17 manuscrits de Mircea Eliade
L’écrivain et historien des religions
Mircea Eliade a produit une collection impressionnante de manuscrits. Eliade a
été un intellectuel très prolifique puisque ses textes, notes, observations et
essais ont visé plusieurs domaines tels la littérature, la religion, la
philosophie, la spiritualité orientale et le surnaturel. Sans aucun doute, Mircea
Eliade a réalisé des recherches d’une très grande valeur dans le domaine de l’histoire
des religions. Mais de l’avis des critiques littéraires, hormis la littérature
fantastique, ses romans ne s’élèvent pas au niveau des exigences de la
littérature de son époque.
Steliu Lambru, 29.08.2021, 10:05
L’écrivain et historien des religions
Mircea Eliade a produit une collection impressionnante de manuscrits. Eliade a
été un intellectuel très prolifique puisque ses textes, notes, observations et
essais ont visé plusieurs domaines tels la littérature, la religion, la
philosophie, la spiritualité orientale et le surnaturel. Sans aucun doute, Mircea
Eliade a réalisé des recherches d’une très grande valeur dans le domaine de l’histoire
des religions. Mais de l’avis des critiques littéraires, hormis la littérature
fantastique, ses romans ne s’élèvent pas au niveau des exigences de la
littérature de son époque.
La vie même d’Eliade a été digne d’un
roman. Adolescent très doué du point de vue intellectuel, il a voyagé en Inde
et après 1945 il s’est établi en Occident, plus précisément aux Etats-Unis où
il a enseigné l’histoire des religions à l’Université de Chicago. Il a écrit 35
volumes d’histoire des religions et des idées religieuses et autant de volumes
de fiction et d’essais. Lors de son départ de Roumanie en tant que diplomate
culturel, au début des années 1940, il n’aurait jamais imaginé qu’il allait
laisser dans son pays d’énormes archives. Son éditeur, Mircea Handoca, a tout
fait pour qu’une partie des archives d’Eliade arrive à la Bibliothèque centrale
universitaire. Parmi ces manuscrits figure aussi celui de son célèbre roman
« La Nuit bengali ». Une autre partie de ses archives ont constitué
le fonds Eliade à la Bibliothèque de l’Académie roumaine. Cette institution
vient d’acheter 17 autres manuscrits et documents portant la signature de
Mircea Eliade, dont la plupart datent de son adolescence et de sa jeunesse, à
commencer par l’année 1922, lorsque l’écrivain n’avait que 15 ans.
Lors de la présentation de ces pièces,
Ioan Aurel Pop, le président de l’Académie roumaine, a souligné combien la
collection Mircea Eliade constituée à la Bibliothèque de l’Académie roumaine s’était
enrichie.
Ioan Aurel Pop : « La Bibliothèque
de l’Académie possède une collection Mircea Eliade. L’élargir signifie aider les chercheurs
qui se rendent à ce temple de la culture roumaine pour pouvoir découvrir non
seulement l’écriture de Mircea Eliade, mais aussi ses commentaires sur des
œuvres célèbres, les traductions qu’il avait faites et même les manuscrits de
ses œuvres connus et publiés. Les œuvres d’Eliade peuvent être enfin observées
dans leur forme d’origine. Par conséquent, ce contrat ne constitue pas une
nouvelle collection, mais enrichit la collection déjà existante. Ce n’est pas à
moi d’affirmer combien important est l’héritage qu’Eliade a laissé à la culture
roumaine. Mais je voudrais rappeler qu’il fait partie du patrimoine de la
culture universelle. Hormis les différents épisodes de sa vie, dans des manuscrits
on peut observer son initiation lorsqu’il était jeune à la culture et à la
civilisation indienne, à la découverte des secrets de la civilisation
égyptienne, à la traduction de Giovanni Papini. Je me rappelle un manuscrit sur
les raisons pour lesquelles les gens ne lisent plus. Il est toujours
d’actualité, même s’il a été écrit à la fin de la Première Guerre mondiale.
Lorsqu’il a vu les bibliothèques, les archives et les librairies fermer leurs
portes, il commença à encourager les gens à lire, affirmant que sans la lecture,
il était impossible de progresser du point de vie spirituel. »
Gabriela Dumitrescu est experte à la
Bibliothèque de l’Académie roumaine et s’est occupée des 17 manuscrits
d’Eliade. Elle passe en revue quelques-uns d’entre eux : « Par
exemple, le résumé de l’oeuvre « Eugénie Grandet », qui présente les
idées centrales de l’œuvre de Balzac, dans un manuscrit écrit recto-verso à
l’encre noire sur une page blanche plissée. A la fin de l’ouvrage il y a une note
de l’auteur réalisée au crayon qui inclut ce texte en un cycle. Ce qui plus
est, il y a un manuscrit de la nécrologie de Maurice Barrès, manuscrit
holographe, datant de 1923. Il existe également un manuscrit encore plus
étrange pour certains « Ly ou le petit insecte vert », une esquisse
qui fait partie du volume « Du monde de ceux qui parlent
maintenant », qui est inachevé et constitue par conséquent une pièce
inédite. Ce manuscrit s’ajoute à deux autres qui existent dans les collections
de la Bibliothèque de l’Académie roumaine qui examine la vie des fourmis et des
carabes. Les œuvres se complètent, chose très importante. C’est « Le Merveilleux
voyage des 5 carabes dans le pays des fourmis rouges », « Histoire de
mœurs » et « La Vie et les habitudes des fourmis ». Un autre
manuscrit, en fait un cahier sur lequel on peut lire « Notes et
articles », contient trois articles. Le premier est consacré à l’hydre,
une espèce de cœlentérés simple, des prédateurs qui vivent dans des eaux
douces, un manuscrit écrit au crayon. L’article suivant porte le titre
« La Classification des tritons » et il est écrit à l’encre noire,
alors que le troisième est dédié aux plantes aromatiques. »
Parmi les 17 manuscrits figurent aussi les
« Mémoires d’un soldat de plomb », un cahier de manuscrits, le roman
« Noaptea », en français « Forêt interdite », de 1922, une
fiction dont les personnages sont les animaux nocturnes qui vivent sur les
bords d’un lac et qui parlent de toute sorte de thèmes philosophiques. Enfin,
parmi les acquisitions faites par la Bibliothèque de l’Académie roumaine figure
aussi le volume « Le Carnet d’un scout », journal romancé des
excursions dans les Carpates que le jeune Eliade avait entrepris. Parmi les
manuscrits d’Eliade figurent aussi l’étude « L’humanisme indien »,
l’essai « Mystères et initiation orientale », la traduction de
l’ouvrage « Le Diable », de Giovanni Papini, ainsi que d’autres nouvelles,
résumés et textes qui se sont retrouvées à la base de plusieurs conférences
données au micro de Radio Bucarest entre 1932 et 1938. Un manuscrit d’Eliade
sur le thème de la musique primitive suscite lui aussi l’attention des
chercheurs. Plusieurs lettres reçues de la part de son professeur Constantin
Rădulescu-Motru, de son ami, le philosophe Constantin Noica, et de son
professeur et mentor en civilisation indienne Surendranath Dasgupta complètent
la nouvelle collection. Hormis les préoccupations scientifiques de Mircea
Eliade, ses notes quotidiennes illustrent le fait qu’il était un jeune homme
très connecté à la vie de tous les jours.