Jeux d’échecs de collection
Les premiers collectionneurs ont été tout naturellement des personnes aisées : souverains, nobles, militaires marchands, explorateurs, membres du clergé qui collectionnaient notamment des objets d’art et d’autres pièces de valeur, tels les bijoux. Un des objets collectionnés est un jeu vénérable et très respecté partout dans le monde : le jeu d’échecs. Et il existe des collectionneurs qui possèdent des tas de jeux, des plus simples et moins chers jusqu’aux jeux exclusifs et chers, véritables œuvres d’art, inaccessibles au grand public.
Steliu Lambru, 06.06.2021, 13:24
Les premiers collectionneurs ont été tout naturellement des personnes aisées : souverains, nobles, militaires marchands, explorateurs, membres du clergé qui collectionnaient notamment des objets d’art et d’autres pièces de valeur, tels les bijoux. Un des objets collectionnés est un jeu vénérable et très respecté partout dans le monde : le jeu d’échecs. Et il existe des collectionneurs qui possèdent des tas de jeux, des plus simples et moins chers jusqu’aux jeux exclusifs et chers, véritables œuvres d’art, inaccessibles au grand public.
Florin Gheorghiu est un grand maître international d’échecs, et un des plus importants joueurs d’échecs de Roumanie. Une de ses grandes performances a été le match terminé à égalité contre le grand Bobby Fischer, jugé par beaucoup le plus grand joueur de l’histoire des échecs. Quelles sont les pièces de jeu d’échecs spéciales qu’il a eu l’occasion de manier durant sa carrière impressionnante ? « Normalement, les pièces les plus belles et de la plus grande valeur sont celles que les collectionneurs gardent chez eux et les personnes en question sont des hommes d’affaires, des acteurs, des cinéastes, des millionnaires ou des gens tout à fait normaux. Il s’agit de pièces en ivoire, argent, même en or. Certains sont même taillés dans des diamants. Mais il s’agit sans nul doute de pièces impossibles à utiliser dans un concours officiel. Ces pièces ne sont que des objets de décoration, même si leur importance est notable pour son propriétaire. Le collectionneur préfère montrer sa collection aux amis ou bien cherche à gagner un peu d’argent suite à la fluctuation des prix sur le marché international. Bref, ces objets n’ont rien à faire dans les concours officiels. »
Un nombre important de collectionneurs et de collections a également existé dans l’espace roumain. Un des grands collectionneurs a été l’ingénieur Constantin Orghidan (1874-1944), celui qui a rassemblé d’impressionnantes collections de monnaies, bijoux, documents et livres rares. Un autre grand collectionneur roumain a été le médecin radiologiste George Severeanu (1879 – 1939). Grand passionné d’histoire, il a collectionné des pièces de monnaie et d’artefacts archéologiques dont il a ensuite fait don à la municipalité de Bucarest. Plusieurs jeux d’échecs particulièrement précieux ont également existé dans l’espace roumain. Fabriqués à l’étranger, ceux-ci avaient été commandés par des nobles locaux. Les collectionneurs roumains possèdent des pièces de jeu d’échecs datant d’avant 1900. Ce sont des pièces en bois laqué, en ivoire ou bien en métal fondu, véritables œuvres d’art. Les objets les plus répandus sont les pièces proprement-dites, alors que les échiquiers sont très rares.
Le jeu d’échecs est devenu un sport professionnel en 1886, lorsque le premier championnat du monde fut organisé. 37 ans auparavant, en 1849, le journaliste anglais Nathaniel Cooke créa les pièces standard, avec lesquels ce jeu allait être pratiqué par la suite, et la société productrice d’équipement sportif Jaques of London acheta le droit de les fabriquer. L’histoire donnera aux pièces de Cooke le nom de Howard Stauton, grand maître anglais de ce sport. Il n’avait que des louanges pour les pièces de Cooke, les jugeant « facilement identifiables, très stables et belles. » On dit que les premiers 500 sets de pièces d’origine Stauton avaient été numérotés et signés par le grand maitre de ce sport en personne.
Florin Gheorghiu avoue détenir un jeu de pièces Stauton, un cadeau de la part de l’ex-leader cubain Fidel Castro. « Personnellement, je n’ai jamais joué avec de telles pièces de collection, mais du point de vue du joueur de compétition, du grand maître, les jeux d’échecs les plus importants ont été les classiques, qui s’appellent Stauton de nos jours encore. Ils sont à présent les pièces les plus utilisées dans les grands concours internationaux et aux championnats du monde. J’ai moi-même un tel jeu chez moi. Il date de 1966 et est d’un cadeau de la part de Fidel Castro. Il a probablement été impressionné par ma victoire à La Havane contre Bobby Fischer et il a exploité politiquement cet événement. Certes pour moi ce fut une surprise que de recevoir ce cadeau, qui marquait en fait, selon lui une véritable victoire du système communiste contre le capitalisme. » Les collections sont un univers en soi. C’est un univers passionnant, d’où le jeu d’échecs – cet hommage rendu à la pensée humaine – n’aurait jamais pu manquer. (trad. Alex Diaconescu)