Que faire pour empêcher les conséquences les plus dramatiques du changement climatique ?
L’intervention humaine est urgente et indispensable
pour empêcher un réchauffement climatique catastrophique, tirent à l’unisson la
sonnette d’alarme d’éminents chercheurs mondialement reconnus dans le domaine, dans
un rapport récemment publié par l’ONU. Un document issu de l’analyse de pas
moins de 18.000 articles scientifiques et une seule conclusion : nous nous
sommes déjà dangereusement approchés du point de non-retour, au-delà duquel le
changement climatique devient irréversible et ses conséquences terribles se
déclenchent en cascade.
Corina Cristea, 01.07.2022, 13:21
L’intervention humaine est urgente et indispensable
pour empêcher un réchauffement climatique catastrophique, tirent à l’unisson la
sonnette d’alarme d’éminents chercheurs mondialement reconnus dans le domaine, dans
un rapport récemment publié par l’ONU. Un document issu de l’analyse de pas
moins de 18.000 articles scientifiques et une seule conclusion : nous nous
sommes déjà dangereusement approchés du point de non-retour, au-delà duquel le
changement climatique devient irréversible et ses conséquences terribles se
déclenchent en cascade.
Invitée sur les ondes de Radio Roumanie, Roxana
Bojariu, docteur en physique globale et chef du groupe de recherche sur le
changement climatique à l’Administration météorologique nationale, nous parle
de l’existence de cette dernière fenêtre d’opportunité que nous avons encore pour
pouvoir arrêter, à la fin de ce siècle, la hausse de la température moyenne
mondiale à 1,5° Celsius par rapport au niveau préindustriel.
Roxana Bojariu : « Pour
tirer profit de cette fenêtre d’opportunité, encore faudrait-il que le pic
d’émissions de gaz à effet de serre soit atteint dans deux à trois ans maximum.
Elles devraient chuter fortement au long des années 2030 – 2040, pour que l’on
atteigne la neutralité climatique au début des années 2050. Si nous laissons la
hausse des températures dépasser 2 degrés Celsius, la neutralité sera pour
2070. Mais sachez que chaque dixième de degré en plus, ce n’est pas anodin.
C’est énorme en termes de vagues de sécheresse, de vagues de chaleur, de tempêtes,
d’augmentation du niveau des mers. Mais sachez qu’en dépit des nouvelles
inquiétantes qui nous parviennent de toutes parts, on entrevoit aussi de
petites lueurs d’espoirs, et c’est nouveau. Prenez les données sur les
émissions des gaz à effet de serre de la dernière décennie. Certes, l’on
constate un pic en termes d’émissions, mais l’on constate aussi que la courbe de
la hausse des concentrations s’infléchit. Les émissions augment encore, mais
d’une manière de moins en moins soutenue, ce qui nous permet de caresser l’espoir
que l’on pourrait atteindre un pic historique autour de 2025, avant que les
émissions baissent enfin et diminuent ensuite régulièrement et systématiquement.
Cela nous permettrait d’atteindre l’objectif du Traité de Paris. Autre bonne
nouvelle : des dizaines de pays ont réussi à réduire leurs émissions de
gaz d’environ 4% chaque année au cours de la dernière décennie. Il est vrai :
ce sont des pays développés. Et l’on arrive là au vieux débat sur les capacités
différentes à faire face au changement climatique des pays développés et des
pays moins développés, dotés d’économies fort fragiles. Et l’un des problèmes
est de savoir comment amener ces derniers sur cette voie de la baisse des
émissions. Enfin, autre bonne nouvelle : l’amélioration du taux de
rentabilité du renouvelable. Par exemple, le photovoltaïque est devenu environ
85% moins cher au cours des dix dernières années, la technologie éolienne est
également devenue moins chère de plus de 50%. Ces sont d’éléments significatifs. »
Le rapport de l’ONU examine également ce que les
gens peuvent faire pour éviter les pires dommages au climat. Selon les auteurs,
la première et la plus évidente des solutions consiste à arrêter les émissions
de dioxyde de carbone, en particulier dans les secteurs de l’énergie et des
transports. Le chauffage devient si dangereux maintenant, disent-ils, que nous
devons développer des méthodes pour extraire le carbone de l’atmosphère, et
même l’enfouir sous terre ou lui trouver de nouvelles utilisations. L’intérêt
public est de passer au plus vite aux énergies vertes, plaide à l’envie Roxana
Bojariu, pour faire réussir cette transition écologique, tout en préservant le développement
économique. Mais pour cela il faudrait former le milieu académique et impliquer
l’ensemble de la société, le milieu d’affaires, les citoyens, jusqu’aux collectivités
locales.
Roxana Bojariu : « Il faut
abandonner les énergies fossiles. Nous devons cesser d’investir dans de
nouvelles capacités de production, d’extraction et d’utilisation. On voit que
ces énergies fossiles, inégalement réparties dans le monde, favorisent les
conflits, car il existe, comme on le voit, des moyens de pression
géostratégique des pays qui détiennent ce type de ressources à l’encontre des pays
utilisateurs. Donc, finalement, même s’il s’agit d’un passage difficile, aux conséquences
économiques passagères, plus on se débarrasse tôt des énergies fossiles, mieux il
vaudra pour l’environnement, pour le système climatique, mais aussi d’un point
de vue géopolitique, pour faire baisser le risque de conflits à l’échelle planétaire. »
Mais les nouvelles inquiétantes ne proviennent pas
seulement de l’ONU. Des recherches publiées dans la revue Nature prédisent par
exemple que près de 20.000 nouveaux événements de transmission virale entre
espèces pourraient se produire d’ici 2070, en raison tout simplement de la
réorganisation de la distribution des mammifères, provoquée par le changement
climatique, dans le cadre d’un scénario de réchauffement climatique à deux
degrés. Car le réchauffement climatique force la faune à déplacer ses habitats,
souvent vers des zones à forte concentration humaine, augmentant ainsi le
risque de propagation de nouveaux virus qui pourraient muter des mammifères à
l’homme et conduire vers d’autres pandémies. Une autre étude, parue dans la
revue Science, rappelle que la dernière extinction massive sur la Terre s’était
produite au Crétacé, lorsqu’une météorite et l’activité de certains volcans avaient
presque détruit la vie sur notre planète. Soixante-cinq millions d’années plus
tard, l’être humain pourrait être témoin, après l’avoir provoquée, d’une
nouvelle extinction de masse, celle des océans. Car il est certain que, si le
changement climatique n’est pas stoppé rapidement, l’effet de serre, qui fait
monter la température des océans et les appauvrit en oxygène, ajouté à la
destruction des habitats, à la surpêche et à la pollution côtière, mettra fin à
la vie marine. (Trad. Ionuţ Jugureanu)