Roumanie – 10 ans au sein de l’OTAN
Le 10e anniversaire de l’adhésion de la Roumanie à l’OTAN coïncide avec la crise de sécurité la plus sévère de la région, la décision de la Crimée de ne plus faire partie de l’Ukraine et de se rattacher à la Russie soulevant de nombreux points d’interrogation sur les prochaines évolutions dans la zone. Une raison de plus pour l’Alliance nord-atlantique d’adapter ses stratégies aux défis actuels et futurs. Il y a deux directions importantes dans la prise des décisions, soulignait le premier ministre roumain, Victor Ponta, lors d’un symposium organisé à Bucarest pour marquer le 10e anniversaire de l’accession de la Roumanie à l’Alliance. Il s’agit d’un espace économique commun de l’OTAN et d’un élargissement de la sécurité militaire aux pays qui souhaitent adhérer à l’UE. Victor Ponta: « Au sommet prévu en septembre, je pense que l’Alliance et nous, en tant qu’Etat membre de l’Alliance, nous avons l’obligation de discuter d’une manière concrète et réelle de la stratégie de l’OTAN liée à la République de Moldavie, à la Géorgie et à l’Ukraine. Autrement, les seules promesses et appels s’avéreront insuffisants. »
Corina Cristea, 11.04.2014, 13:18
Pour sa part, l’ancien président roumain, Emil Constantinescu, affirmait que le profil de l’Alliance atlantique devait être adapté à une société en changement permanent: «Il est important de construire des capacités de défense, même si parfois le développement du secteur militaire semble excessif. A ce nouveau carrefour dans le monde globalisé, l’important, ce n’est pas le choix d’une voie ou d’une autre, mais la capacité d’anticiper où mènent ces chemins. Ou d’autres voies qui peuvent s’ouvrir en un siècle de transformations inattendues où le jeu des risques et les acteurs changent avec rapidité.»
Durant les 10 années au sein de l’OTAN, la Roumanie a participé aux opérations en Irak, en Afghanistan, dans les Balkans Occidentaux et le nord de l’Afrique, le nombre des militaires déployés s’élevant à 40 mille. 26 d’entre eux ont perdu leur vie en mission, la plupart en Afghanistan, et 145 ont été blessés. De même, depuis son entrée dans l’Alliance atlantique, la Roumanie a conclu des partenariats stratégiques, modernisé et restructuré son armée selon les normes de l’OTAN.
Le pas franchi il y a une décennie a apporté à la Roumanie une garantie de sécurité à toutes ses frontières ainsi que la certitude que celui ayant offert cette garantie a aussi la capacité de l’assurer, affirme l’historien Dorin Matei. Pour ce qui est de la position de la Roumanie dans le cadre de l’Alliance, Dorin Matei estime que: « Je pense que la voix de la Roumanie s’est fait entendre assez bien ces derniers temps au sein de l’Alliance atlantique. Nous avons toujours insisté sur la nécessité de focaliser notre attention sur cette région. On a longuement discuté de l’importance de la zone méditerranéenne, par où le terrorisme peut facilement pénétrer en Europe. La Roumanie a toutefois martelé ce que l’histoire a d’ailleurs confirmé, à savoir le fait que cette région d’Europe de l’Est et surtout celle de la mer Noire, avec tous ses conflits gelés, vaut la peine que l’on s’y intéresse de près. J’ajouterais, à propos de la redistribution des forces otaniennes, qu’au début des années 1990, aux termes des accords existants entre l’Alliance et la Russie, la première s’engageait à ne déployer ni forces ni moyens au delà de certaines limites à l’intérieur des pays nouveaux entrants. Or, l’action de la Russie en Crimée délie les mains de l’OTAN. A la différence des Russes, les Occidentaux ont toujours respecté leurs engagements. Comme ils n’y sont plus tenus à présent, reste à voir dans quels termes on va aborder, au prochain sommet de l’Alliance, la question de la redistribution de ses forces et moyens sur le terrain».
Le conseiller présidentiel chargé des affaires stratégiques, de la sécurité et de la politique étrangère, Iulian Chifu, rappelle que l’insistance avec laquelle la Roumanie a souligné l’importance de la mer Noire pour l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord et la sécurité de cette région a porté ses fruits dès le sommet de Riga. Cette idée allait se retrouver dans les déclarations finales de la réunion. Tout a culminé en 2008, au sommet accueilli par Bucarest, lorsque l’intérêt pour la sécurité en mer Noire a dominé les débats. Par ailleurs, dans un entretien à la Radio publique roumaine, Iulian Chifu déclarait que: « Il faut toujours souligner la relation spéciale et notre partenariat stratégique avec les Etats-Unis. Nous avons vu combien important est ce partenariat, non seulement du point de vue militaire et économique, mais aussi pour tous les autres domaines ».
Ce partenariat stratégique a prouvé sa viabilité même dans cette dernière crise, lorsque forces et moyens de l’Alliance appartenant aux Etats-Unis se sont vite déplacés pour rassurer les pays qui ressentaient une certaine pression ou percevaient des menaces à l’adresse de leur sécurité. (trad.: Mariana Tudose, Alexandra Pop)