Position difficile pour l’OTAN?
La baisse des investissements dans le domaine de la recherche et du développement pour la Défense risque de placer l’OTAN dans une position embarrassante, surtout du point de vue de ses rapports avec la Russie et la Chine. C’est ce à quoi concluait le document présenté par le rapporteur général Thomas Marino, lors de la récente session de l’Assemblée parlementaire de l’Alliance nord-atlantique, organisée à Bucarest. Il y dressait un parallèle entre la situation des deux grandes puissances de l’Est et celle des pays membres de l’OTAN, en attirant l’attention sur le fait que l’avantage technologique de l’organisation est en train de s’éroder. Des changements majeurs se font jour dans les secteurs de la science et de la technologie, tandis que certaines tendances risquent de troubler l’équilibre stratégique en matière de production, sur le court terme et d’intelligence artificielle sur le long terme, estime Thomas Marino.
Corina Cristea, 03.11.2017, 13:01
Et lui d’affirmer que, pour l’heure, l’OTAN n’est pas prête à relever ces défis. Une des principales raisons à cela réside en ce que certains pays membres investissent peu dans la recherche et le développement pour la Défense. Du côté russe, comme de celui chinois, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Entre 2012 et 2015, Moscou a doublé l’enveloppe impartie à ces domaines, tandis que le budget que Pékin leur consacre dépassera d’ici 2022 celui de Washington, lequel supporte à présent deux tiers des dépenses totales de l’OTAN. En quoi ces données sont-elles importantes? Une possible réponse à cette question est à retrouver dans le rapport de la Commission politique de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN.
Elle y mentionne le fait que la Russie renforce ses capacités militaires et étend ses actions à la frontière orientale de l’OTAN, mettant ainsi pression sur l’espace euro-atlantique.
Invité au micro de Radio Roumanie, Vergil Chiţac, chef de la délégation roumaine à l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, brosse le tableau géo-stratégique de la zone : « Il est évident qu’avec l’annexion de la Crimée par la Fédération russe, en 2015, le calme installé dans la région il y a un quart de siècle, à la fin de la guerre froide, a pris fin. La Russie est actuellement un acteur mécontent de la place qu’on lui réserve dans le contexte géopolitique mondial. Selon Moscou, les grandes puissances devraient avoir droit au chapitre dans leur zones d’hégémonie. Après l’annexion de la Crimée, toute une série d’actions provocatrices ont été déclenchées contre l’Alliance nord-atlantique. La militarisation de la CrImée en est une. A la fin de l’exercice militaire « Caucase 2016 », le chef de l’Etat major de l’armée russe, le général Gherasimov, déclarait et je cite de mémoire La Russie maîtrise en totalité le bassin de la mer Noire et elle est capable d’anéantir toute cible dès le lancement de l’engin, fin de citation. La militarisation de la Crimée se veut l’expression de la capacité russe croissante à l’Est de la Méditerranée. Par ailleurs, nous assistons maintenant à une présence active de la Russie dans la zone de conflit Syrie-Irak. La militarisation de la Crimée mise à part, la déstabilisation de l’Ukraine et les exercices militaires provocateurs témoignent eux aussi d’une présence russe active dans les Balkans occidentaux. Moscou fait tout ce qui est en son pouvoir pour entraver l’adhésion à l’UE des pays de la région. Et la Russie use des moyens les plus divers pour y parvenir – elle leur octroie des prêts, met en place des projets énergétiques ou bien fait naître des sentiments anti-occidentaux, surtout en Serbie. Enfin, on ne saurait oublier de mentionner la guerre asymétrique, la propagande, les rumeurs. Bref, par tous ces agissements, Moscou vise à fragiliser l’Alliance, à diviser voire déstructurer l’Europe. »
La sécurité dans la région de la mer Noire et la menace russe ont été les thèmes les plus souvent mentionnés dans les discours des intervenants lors de l’Assemblée parlementaire de l’Alliance nord-atlantique tenue à Bucarest. Le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenber, a remercié la Roumanie pour ses contributions à la défense collective. L’OTAN tient ses engagements et s’adapte aux nouveaux défis et à la nouvelle menace sécuritaire, a-t-il précisé. Dans le contexte de la guerre de l’information menée par la Russie, Jens Stoltenberg a parlé de la liberté de la presse en ces moments où, je cite « nous sommes la cible de certaines actions d’interférence ou de désinformation, venues de l’extérieur », fin de citation. Nous sommes préoccupés par l’ascension militaire russe aux confins de l’Alliance et par le manque de transparence des exercices militaires organisés cette année – a encore déclaré Jens Stoltenberg.
Et lui de souligner que l’Alliance ne souhaite ni l’isolement de la Russie ni une nouvelle guerre froide. Se référant lui aussi à la menace russe, le président roumain, Klaus Iohannis, a plaidé en faveur de la consolidation du flanc oriental de l’OTAN. Il a également souligné la nécessité de renforcer le partenariat nord-atlantique et celui de l’OTAN avec l’UE, étant donné la détérioration du climat sécuritaire et assuré que la Roumanie resterait un allié digne de confiance. (Trad. Mariana Tudose)