Scénarios pour la réforme du bloc communautaire
Les cinq variantes sont à retrouver dans le « Livre blanc », document qui analyse la manière dont l’Europe pourrait changer au fil des 10 ans à venir. Y sont examinés déférents aspects, depuis l’impact des nouvelles technologies sur la société et sur le marché de l’emploi jusqu’aux doutes que suscite la mondialisation, en passant par la montée des populismes et les préoccupations sécuritaires.
Corina Cristea, 17.03.2017, 14:35
Ce Livre blanc sera remis aux dirigeants européens qui se réuniront en Italie, le 25 mars prochain, à l’occasion du 60e anniversaire du Traité de Rome, document fondateur de l’UE. C’est le début d’un processus de débats censé définir la voie à suivre dans la foulée du Brexit. Corina Creţu, commissaire européenne à la Politique régionale, a détaillé l’importance de ce moment et les possibles retombées en Roumanie : « La Commission européenne, sous la houlette de son président Jean-Claude Juncker, a présenté aux Etats membres une série d’options crédibles en vue de la consolidation de l’unité des 27. C’est, à mon avis, le moment le plus propice pour parler de l’avenir de l’UE. Il y a, certes, dans ces scénarios, certaines choses qui pourraient inquiéter la Roumanie, mais, d’autre part, l’avantage c’est que, pour la première fois depuis que nous sommes membres de l’UE, nous avons la chance de forger des alliances et d’opter pour une des voies proposées. C’est le début d’un débat intense, honnête, sur notre avenir et je pense que le moment est venu de faire de notre mieux pour être à l’écoute des citoyens aussi ».
Selon un des scénarios présentés par le chef de l’Exécutif communautaire, l’Europe se doit de se « recentrer » sur le marché unique, les 27 États membres étant incapables de trouver un terrain d’entente dans un nombre croissant de domaines d’action. Un autre scénario prévoit, au contraire, « de faire beaucoup plus ensemble », en élargissant les partages de compétences entre les 27 et en accélérant les prises de décisions de l’UE.
Entre ces deux cas extrêmes il y a des variantes intermédiaires, dont celle d’une Europe à plusieurs vitesses. Pourquoi faut-il décider maintenant de la voie à suivre ? Parce nous ne parvenons pas à faire le choix, affirme Oana Popescu, directeur chez Global Focus : « Certaines choses n’ont pas été finalisées, telle les réformes de la zone euro, le renforcement du marché unique ou bien tout ce qui relève de l’intégration. On voit bien que même la cohésion politique est ébranlée depuis un certain temps. Or le Brexit a eu pour effet d’accélérer ces aspects. Il a montré l’existence de divisions nettes et de points de divergence tout à fait flagrants. A mon sens, il est vraiment temps d’appeler les choses par leur nom, de reconnaître que l’on a des problèmes et qu’il faut trouver des solutions sans tarder. Malheureusement, les Européens sont plutôt enclins à l’atermoiement. Or, l’UE risque de rester à la traîne, car, à force de réfléchir trop longtemps sur les décisions à prendre, elle se voit dépasser par les événements, car les solutions qu’elle aura finalement trouvées deviennent caduques ».
De l’avis de la commissaire européenne Corina Creţu, pour un pays comme la Roumanie, le scénario idéal serait celui du renforcement de l’intégration européenne, qui permettrait de préserver l’Union des 27. En outre, les Etats membres qui veulent pousser plus loin leur intégration dans certains domaines peuvent le faire : « Ces scénarios présentent plusieurs risques, dont les difficultés de parvenir à un accord sur les domaines considérés comme prioritaires. En plus, certains droits et libertés des citoyens européens ne seraient plus garantis dans une Europe à plusieurs vitesses ou plutôt ils le seront suivant le pays qu’ils habitent, ce que je trouve inadmissible. Bref, l’unique solution pour la Roumanie est d’aller ensemble avec les autres, de se faire des alliés et d’essayer de mettre en exergue le fait que la législation communautaire garantissant les droits actuels des ressortissants de l’UE, ceux-ci ne pourraient être restreints. »
Embrassée par les pays du Benelux, l’idée d’une Europe à plusieurs vitesses bénéficie aussi du fort appui de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et de l’Espagne. En ce qui la concerne, la Roumanie s’oppose à ce point de vue, tout comme certains autres pays tels la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie, qui craignent de devenir des pays de seconde zone. (Corina Cristea)