« Agora Kiseleff » pour protéger le patrimoine paysager
Au nord de Bucarest, le Parc de Kiseleff est devenu un véritable modèle de bonnes pratiques en matière de gestion des jardins historiques, tout cela grâce au projet Agora Kiseleff qui propose des événements interdisciplinaires censés mettre en valeur ses richesses naturelles.
Eugen Cojocariu et Ion Puican, 22.09.2024, 10:11
Le parc Kiseleff – le premier jardin public de Bucarest
Le Parc Kiseleff de Bucarest est devenu un modèle de bonnes pratiques en matière de gestion des parcs et des jardins historiques. A la fin du mois d’août, il a accueilli plusieurs événements interdisciplinaires grâce au projet « Agora Kiseleff ». Aménagé en 1832, le Parc Kiseleff a été le premier jardin public de Bucarest dont la composition s’était appuyée sur la forêt qui occupait cette zone de la capitale roumaine. L’avenue homonyme (Şoseaua Kiseleff), qui traverse le parc, fut construite la même année. La conception du parc est due à l’architecte paysagiste Wilhelm Mayer, celui qui avait aussi imaginé le Parc Cișmigiu, du centre-ville de la capitale. De nos jours, le Parc Kiseleff occupe 31.690 m², décorés de nombreuses statues de personnalités culturelles nationales et internationales, qui se sont ajoutées aux éléments naturels pour embellir les lieux. Le parc fait partie des monuments classés de Bucarest.
Faire l’inventaire du parc Kiseleff
Le projet « Agora Kiseleff » repose sur les résultats issus du projet plus large intitulé « Le Registre Vert pour le Parc Kiseleff. Le Registre Vert pour la Roumanie », qui a inclus des ateliers interactifs de restauration des jardins historiques et de gestions des arbres et des arbustes.
C’est un projet – test pour une bonne gestion future des espaces verts, coordonné par l’architecte paysagiste Diana Culescu :
« En fait, « Agora Kiseleff » fait partie de deux projets, dont l’un s’appelle « Le Registre Vert pour le Parc Kiseleff. Le Registre Vert pour la Roumanie », son but étant de mettre au point un modèle à suivre pour que la Roumanie réalise ce qu’elle aurait dû faire, selon les textes législatifs, depuis 2007, mais qu’elle n’a pas fait jusqu’à présent. Ce projet s’est également joint à un autre culturel, qui a apporté l’idée de l’« Agora Kiseleff ». Pratiquement, nous avons réuni des étudiants spécialisés et des fonctionnaires de l’administration publique pour produire cet instrument dans le contexte de la Roumanie. Un instrument qui existe à l’étranger, mais que nous devons adapter à notre contexte spécifique. Nous avons eu plusieurs actions qui nous ont permis de dresser un inventaire du Parc Kiseleff et d’analyser tous les éléments. Le plus souvent, nous faisons l’erreur de croire que le registre vert concerne uniquement les arbres, mais en réalité il s’agit aussi des bancs publics, des arbustes et ainsi de suite ; il nous sert de guide pour adapter l’application et la rendre utile pour nous. Nous avons bénéficié de l’aide de trois spécialistes en protection du patrimoine de France, des Etats-Unis et de Hongrie. »
Un projet qui sera élargi
Ce projet sera-t-il appliqué à d’autres parcs de Bucarest et d’autres villes du pays? La réponse de Diana Culescu est affirmative :
« C’était justement l’idée de départ d’« Agora Kiseleff », à savoir rassembler des gens de différents bords, et des échanges sont en cours avec des participants à notre école d’été pour développer quelque chose de similaire dans les villes d’Aiud et de Călărași. Ma réponse est donc oui, c’est effectivement notre but de multiplier ces idées de projets originaux. Ce nom, « Le Registre Vert pour Kiseleff. Le Registre Vert pour la Roumanie », dit clairement que nous voulons disséminer cet instrument à travers le pays, un outil de travail qui est, comme je l’ai déjà dit, demandé par loi. »
Protéger le patrimoine paysager
Alexandru Mexi, paysagiste à l’Institut National du Patrimoine, s’est impliqué dans le projet « Agora Kiseleff »:
« J’ai été doublement impliqué dans ce projet, de la part des organisateurs et de la part de l’Institut National du Patrimoine. Ce projet est très important car il nous aide à définir de nouvelles directions pour la protection du patrimoine paysager. Le registre vert est pratiquement une banque de données très importantes pour comprendre la dynamique d’un parc : quels sont ses problèmes et ses besoins? Comment résoudre les problèmes dépistés? Cet outil de travail, bien que prévu par une loi adoptée en 2008, n’a été que très peu utilisé et souvent de façon discontinue. »
Des lois difficile à appliquer
Le paysagiste Alexandu Mexi nous a aussi fait part de son opinion concernant les lois régissant les espaces verts et le patrimoine de Roumanie :
« Je crois que la législation concernant la protection des espaces verts est plus difficile à appliquer. Le texte de la loi est bien fait, mais il existe des problèmes de compréhension et des instruments à mettre en œuvre, qui ont avant tout besoin d’être bien conçus et financés. Je pense que les problèmes sont assez souvent liés à la façon de mettre en page les cahiers des charges pour élaborer les registres verts. Pour ce qui est de la législation du patrimoine, la loi de la protection des monuments classés, les choses se passent un peu mieux, même si ce n’est pas extraordinaire, loin de là. Comme je l’ai dit, le registre vert est un instrument, un outil qui nous aide à mieux comprendre, plus en profondeur, les biens de patrimoine et il vient compléter les registres nationaux des biens culturels immeubles. » (Trad. Ileana Ţăroi)