Une invention, deux inventions…
Dans une étude réalisée aux Etats-Unis il y a cinq ans, la recherche scientifique de Roumanie était classée 43e sur les 45 pays pris en compte. Tout en se voyant reconnaître le potentiel humain exceptionnel, la Roumanie était pointée du doigt pour les carences constatées dans ce secteur, dont notamment le faible budget affecté à la recherche et le nombre réduit darticles publiés dans les revues spécialisées.
Corina Cristea, 10.07.2015, 13:10
Attirés par une situation matérielle beaucoup meilleure quen Roumanie et par des conditions propices à des activités scientifiques aux standards les plus élevés, bon nombre de chercheurs roumains ont choisi de partir pour létranger, dans les années qui ont suivi la révolution anti-communiste de décembre 89. Ils souhaitaient travailler dans des instituts de recherche qui leur donnent la chance de mettre en œuvre leurs idées sans avoir à se faire du souci pour largent, ce problème récurrent en Roumanie auquel on na toujours pas trouvé de solution.
Un petit nombre de ces scientifiques allait regagner le pays, surtout après 2011, lorsque le gouvernement de Bucarest a approuvé une loi censée relever le niveau de léducation et de la recherche grâce à la mise en place de normes et réglementations garantissant que les personnes en charge du financement sont vraiment les plus compétentes. Les gouvernants se sont ravisés entre temps au sujet de bien de ces dispositions, au grand désappointement des scientifiques roumains. Heureusement quil existe les projets financés par les fonds européens.
Ainsi se fait-il que, malgré le maigre financement interne, la recherche roumaine parvient à se faire connaître toujours plus à léchelle internationale. Ses réalisations lui ont dailleurs valu de nombreux prix lors des différentes compétitions du domaine, dont par exemple le Salon de Genève et le concours international Eureka.
Comment fonctionne le financement de la recherche? Voici la réponse de Carmen Moldovan, chef de laboratoire à lInstitut national de recherche et de développement en micro technologie : « Le ministère de lEducation et de la Recherche organise un concours de projets dédiés à des thématiques précises. Ces dernières devraient répondre aux besoins de la société et résoudre certains problèmes. Il en va de même à léchelle européenne. Nous devons postuler, en respectant les conditions requises par cette demande de projets et puis gagner. Le taux de réussite au niveau européen se situe autour de 10%, chose valable pour la Roumanie aussi. »
Le laboratoire de Carmen Moldovan soccupe des micro systèmes pour les applications biomédicales et environnementales. Dautres laboratoires, spécialisés dans les micro ondes, font des recherches sur les technologies usuelles de la téléphonie mobile, des communications, de la micro optique ou de la photonique.
Carmen Moldovan précise que les résultats de ce travail scientifique profitent au grand public : « Parmi les dispositifs les plus avancés qui sont déjà produits, je mentionnerais les capteurs de pesticides, invention distinguée de la médaille dor l’année dernière à Genève. Il s’agit d’un appareil portable, à bas prix, capable deffectuer lanalyse des légumes et des fruits, du lait ou de l’eau en 10 minutes, sans l’intervention d’un opérateur. Concrètement: on introduit un échantillon du produit dans la zone de réaction et le dispositif affiche les résultats. Je pense qu’il y a là un grand potentiel, non seulement pour la Roumanie, mais pour tout le monde. Ce fut le résultat d’un projet de recherche financé par la Roumanie à hauteur de 250.000 euros sur un total de 1 million d’euros. Y ont participé des chercheurs allemands aussi, mieux financés, évidemment. Les résultats brevetés appartiennent à l’équipe roumaine ainsi que les droits de propriété intellectuelle du capteur et de l’appareil qui le lit. »
Voici maintenant un autre dispositif révolutionnaire inventé par un Roumain: Electronic Doctor, un dispositif de régénération des cellules, créé par le docteur Bogdan Vladila : « Initialement j’ai travaillé aux côtés d’un dentiste sur un traitement de la parodontite. J’ai réussi à identifier la fréquence du champ électromagnétique qui réussit à faire proliférer les cellules. Nous avons obtenu les premiers résultats tout de suite: nous avons réussi à stopper la mobilité dentaire; c’était il y a 5 ou 6 ans. Cela veut dire qu’aujourd’hui, tous nos patients qui risquent de perdre leurs dents peuvent se faire traiter. Il y a quelques années, la mobilité dentaire n’avait pas de traitement. Maintenant le traitement existe. Il est très simple, non traumatique, grâce à l’utilisation dun champ électromagnétique. Le patient peut utiliser le dispositif chez lui en regardant la télé. Tout ce qu’il faut faire c’est de parcourir les 30 séances que nous lui recommandons. »
Enfin, les cellules stem sont la vedette de tout congrès médical à l’heure actuelle, souligne le docteur Bogdan Vladila: « Les cellules de souche sont l’avenir. En Roumanie, grâce au dispositif Electronic Doctor, nous avons une nouvelle approche. Partout, les cellules stem sont d’abord récoltées pour être ensuite réinjectées. Or, nous avons réussi à les multiplier à l’intérieur de l’organisme, sans les récolter. Et pour cause: au moment où les cellules sont extraites, elles perdent leurs caractéristiques fondamentales et leur rendement diminue. En utilisant cette technologie, les cellules sont multipliées et non pas déplacées. La méthode est très appréciée à l’université d’Oslo, qui décerne les Prix Nobel. Rien qu’un exemple: je place un dispositif électromagnétique sur le visage du patient, comme un masque, et la fréquence en question éveille les cellules qui commencent à se multiplier . »
Ce ne sont là que quelques-unes des applications pratiques des résultats obtenus par les chercheurs roumains. Des résultats remarquables d’ailleurs, car deux fois récompensés du grand prix du Salon des international des inventions de Genève, la Mecque des inventeurs du monde entier. (trad. Mariana Tudose, Valentina Beleavski)