Thérapie économique au temps de la pandémie
Ces propos appartiennent à la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva. Elle a appelé les économies avancées à venir en aide aux économies émergentes et aux pays en voie de développement, pour que ces derniers réussissent à leur tour à sortir de l’impasse économique et sanitaire provoquée par la pandémie. 90 milliards de dollars ont d’ores et déjà quitté les marchés émergents, dépassant la fuite des capitaux enregistrée lors de la crise de 2008, avertit Mme Georgieva. Aux prises avec cet ennemi commun, les gouvernements et les institutions internationales préparent la riposte. Outre Atlantique, Washington a mis au point un programme historique s’élevant à 2.000 milliards de dollars, censé relancer l’économie américaine, fortement éprouvée dernièrement par les effets de la pandémie. L’Europe prend à son tour des mesures exceptionnelles. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne martèle : « Seules les réponses les plus fortes nous permettrons de sortir indemnes de cette crise. Il faudra faire usage de tous les moyens dont nous disposons. Chaque euro disponible dans notre budget sera alloué à la résolution de la crise. Les règles de l’orthodoxie budgétaire seront assouplies pour mener une riposte financière rapide et efficace. »
Corina Cristea, 17.04.2020, 13:30
Ces propos appartiennent à la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva. Elle a appelé les économies avancées à venir en aide aux économies émergentes et aux pays en voie de développement, pour que ces derniers réussissent à leur tour à sortir de l’impasse économique et sanitaire provoquée par la pandémie. 90 milliards de dollars ont d’ores et déjà quitté les marchés émergents, dépassant la fuite des capitaux enregistrée lors de la crise de 2008, avertit Mme Georgieva. Aux prises avec cet ennemi commun, les gouvernements et les institutions internationales préparent la riposte. Outre Atlantique, Washington a mis au point un programme historique s’élevant à 2.000 milliards de dollars, censé relancer l’économie américaine, fortement éprouvée dernièrement par les effets de la pandémie. L’Europe prend à son tour des mesures exceptionnelles. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne martèle : « Seules les réponses les plus fortes nous permettrons de sortir indemnes de cette crise. Il faudra faire usage de tous les moyens dont nous disposons. Chaque euro disponible dans notre budget sera alloué à la résolution de la crise. Les règles de l’orthodoxie budgétaire seront assouplies pour mener une riposte financière rapide et efficace. »
L’Union avait déjà pris des décisions importantes, mettant sur la table des sommes considérables, que chaque Etat membre devra utiliser de son mieux. Aussi, au terme de longues négociations, les ministres de Finances des 27 se sont-ils mis d’accord pour financer un paquet de mesures d’urgence destiné aux Etats les plus touchés la pandémie. Plus de 500 milliards d’euros seront ainsi utilisés pour permettre aux Etats, aux travailleurs et au milieu d’affaires de surmonter la crise. La Roumanie, membre depuis 2007 de l’UE, va bénéficier à son tour de la manne européenne. Interviewé par Radio Roumanie, l’eurodéputé Siegfried Mureşan détaille : « La Commission européenne s’est accordée pour prendre toute une série de mesures importantes, qui nous aideront énormément à lutter efficacement contre le coronavirus. Elle a tout d’abord alloué, avec effet immédiat, 3 milliards d’euros de son budget pour 2020. Il s’agit d’une sorte de fonds de réserve, de l’argent qui n’avait pas de destination précise, et qui trouve son utilité immédiate dans la bataille que l’on mène contre ce virus. 300 millions d’euros seront alloués pour réaliser des acquisitions centralisées, européennes, d’équipements de protection, d’équipements médicaux et des tests. Les 2,7 milliards restants sont destinés à financer la construction de facilités médicales temporaires, tel l’hôpital de campagne érigé à Bucarest par l’Armée roumaine, et qui pourra être ainsi financé par les fonds européens. Il y a ensuite la construction, l’aménagement et les frais de fonctionnement des centres de quarantaine, soit des instruments très importants pour la Roumanie, qui utilise, à une grande échelle, la mise en quarantaine des personnes qui rentrent en Roumanie depuis ce que l’on a appelé les « zones rouges ». Enfin, ces fonds sont également destinés à développer la production de matériels à destination médicale. Nous avons tous vu que certaines entreprises, qui ne travaillaient pas a priori dans le domaine, ont réorienté leur production, par exemple pour produire des masques de protection, indispensables dans la lutte contre le coronavirus. Mais ceci n’est que le premier paquet de mesures envisagées par la Commission. Il y aura ensuite la possibilité d’effectuer des transferts entre les différents chapitres de fonds européens, déjà alloués à la Roumanie. Enfin, autre chose très importante pour la Roumanie, la Commission a acté que les fonds qui n’ont pas été dépensés pour cause de capacité d’absorption défaillante, eh bien, ces fonds ne seront plus retournés à la Commission. Il y a cet état de force majeure, et nul ne devra perdre les fonds qu’il n’a pas encore eu la capacité de dépenser. »
Qui plus est, la Commission européenne a mis à la disposition des Etats touchés par la crise économique provoquée par la pandémie des crédits à hauteur de 100 milliards d’euros. Il s’agit d’un mécanisme de solidarité, censé prévenir la baisse du pouvoir d’achat et soutenir les entreprises en difficulté. Chose notable, toutes ces mesures sont prises sur la base de l’actuel budget de l’UE, visant à faire fructifier au mieux chaque euro disponible. Cette politique de crise montre ainsi parfaitement la nécessité à ce que l’Union dispose d’un budget à long terme, construit sur des bases à la fois solides et flexibles. Une autre mesure importante fait référence à la possibilité qui est laissée aux Etats de dépasser le seuil de 3% de déficit budgétaire afin de mieux soutenir les régions fortement affectées par la crise exceptionnelle que nous traversons. Et, d’ailleurs, à travers l’Europe, un terme ressurgit constamment : celui de la solidarité. A nouveau, l’eurodéputé Siegfried Mureşan : « Il est évident que la solidarité est indispensable dans le contexte actuel, et il est essentiel qu’elle se manifeste de manière concrète dans l’immédiat. Les gens doivent sentir et reconnaître cette solidarité européenne, pour qu’ils continuent à soutenir le projet européen. Pour cela, il faut que les gens se sentent aidés et soutenus. Si, au contraire, les Etats constatent l’absence d’une solidarité européenne, ils vont tirer leurs conclusions et chercheront des solutions chacun de son côté, au niveau national, ouvrant ainsi une logique de concurrence, de compétition, par exemple dans le processus d’achat de matériel de protection. Or, en ce dernier cas, cette concurrence malsaine nous desservira tous. »
Le député européen Siegfried Mureşan demeure optimiste, ajoutant que, pour autant que la Commission avance les bonnes solutions, nous réussiront à bâtir cette indispensable solidarité. Déjà, les Etats membres parviennent à s’entraider concrètement à l’heure actuelle, montrant ainsi des signes encourageants, en dépit d’une situation qui reste préoccupante pour tous. (Trad. Ionuţ Jugureanu)