Priorités de Bucarest pour les Roumains vivant à l’étranger
Après 1989, les relations avec les Roumains vivant à l’étranger se sont constamment retrouvées au cœur des préoccupations des autorités de Bucarest. Cela s’explique tant par le renforcement des rapports bilatéraux avec les pays accueillant des communautés roumaines, que par le fait que la protection des droits des minorités nationales est devenue une priorité permanente aussi bien des gouvernements roumains successifs que des institutions européennes.
Corina Cristea, 11.08.2017, 13:29
Après 1989, les relations avec les Roumains vivant à l’étranger se sont constamment retrouvées au cœur des préoccupations des autorités de Bucarest. Cela s’explique tant par le renforcement des rapports bilatéraux avec les pays accueillant des communautés roumaines, que par le fait que la protection des droits des minorités nationales est devenue une priorité permanente aussi bien des gouvernements roumains successifs que des institutions européennes.
Ainsi, la préservation, le développement et l’affirmation de l’identité ethnique, linguistique, culturelle et religieuse des Roumains vivant hors des frontières nationales ont-elles compté, ces trois dernières décennies, parmi les objectifs stratégiques de politique étrangère de la Roumanie. “Le nouveau ministère en charge de la relation avec les Roumains de l’étranger s’est fixé des objectifs ambitieux. Il va essayer de dépasser le modèle du travail par les seuls projets menés avec les associations de la diaspora et d’adapter la thématique en fonction des particularités de chaque communauté” — faisait savoir, en début de mandat, la ministre de tutelle, Andreea Păstârnac.
Chaque communauté a ses propres problèmes, extrêmement importants, parfois vitaux, comme c’est le cas des Roumains qui vivent dans les pays avoisinants ou au Royaume-Uni, précisait la ministre. Elle plaidait, en outre, en faveur d’un dialogue entre ces communautés, permettant d’échanger leurs expériences et d’identifier les projets qui méritent d’être pris pour modèles.
Invitée au micro de Radio Roumanie, quelques mois après sa prise de fonction, la ministre Andreea Păstârnac a passé en revue les problèmes qui se posent devant la diaspora roumaine : « Quand on parle des Roumains de l’étranger, qui représentent un tiers de la population active du pays, on parle d’une multitude de problèmes et de problématiques. Il y a tout d’abord la question identitaire, autrement dit ce qui nous définit en tant que Roumains, et bien sûr la question de la langue. Ensuite, nous nous penchons sur les droits de nos ressortissants, dont la plupart sont partis travailler à l’étranger. Nous sommes surtout préoccupés par le sort des nombreux Roumains du Royaume-Uni, car le Brexit ne sera pas sans affecter leur statut professionnel, social, leur place sur le marché de l’emploi. Ce qui pire est, c’est qu’ils ne sont pas les seuls Roumains de l’étranger dont les droits péricliteront. Il importe donc de poursuivre les campagnes, menées conjointement avec les ministères de l’Emploi, de l’Intérieur et des Affaires étrangères, afin d’informer les ressortissants roumains sur leurs droits. Ils doivent savoir qu’ils n’ont pas à renoncer à leurs droits pour se faire respecter des autres. »
Il est difficile d’établir le nombre total des Roumains partis travailler à l’étranger. Toutefois, selon les données fournies par les Etats membres de l’UE et suivant certaines études menées à ce sujet, il s’agit de plusieurs millions de personnes. La plupart d’entre eux ont choisi comme pays de destination l’Italie ou l’Espagne, suivies par le Royaume-Uni. D’après Andreea Păstârnac, le principal problème auquel est confronté son ministère c’est que bien des enfants roumains nés dans d’autres pays n’apprennent plus le roumain : « Nous nous sommes proposé d’appuyer les associations de bénévoles et les écoles paroissiales où l’on enseigne le roumain à titre volontaire. D’autant plus que très peu de jeunes scolarisés, surtout dans les deux grands pays européens où vivent les communautés roumaines les plus nombreuses, réussissent à maîtriser le roumain. Voilà pourquoi, nous nous appliquons, au travers d’un projet conjoint avec le ministère de l’Education nationale, à faire en sorte que l’abécédaire, c’est-à-dire le livre élémentaire servant à apprendre la langue, parvienne à ces écoles tant sous sa forme consacrée, qu’en format numérique. Je dirais que c’est là une nécessité, car, dans bien des cas, les jeunes apprennent à lire en s’aidant des pages télécopiées par le bénévole, qui fait de son mieux pour leur donner un coup de main. »
Le ministère de la relation avec les Roumains de l’étranger envisage d’élaborer le programme d’enseignement de la langue maternelle à l’intention des jeunes de la diaspora. Un instrument utile pour les écoles dominicales ou de fin de semaine activant auprès des églises et au sein des associations représentatives des Roumains de l’étranger. (trad. : Mariana Tudose)