Réponses fermes aux défis sécuritaires
La récente réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN à Bruxelles a revêtu un caractère spécial, étant la première organisée après les présidentielles américaines et la dernière à laquelle John Kerry participait en tant que chef de la diplomatie américaine. Les ministres ont convenus d’une quarantaine de mesures censées mettre en pratique la déclaration commune OTAN – UE adoptée lors du sommet de juillet dernier à Varsovie.
Corina Cristea, 16.12.2016, 14:08
La récente réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN à Bruxelles a revêtu un caractère spécial, étant la première organisée après les présidentielles américaines et la dernière à laquelle John Kerry participait en tant que chef de la diplomatie américaine. Les ministres ont convenus d’une quarantaine de mesures censées mettre en pratique la déclaration commune OTAN – UE adoptée lors du sommet de juillet dernier à Varsovie.
Ce paquet de mesures vise à approfondir la coopération des deux structures dans 7 domaines, dont la lutte contre les menaces hybrides et cybernétiques, la coopération opérationnelle en mer et le développement de capacités de défense cohérentes, complémentaires et interopérables – a précisé le secrétaire général de l’Alliance Atlantique, Jens Stoltenberg : « Nous avons signé à Varsovie, en juillet dernier, une déclaration commune avec les présidents Tusk et Juncker. Je disais, à ce moment-là, que nous n’avions jamais tant réalisé ensemble. Pourtant, à présent nous ferons encore plus. Nous avons identifié une quarantaine de propositions, pragmatiques et ambitieuses, dans plusieurs domaines-clés. Pour ce qui est des menaces hybrides, nous avons convenus des mesures concrètes pour une meilleure prise de conscience et pour consolider la capacité de défense de nos nations. Nous allons améliorer notre coopération dans le domaine maritime, par l’intermédiaire d’un soutien logistique et d’un échange d’informations. Dans le domaine des menaces cybernétiques, nous allons consolider la participation à des exercices conjoints et encourager la recherche. L’OTAN et l’UE vont également renforcer leur collaboration pour développer leurs capacités de défense. Ce ne sont là que quelques exemples de la manière dont nous entendons renforcer la coopération entre l’OTAN et l’UE. »
La sécurité de l’Europe et celle de l’Amérique du Nord sont interconnectées. « Une Union européenne plus forte est synonyme d’une OTAN plus forte, et une OTAN plus forte est synonyme d’une Union européenne plus forte. La consolidation de notre partenariat stratégique est plus importante que jamais. » – estime le président Juncker. Pourquoi ? « Premièrement, nous sommes tous confrontés à de nouveaux défis et menaces sécuritaires, qui combinent moyens militaires et non-militaires d’agression, comme, par exemple, les menaces hybrides et cybernétiques ou le terrorisme. L’OTAN et l’UE ne disposent pas, à elles seules, de l’éventail d’instruments qui leur permettent de relever ces défis. Elles doivent donc coopérer. Deuxièmement, l’UE prend des mesures pour consolider la sécurité européenne. Il est important que ces démarches soient complémentaires des efforts de l’OTAN. Troisièmement, la force du lien transatlantique est vitale pour notre sécurité et des liens forts entre l’OTAN et l’UE amènent l’Amérique du Nord et l’Europe plus proches l’une de l’autre. »
La haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, a récemment annoncé le lancement d’un Fonds européen de la défense et d’une série de mesures censées aider les Etats membres de l’Union à développer la recherche, à améliorer la dépense des fonds alloués aussi bien aux capacités de défense communes qu’à la création d’une base industrielle de défense forte, compétitive et innovante.
Après 2020, la Commission européenne envisage de proposer que 500 millions d’euros soient alloués par le budget multi-annuel de l’Union à un programme de recherche dans le domaine de la défense. Présent à la réunion de Bruxelles, l’ambassadeur américain auprès de l’Alliance atlantique, Douglas Lute, a estimé qu’un nouveau conseil OTAN-Russie pourrait se tenir dans les semaines à venir. Selon les experts, le dialogue avec la Russie est essentiel, au moins pour ce qui est d’une information réciproque plus transparente sur différents exercices, vu le risque accru d’accidents, dans les conditions d’une augmentation des effectifs, de la technique et des exercices militaires à la frontière Est de l’OTAN.
En novembre dernier, à Istanbul, l’Assemblée parlementaire de l’OTAN a demandé aux gouvernements alliés d’accroître les capacités de défense de l’Alliance, de maintenir une réponse ferme aux provocations russes et d’améliorer leur coopération dans la lutte contre le terrorisme. L’OTAN doit renforcer sa force de dissuasion en augmentant les effectifs déployées dans les pays baltes, en Pologne et en Roumanie, en envoyant de l’équipement et en investissant dans l’infrastructure, afin de permettre, par la suite, un déplacement rapide de ses troupes, en cas de besoin, – a souligné Michael Turner, membre du Congrès américain et président de l’Assemblé parlementaire de l’OTAN jusqu’à la réunion d’Istanbul. Son nouveau président, l’Italien Paolo Alli, a lancé un appel à l’unité face aux défis qui se font jour dans le contexte sécuritaire actuel. De son côté, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a demandé aux alliés de redoubler d’efforts pour atteindre l’objectif d’allouer à la défense 2% du PIB. Si les alliés européens et le Canada respectaient le seuil de 2%, cela apporterait une centaine de milliards de dollars à la défense, ce qui améliorerait la capacité militaire de l’OTAN – a expliqué Jens Stoltenberg.