Progrès importants dans la lutte contre la corruption
Longtemps pointée du doigt pour son niveau de corruption élevé et surveillée par Bruxelles depuis une dizaine d’années, la Roumanie a eu droit en 2016, pour la troisième année d’affilée, à un rapport positif de la part de la Commission européenne, dans le cadre du Mécanisme de coopération et de vérification. Le document confirme les progrès continus et constants de Bucarest dans tous les domaines évalués, ce qui prouve le caractère durable de la réforme en matière de justice et de lutte contre la corruption, affirment les autorités de Bucarest. Le récent rapport réalisé par l’ONG Transparency International représente une confirmation supplémentaire en ce sens.
Corina Cristea, 05.02.2016, 14:15
Dans une interview à Radio Roumanie, Iulia Coşpănaru, adjointe au directeur de la filiale roumaine de Transparency International, a parlé de l’évolution de l’indice de perception de la corruption : « Les résultats de cette année sont réjouissants. La Roumanie a obtenu un score de 46 points sur une échelle allant de 0 (perçu comme fortement) à 100 (perçu comme très peu corrompu). Ce n’est pas la note proprement-dite qui satisfait, mais la tendance qu’elle reflète. En effet, la Roumanie a grimpé de 3 points par rapport aux années précédentes. Dans le classement général, qui prend en compte 168 pays à travers le monde, elle occupe la 58e place, alors qu’en 2015 elle se situait en 69e position. Cela revient à dire que l’on assiste à une amélioration. »
L’indice de perception de la corruption regroupe plusieurs sources internationales, dont les rapports de l’ONU ou de la Banque mondiale. L’évaluation repose y compris sur les sondages, mais sa principale source reste la perception des investisseurs ou des citoyens étrangers souhaitant s’installer en Roumanie, celle du public roumain, des ONGs internationales ou des organisations publiques internationales. Dans le cas de la Roumanie, 9 sources ont servi à établir la valeur de cet indice, donc un nombre trois fois plus grand que le minimum requis. Selon le rapport anticorruption dressé par l’Exécutif européen, 25% des Roumains ont affirmé, en 2015, avoir été confrontés à la corruption sous forme de pots-de-vin. C’est un pourcentage très élevé, par comparaison avec la moyenne européenne de 4%.
Iulia Coşpănaru : « Quand on parle de corruption, on ne se réfère pas aux seuls pots-de-vin. Ces derniers ne représentent qu’un des multiples volets de la corruption, peut-être celui auquel les gens sont confrontés le plus souvent, mais on ne saurait oublier d’autres aspects, tels l’abus de fonctions ou l’usage frauduleux de fonds publics, autant de sources considérables de revenus qui viennent s’ajouter à la rémunération due à celui qui occupe un certain poste. Bref, ces indices de perception de la corruption doivent partir d’une définition plus large du phénomène, compris comme le fait d’abuser du pouvoir qu’on nous a confié afin d’obtenir des avantages supplémentaires. La mise en relation de l’indice de perception de la corruption avec celui de développement humain révèle que toute amélioration du premier impacte positivement le second. »
Reste à voir, dans les années à venir, si les efforts déployés par les autorités de Bucarest pour combattre la corruption s’inscrivent dans la durée, précise Transparency International. La Roumanie se doit d’aller plus loin, de dépasser l’étape des jugements, pour récupérer aussi les préjudices découlant des faits incriminés et faire en sorte que l’argent volé au budget public retourne aux citoyens.
Voici les propos de Victor Alistar, directeur exécutif de Transparency International Roumanie: « L’important c’est de prévenir, d’instaurer une culture de l’intégrité, d’établir des règles claires et nettes, ainsi que des leviers pour trouver des solutions en cas de violation de ces règles. Tout cela de sorte que vous soyez perçu comme étant une personne ou une institution correcte par vos partenaires, quels qu’ils soient, depuis les partenaires d’affaires jusqu’à la société civile dans son ensemble, aux gens qui écrivent sur leur page Facebook ou aux auditeurs de la radio publique. Voilà les domaines qu’un pays doit prendre en compte. Il existe, à cet effet, des solutions techniques très concrètes: uniformiser, simplifier et rendre plus prédictibles les procédures administratives, éliminer les traitements discrétionnaires, autrement dit ne plus pratiquer le « deux poids deux mesures ».
Traiter inégalement des situations égales cela risque de conduire à la vulnérabilité devant l’abus de fonctions. Or, l’abus de son pouvoir public à des fins privées relève de la corruption, conclut Victor Alistar. (Trad. Mariana Tudose )