Arion Roșu (1924-2007)
Le premier en fut Mircea Eliade, né en 1907, écrivain et historien des religions dont la vaste carrière scientifique et pédagogique s’est construite en Occident. La génération des indianistes des années 1920 inclut Sergiu Al-George, Anton et Eliza Zigmund-Cerbu, Marcel Leibovici et Arion Roșu, les quatre derniers étant issus de la communauté juive bucarestoise.Arion Roșu naquit le 1er février 1924 à Bucarest et décéda le 4 avril 2007 à Versailles, en France, à l’âge de 83 ans. Il étudia les lettres classiques à l’Université de Bucarest, choisissant de se spécialiser en études indiennes, l’Ayurveda et l’histoire de la médecine indienne classique. En 1964, il émigra en France, où il continua ses études à la Sorbonne, où il obtint un doctorat ès lettres avec une thèse sur les conceptions psychologiques dans les textes médicaux indiens. Durant sa carrière, il signa de nombreux articles scientifiques et ouvrages sur l’Inde et la culture indienne classique.À Bucarest, l’Institut d’histoire des religions, de l’Académie roumaine, a rendu hommage à Arion Roșu, en donnant son nom à l’une des salles d’étude. Pour l’indianiste Eugen Ciurtin, directeur de l’Institut, Arion Roșu avait été un mentor et un savant universel : « Arion Roșu n’est pas quelqu’un que l’on puisse confiner quelque part ; il est un savant, au pire, européen, au mieux, planétaire. Prenons, par exemple, le Pr David Gordon-White, professeur d’histoire des religions à l’Université de Californie ; il a étudié avec deux auteurs aux dimensions mondiales, qui ont contribué à sa formation. L’un, un certain Mircea Eliade, a publié ses ouvrages aux États-Unis, l’autre, un certain Arion Roșu, a fait la même chose en Europe. Le fait qu’ils soient tous les deux roumains représente tout simplement notre angle d’approche de l’évolution des études indiennes, de la culture humaniste, à la fin du XXe siècle. Arion Roșu est une grande personnalité, auteur d’une œuvre à la fiabilité extraordinaire et seul indianiste et orientaliste d’origine roumaine à avoir reçu, lors de son décès, l’honneur exceptionnel d’un éloge funèbre signé par Pierre-Sylvain Filliozat dans le « Journal asiatique », le périodique d’études orientales générales le plus ancien d’Europe, publié sans interruption depuis deux siècles. »
Steliu Lambru, 01.05.2022, 07:36
Le premier en fut Mircea Eliade, né en 1907, écrivain et historien des religions dont la vaste carrière scientifique et pédagogique s’est construite en Occident. La génération des indianistes des années 1920 inclut Sergiu Al-George, Anton et Eliza Zigmund-Cerbu, Marcel Leibovici et Arion Roșu, les quatre derniers étant issus de la communauté juive bucarestoise.Arion Roșu naquit le 1er février 1924 à Bucarest et décéda le 4 avril 2007 à Versailles, en France, à l’âge de 83 ans. Il étudia les lettres classiques à l’Université de Bucarest, choisissant de se spécialiser en études indiennes, l’Ayurveda et l’histoire de la médecine indienne classique. En 1964, il émigra en France, où il continua ses études à la Sorbonne, où il obtint un doctorat ès lettres avec une thèse sur les conceptions psychologiques dans les textes médicaux indiens. Durant sa carrière, il signa de nombreux articles scientifiques et ouvrages sur l’Inde et la culture indienne classique.À Bucarest, l’Institut d’histoire des religions, de l’Académie roumaine, a rendu hommage à Arion Roșu, en donnant son nom à l’une des salles d’étude. Pour l’indianiste Eugen Ciurtin, directeur de l’Institut, Arion Roșu avait été un mentor et un savant universel : « Arion Roșu n’est pas quelqu’un que l’on puisse confiner quelque part ; il est un savant, au pire, européen, au mieux, planétaire. Prenons, par exemple, le Pr David Gordon-White, professeur d’histoire des religions à l’Université de Californie ; il a étudié avec deux auteurs aux dimensions mondiales, qui ont contribué à sa formation. L’un, un certain Mircea Eliade, a publié ses ouvrages aux États-Unis, l’autre, un certain Arion Roșu, a fait la même chose en Europe. Le fait qu’ils soient tous les deux roumains représente tout simplement notre angle d’approche de l’évolution des études indiennes, de la culture humaniste, à la fin du XXe siècle. Arion Roșu est une grande personnalité, auteur d’une œuvre à la fiabilité extraordinaire et seul indianiste et orientaliste d’origine roumaine à avoir reçu, lors de son décès, l’honneur exceptionnel d’un éloge funèbre signé par Pierre-Sylvain Filliozat dans le « Journal asiatique », le périodique d’études orientales générales le plus ancien d’Europe, publié sans interruption depuis deux siècles. »
L’Ayurveda ou la médecine classique indienne fascine, depuis toujours, des tas de gens du monde entier. Arion Roșu n’a pas non plus échappé à la magie de ses mystères, raconte Eugen Ciurtin : « Arion Roșu s’est distingué en tant qu’historien des religions et notamment des sciences indiennes, avec un penchant particulier pour la pensée classique sanscrite en médecine. En quoi est-ce important ? Eh bien, parmi les cultures antiques, seules quelques-unes ont un système de médecine original. Autrement dit, seulement quelques civilisations, comme l’égyptienne, la chinoise, l’indienne et la grecque, ont étudié le corps humain avec toutes ses beautés et ses maladies. Se consacrer à l’Ayurveda classique est synonyme de restituer à la culture indienne antique sa dimension scientifique et rationnelle. A te consacra ayurvedei clasice însemna a restitui științificitatea și raționalitatea culturii indiene antice. »
Tous les orientalistes roumains ont subi l’influence de Mircea Eliade, un spiritus rector pour les jeunes désireux de déchiffrer les secrets de l’Inde. Parmi eux, des disciples juifs se sont vus obliger à comprendre les options fascistes de leur maître. Eugen Ciurtin a expliqué la réaction d’Arion Roșu à la biographie d’Eliade : « J’ai eu plusieurs conversations avec Monsieur Roșu à Versailles, où il avait élu domicile après ses 70 ans, et j’ai pensé qu’il fallait le mettre au courant de la parution, en 1996, de l’extraordinaire et déchirant « Jurnal/Journal » de Mihail Sebastian. Lui-même, il m’envoyait des articles qu’il trouvait dans les publications françaises importantes. Des articles sur le penchant sordide pour la droite montré par Mircea Eliade, dans le contexte bucarestois des années de jeunesse d’Arion Roșu. Roșu avait été inspiré par monseigneur Vladimir Ghyka, sous l’influence duquel il s’était converti au catholicisme, après la persécution d’État infligée à la communauté juive de Roumanie. Ce fut incompréhensible pour lui qu’une personne du niveau intellectuel et humain de Mircea Eliade soit captive tellement longtemps des phantasmes toxiques des extrêmes-droites européennes. Il existe des documents dans lesquels Arion Roșu déplore cette situation. Mais, puisqu’il s’est senti lié à Mircea Eliade par la force du destin Dar pentru faptul că s-a simțit legat destinal de Mircea Eliade, parce qu’il a toujours admiré l’intelligence qui avait conquis la planète, Arion Roșu a voulu absolument être juste et séparer l’œuvre scientifique du reste. En même temps, il a fait preuve d’une grande sévérité, lorsque d’autres confrères ne comprenaient pas la catastrophe dans laquelle les avait poussés un certain professeur Nae. »
Arion Roșu est une référence roumaine des études indiennes à l’échelle mondiale. (Trad. Ileana Ţăroi)