République de Moldova – Parcours européen irréversible
25 jours avant le sommet du Partenariat oriental de Vilnius, lors duquel la République de Moldova devrait signer un accord d’association à l’UE, à Chisinau les Moldaves ont voté en faveur du parcours européen irréversible de cette ancienne république soviétique roumanophone. Le scrutin n’a pas eu lieu aux urnes, mais dans la rue, où une centaine de milliers de personnes ont participé à une manif de soutien des forces politiques pro-européennes de Chisinau. Et ceci malgré la forte propagande de l’opposition communiste contre l’UE et favorables à l’Union euro-asiatique. Les communistes, aux côtés du régime séparatiste de Tiraspol, ont encouragé la population à ne pas participer à ce qu’ils avaient appelé « noce de mafieux », « meeting de la honte » ou « la combine des bandits ».
Corina Cristea, 08.11.2013, 15:42
Les partis de la coalition gouvernementale de Chisinau ont mobilisé la société moldave alors que l’atmosphère et le grand nombre de participants ont fait penser aux grandes rassemblements nationaux, aux moments où le sort de la République de Moldova a été changé par la volonté du peuple, a fait savoir Mircea Dascaliuc de Radio Chisinau : « Ce fut par de telles amples démonstrations que le pays a recouvré la langue roumaine, la graphie latine et obtenu l’indépendance et un parlement démocratique. Le président Nicolae Timofti, les présidents des trois partis qui composent la coalition gouvernementale ont figuré parmi ceux qui ont parlé au rassemblement. Ce fut par un vote symbolique que les participants ont adopté à l’unanimité la «Déclaration pro-Europa », qui a réaffirmé l’engagement de la République de Moldova de poursuivre son rapprochement vers l’UE. Toute la classe politique a été encouragée à ne pas céder aux pressions, à lutter contre la corruption et à mettre en oeuvre les réformes nécessaires au parcours européen du pays. « Oui pour l’Europe », « Oui pour la prospérité », « La Moldova appartient à l’Europe » – ce ne sont que quelques-uns des slogans exprimés dans les discours officiels. La manif constitue sans aucun doute un message fort adressé non seulement aux européens, mais aussi aux forces hostiles à l’intégration européenne et notamment à l’opposition communiste. Et enfin, il faut également remarquer parmi les manifestants le grand nombre de jeunes portant les drapeaux de la République de Moldova et de l’UE. »
A Bucarest, le ministre roumain des Affaires étrangères, Titus Corlatean, a salué la manifestation de Chisinau. A son avis elle est un succès des forces pro-européennes, un message clair y compris politique exprimé par la société moldave et qui devrait être respecté par tous les acteurs internationaux. Titus Corlatean : « C’est un droit absolument légitime de la République de Moldova et des citoyens moldaves de faire partie de l’UE et c’est pourquoi, à mon sens, toutes ces années de travail en faveur d’un rapprochement de l’UE produiront des résultats notables. Côté diplomatique, nous sommes en ligne droite, trois semaines avant le sommet de Vilnius du Partenariat oriental, et à mon avis, nous nous dirigeons clairement vers la signature de l’accord d’association et la signature intégrale de l’accord économique de libre échange entre la République de Moldova et l’UE. Ce qui sera un succès très important pour la destinée européenne et pour l’avenir européen de la République de Moldova et une confirmation de la Commission européenne au sujet de l’accomplissement des critères techniques par la République de Moldova. Cela en vue d’un régime des visas plus flexible et en fait même pour l’élimination du régime des visas et la libre circulation dans l’Union européenne. Ce qui est important, c’est qu’au niveau de la Commission européenne, cet aspect soit confirmé — du point de vue technique, donc — pour qu’ensuite, les décideurs politiques de l’Europe puissent prendre une décision l’année prochaine ».
Membre de l’espace communautaire depuis janvier 2007, la Roumanie a toujours été la première à plaider pour un rapprochement de la République de Moldova de l’UE. Et en tant qu’Etat donateur, une fois devenue membre, la Roumanie est un contributeur net pour appuyer les pays en développement. Ceci étant, la relation avec la République de Moldova constitue une priorité spéciale, comme le signalait d’ailleurs le Centre roumain pour les politiques européennes. Cristian Ghinea, directeur de ce Centre, précise, au sujet du budget destiné à l’assistance : « La République de Moldova est le pays prioritaire pour nous. Sur le budget du ministère des Affaires étrangères, 30% sont alloués à des projets en République de Moldova, alors que nous avons aussi d’autres pays bénéficiaires. En dehors de cela, nous avons le programme de bourses pour les jeunes de République de Moldova dont nous tenons compte dans cette enveloppe, et nous avons le grand programme promis de 100 millions d’euros ».
Selon Cristian Ghinea, la Roumanie en est à l’étape d’apprentissage pour être donateur, et pour l’heure, les procédures doivent être améliorées et les efforts faits par les différentes institutions roumaines doivent être gérés par une agence. A cet effet, Cristian Ghinea a proposé qu’une entité soit créée, sous l’appellation RoAid, censée reposer sur des structures similaires qui fonctionnent dans les pays de l’Europe de l’Est. (trad.: Ligia Mihaiescu, Alex Diaconescu)