși. A l’aide du second époux de la
propriétaire, le colonel Petre Macca, mais aussi avec beaucoup de patience et
un très important effort financier, également avec l’aide d’entrepreneurs talentueux,
étrangers pour la plupart car les commandes sont envoyées à Paris et à Vienne,
le couple érige ce bijou immobilier. L’édifice est en fait la somme de tous les
styles de la fin du XIXème siècle. L’architecte Berthet reçoit la commande en
1891, or il est impossible de réaliser la composante artistique en si peu de
temps. L’immeuble est fini autour de 1894, quand le couple Macca emménage dans
sa nouvelle résidence, qui sera aussi impliquée dans des événements moins
plaisants à travers le temps. Par exemple, les écuries et les dépendances ont
pris feu en 1894 et en 1897. La maison, y compris le corps principal, a
également subi des transformations, mais la composante artistique d’origine est
parvenue jusqu’à nous. Sa restauration nous fournit d’ailleurs quelques
surprises. On trouve encore des fresques, des stucs, des meubles inédits, qui
nous offrent une nouvelle image d’un style de vie à la fin du XIXème siècle et
au début du XXème., raconte-t-elle.
L’immeuble est structuré sur quatre
étages: sous-sol, rez-de-chaussée, étage et grenier mansardé. Les ornements
intérieurs et extérieurs ont des éléments baroques, tels que guirlandes en pierre, pilastres
classicisants et symboles héraldiques. Les plafonds et les murs gardent des
fragments de fresques d’origine, certains stucs sont partiellement dorés. A un
moment donné, les balcons ont été adaptés au style Art Nouveau, ce qui les a
transformés en magnifiques serres d’hiver. Et l’on aussi ajouté un vitrail
ouvert vers l’ancien jardin. Par ailleurs, quand on parle de la famille Macca,
le premier-plan est occupé par Elena Macca, souligne l’historienne de l’art
Oana Marinache: La
propriété lui appartenait, tout a été réalisé avec ses propres ressources
financières. Je dirais
qu’Elena Macca est en fait la quintessence d’un mode de vie et d’un type de
grande dame philanthrope de la fin du XIXème siècle. Elle avait suivi des
modèles de sa propre famille. D’abord sa mère et puis sa grand-mère maternelle,
des modèles féminins qui bénéficiaient, certes, d’un certain statut économique
et social, mais qui prenaient soin des domestiques de la maison, des paysans du
domaine, des petits entrepreneurs et des locataires qui vivaient sur le même
domaine. Je crois qu’Elena Macca est un exemple qui mérite d’être connu du
public, même si elle est décédée en 1911, il y a donc plus de cent ans.
En 1931, la Maison Macca, donnée par sa
propriétaire à l’Etat roumain, a accueilli le Musée national des antiquités, et
depuis 1956, année de la fondation de l’Institut d’archéologie, l’édifice
appartient à l’Académie roumaine. La
mauvaise conservation du bâtiment est à l’origine de la décision prise
récemment de lancer des travaux de rénovation de la Maison Macca sous la
houlette de l’Institut national du patrimoine. (Trad. Ileana Ţăroi)