Mobilisation européenne face à crise migratoire
L’Europe ne refoulera «jamais ceux qui ont besoin de protection» a assuré le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans. Il a appelé les Etats membres à demeurer fidèles aux valeurs d’humanité de l’Europe face à ce qu’il a appelé une crise mondiale. La déclaration survient alors que le vieux continent se confronte au plus grand afflux d’immigrants depuis la Seconde guerre mondiale. Beaucoup d’entre eux fuient leurs pays dévastés par la guerre – et c’est la cas de la Syrie et de l’Afghanistan – risquant leur vie pour arriver en Occident.
Corina Cristea, 04.09.2015, 14:14
L’Europe ne refoulera «jamais ceux qui ont besoin de protection» a assuré le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans. Il a appelé les Etats membres à demeurer fidèles aux valeurs d’humanité de l’Europe face à ce qu’il a appelé une crise mondiale. La déclaration survient alors que le vieux continent se confronte au plus grand afflux d’immigrants depuis la Seconde guerre mondiale. Beaucoup d’entre eux fuient leurs pays dévastés par la guerre – et c’est la cas de la Syrie et de l’Afghanistan – risquant leur vie pour arriver en Occident.
La chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, François Hollande, se sont prononcés d’une seule voix pour un système unifié de droit d’asile et ils ont demandé à l’Italie et à la Grèce d’ouvrir de toute urgence des centres d’accueil et d’enregistrement des réfugiés. Dans ces centres, les réfugiés qui satisfont aux critères pour se voir accorder l’asile devraient être séparés des migrants économiques, venus en Europe en quête d’une vie meilleure, ces derniers devant être renvoyés dans leurs pays. Aucun de ces centres destinés à différencier les migrants relevant du droit d’asile des autres n’a vu le jour depuis que leur création a été décidée fin juin. A l’issue de ses pourparlers avec le président français, François Hollande, la chancelière a souhaité que «la mise en place des centres d’enregistrement dans les pays de première entrée, donc la Grèce et l’Italie» ait lieu dès «cette année». « Il y a eu des moments dans notre histoire où nous avons été confrontés à des situations exceptionnelles. Aujourd’hui nous avons une telle situation et elle va durer » – ajoutait le chef de l’Etat français.
Près de 300.000 migrants illégaux sont arrivés sur le continent européen depuis le début de l’année, ce qui a créé une crise humanitaire sans précédent. Aux réfugiés provenant de zones de conflit, telles le Proche Orient ou l’Afghanistan, s’ajoutent ceux qui arrivent des pays africains, en quête d’une vie meilleure en Europe. Ils profitent du chaos qui règne en Libye pour transiter ce pays et traversent ensuite la Méditerranée, se dirigeant notamment vers la Grèce et l’Italie. Les Syriens et les Afghans utilisent, eux, un autre trajet : ils traversent la Turquie et ensuite une partie de la mer Egée, pour se diriger vers des îles grecques. Alors qu’en Grèce et en Italie débarquent des migrants arrivant de l’extérieur de l’Europe, l’Allemagne est confrontée, elle, à une vague de réfugiés qui choisissent un trajet balkanique. Elle s’attend à accueillir plus de 800.000 avant la fin de l’année.
Dans une interview à la radio publique roumaine, l’historien Dorin Matei estimait que l’Europe doit se mobiliser pour trouver une solution. A son avis, malheureusement, les solutions appliquées jusqu’ici sont toujours celles d’il y a 1.500 ans, trouvées par les empereurs de Chine ou de l’Empire romain, qui ont fait bâtir des murailles. Les empereurs chinois ont bâti la Grande Muraille, les empereurs romains le mur de Trajan en Roumanie, le mur d’Hadrien en Ecosse et en Angleterre. Ces solutions n’ont pas été efficaces. Elles ont arrêté pour un moment la vague de migration, mais jusqu’à la fin, cette vague a quand même déferlé sur l’Europe. Les Européens semblent pris au dépourvu par cette vague. Dorin Matei espère qu’ils trouveront une solution, car autrement la situation risque de devenir inextricable. Pour l’instant, Bruxelles promet, par exemple, d’aider la France à faire face à la vague de migrants qui tâchent d’atteindre le Royaume Uni et prend en compte la création, en Hongrie, d’un « point chaud » pour la gestion des flux migratoires. Pour cela, il faut pourtant que tous les Etats membres collaborent.
La correspondante de la Radio roumaine à Bruxelles, Cerasela Rădulescu, explique : « Le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, qui a visité le camp de réfugiés de Calais, a plaidé une fois de plus pour la participation des 28 Etats membres, y compris de ceux qui ne sont pas confrontés à la crise migratoire. Frans Timmermans a fait savoir que la Commission européenne soutenait les pays d’arrivée des migrants, en y envoyant des équipes des agences européennes impliquées dans l’enregistrement et l’identification des demandeurs d’asile et le renvoi de ceux qui ne remplissent pas les conditions. Le responsable de la Commission européenne affirme également que l’on a besoin d’un mécanisme permanent de distribution des demandeurs d’asile – susceptible d’être activé à chaque nouvelle situation de crise – ou de les reloger. »
Une première réunion au sommet consacrée à l’immigration a été convoquée d’urgence à Bruxelles le 14 septembre et elle rassemblera les ministres de l’Intérieur de l’UE. Le ministre luxembourgeois de l’Immigration et de l’Asile, Jean Asselborn, dont le pays assure la présidence de l’UE, a convoqué cette réunion pour évaluer la situation sur le terrain et les actions politiques en déroulement ainsi que pour examiner de nouvelles initiatives censées consolider la réponse européenne à la crise de la migration. Tout cela dans les conditions où la présidence de l’UE reconnaît, dans un communiqué, que ce phénomène a pris des proportions inouïes. (Trad.:Dominique)